« Le Ramadhan à peine commencé, voilà qu'on doit faire face encore aux dépenses cumulées de l'Aïd et de la rentrée scolaire. Nous sommes désorientés et on se demande à quelle fête nous allons être sacrifiés !», se sont lamentées des mères de famille rencontrées, hier, dans un magasin de vêtements pour enfants de la rue Larbi Ben M'hidi. En effet, les dix premiers jours du mois de Ramadhan à peine passés, voilà que le citoyen, déjà soumis à rude épreuve, doit faire face à d'autres échéances qui pointent et qui exigent de lui qu'il doit mettre encore la main à la poche. « On se demande comment nous allons parvenir à amortir les trois crashs financiers représentés par le Ramadhan, l'Aïd et la rentrée scolaire qui arrivent en même temps ! », commentent, non sans humour, des citoyens rencontrés dans un autre magasin où l'on propose des articles d'importation à des prix prohibitifs, notamment des ensembles pour enfants proposés à partir de 2.750 dinars. « Imaginez que j'ai quatre enfants âgés de six à dix ans et vous comprendrez ma peine. C'est à contrecœur et non sans douleur que je suis obligée de régler la somme demandée par le marchand», se plaint une autre mère de famille. Au marché populaire de vêtements et de chaussures de R'cif, les marchands interrogés pensent que «les choses ont toujours été comme ça: le client ne cesse de se plaindre de la cherté». Selon l'un d'eux, la production nationale étant au point mort, tout ce qui est exposé est d'importation. Se défendant de pratiquer des prix élevés, le même commerçant ajoute que le marchand ne prend qu'une marge bénéficiaire de 30% sur le prix de gros. Voilà un bref aperçu de la saignée que vont subir les bourses des ménages qui ont entrepris, quoique timidement, les préparatifs de la rentrée scolaire, en ce début de semaine. Pour le moment, seuls les tabliers ont fait leur apparition sur les étals où, cette fois-ci, la production nationale domine. «Oui, ce n'est pas comme l'année passée où la décision du ministère de l'Education nationale est arrivée tardivement», rappelle un grossiste de Rahbet Ledjmel. «Cette année on trouvera le tablier de tout âge en abondance car le tissu est disponible à l'avance et les ateliers de confection travaillent à plein rendement. Et par rapport à l'année passée, les prix vont être divisés par deux», assure-t-il, avant d'affirmer que les prix au détail du tablier varient entre 300 et 350 dinars. Un saut fait dans les places commerçantes du centre- ville nous révéla bien que les prix de détail du tablier scolaire, le seul article qui soit mis sur le marché actuellement, sont au-dessus des prix avancés par le grossiste. De 6 à 10 ans, le tablier, rose ou bleu, est proposé à 420 et 440 dinars l'unité suivant les modèles et les prix pratiqués par les marchands visités, de 12 à 15 ans entre 500 et 550 dinars. Les marchands ont été unanimes à déclarer que le marché vient de démarrer timidement et ils invoquant pour justifier cela les raisons économiques évoquées plus haut. «Le pouvoir d'achat du citoyen ordinaire s'affaiblit de plus en plus», estime un marchand qui évoque tout à la fois le chômage qui sévit à cause de la disparition des entreprises économiques et la coïncidence de plusieurs événements. Les commerçants prévoient que les choses commenceront à bouger soit durant les derniers jours du Ramadhan, après l'Aïd ou encore après la rentrée scolaire.