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Les auditions des ministres: Comment ça se passe
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 30 - 08 - 2010

«Nous ne comprenons pas pourquoi les journalistes s'acharnent-ils à faire croire que nous ne sommes pas reçus par le chef de l'Etat pour des séances d'audition ?»
C'est la question que s'est posé un ministre en réaction à des articles de presse affirmant que le président de la République ne reçoit pas «physiquement» les ministres, mais que ces derniers se contentent de déposer leur rapport au secrétariat de la présidence qui se charge, lui, de rédiger le communiqué portant instructions du président. «Faux !» dit le ministre qui donne des précisions sur le déroulement des séances d'audition. Conforté dans ses propos par d'autres ministres présents à cette rencontre amicale, notre interlocuteur nous explique que «lorsqu'un ministre est convoqué pour être auditionné par le président de la République, il doit se présenter avec en main le rapport consignant tout ce qui a été réalisé durant l'année écoulée, dans le secteur qu'il dirige.» Il notera que «non seulement le ministre est reçu par le chef de l'Etat en personne mais à la séance d'audition, participent d'autres ministres dont le secteur est en interaction avec le secteur examiné. Toutes les séances d'audition se déroulent en présence du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qui, nous dit-on «comme son nom l'indique, (il) gère les affaires intérieures et locales du pays, son ministère collabore avec l'ensemble des secteurs d'activités, il est donc tenu d'assister à toutes les auditions.»
L'on souligne que jusque-là, la plus longue séance d'audition a été celle de la ministre de la Culture, Khalida Toumi. «Elle a duré de 10h 30 à 20h 15,» nous dit un ministre. Un autre enchaîne «il y a eu un grand débat autour du secteur, des ministres conviés à cette audition ont posé des questions, le tout s'est achevé après l'heure de la rupture du jeûne.»
Les présents ont eu droit, selon lui, à un peu de lait et de dattes pour rompre le jeûne. Et, ajoute-t-il «contrairement à ce qui est rapporté dans les journaux, le ministre auditionné expose les grands axes de son rapport au président qui lui pose beaucoup de questions et fait un tour de table pour permettre aux autres ministres présents de poser des questions à leur collègue et de débattre de tout ce qui est lié au secteur examiné.» Nos interlocuteurs ne manquent pas de faire remarquer que «le président prend tout son temps pour décider de la fin d'une audition.» L'on dit que lors de l'audition de la ministre de la Culture «il était imperturbable, il ne manifestait aucun signe de fatigue ni d'énervement.» Il est clair que les débats engagés sur les secteurs sont d'ordre technique. «L'on demande au ministre auditionné si les projets engagés sont achevés dans les temps requis, si les moyens financiers alloués ont suffi à ce qui a été programmé comme réalisations, qu'elles en ont été les contraintes, enfin, tout ce qui est supposé relever de la gestion technique des secteurs d'activités.» Il n'est donc pas question de «revoir» le mode de gouvernance régissant les secteurs.
L'on affirme cependant, que «le président de la République a eu à plusieurs reprises à remettre en place des ministres, à leur faire des remarques désobligeantes, à leur reprocher de ne pas faire vite et bien dans la réalisation des programmes.» Aucun des ministres rencontrés ne s'est prononcé sur le fait que Bouteflika n'a, à aucun moment abordé les scandales qui ont entachés un certain nombre d'activités. L'on glisse à qui veut l'entendre que «les scandales dont la presse a fait état, sont tous entre les mains de la justice, diligence de l'enquête oblige, personne n'a le droit de se prononcer sur ce sujet avant que ne soit rendu le verdict.»
Il semble que le premier magistrat du pays -si l'on en croit certaines sources- «ne veuille pas montrer aux membres du gouvernement «ou à qui que ce soit d'autre» que les scandales «jetés» à l'opinion publique «sans son aval, bien sûr, comme celui de Sonatrach» ne l'inquiètent pas outre mesure. «Dans pareils cas, il a toujours eu beaucoup de sang-froid. Il ne réagit pas avec fracas. Il a ses méthodes…»: disent ceux qui le connaissent. Les uns dans les autres, ces propos cachent mal une intention de placer, «et les nombreux scandales qui ont éclaté et la manière dont ils ont été rendus publics et les objectifs visés à travers la trame de ce schéma…,» dans un contexte politique appelé à être soumis à des redressements, des recentrages ou des changements que seul le président de la République en connaît la nature, la nécessité ainsi que l'opportunité.
Le remaniement du gouvernement qu'il a entrepris, le 27 mai dernier, pourrait en porter des signes révélateurs. Les nouvelles et tristes évolutions de la gestion du dossier des disparus pourraient en être d'autres. Dossier qui, faut-il le rappeler, a lourdement pesé dans la décision du chef de l'Etat, de décréter en 2006, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.


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