Les services de sécurité sont mis, depuis deux jours, en alerte extrême en raison d'informations faisant état de risque d'attentats terroristes dans la capitale. Toutes les entrées de la capitale sont bloquées par de terribles encombrements provoqués par la masse de véhicules qui affluent vers les alentours de l'Algérois. Les barrages de gendarmerie mis en place sur des tronçons d'autoroute ceinturant la capitale ont décidé de rétrécir davantage les voies de circulation pour pouvoir contrôler minutieusement les véhicules de passage. Hier, les usagers de l'autoroute de l'ouest d'Alger ont vécu le calvaire. Ceux qui rejoignaient l'autoroute par des sorties et bretelles menant de Cheraga, de la Bridja (Sidi Fredj) ou des contrées avoisinantes, avaient l'impression de tomber dans un guet-apens. Ils se retrouvaient coincés dans un embouteillage sans pareil. Le décor était hallucinant. Les véhicules, pare-chocs contre pare-chocs, avançaient en vitesse zéro vers un goulot d'étranglement mis en place par le barrage de gendarmerie en service permanent à ce niveau. Les gendarmes étaient imperturbables et semblaient trouver un malin plaisir à faire passer les véhicules dans une espèce d'entonnoir qu'ils ont eu l'idée de fabriquer en plaçant les cônes en plastique là où ils ont voulu. «Pourquoi ça ne roule pas ?» demande un automobiliste à ceux qui, en colère, sont descendus de leurs voitures pour s'enquérir de la situation. «C'est un simple barrage de gendarmerie qui fait des siennes,» lui a répondu un d'entre eux. Il faut noter que ces embouteillages «sécuritaires» ont commencé samedi en fin d'après-midi. En effet, l'axe menant d'Alger vers Zéralda était hier, bouché par les véhicules parce que les gendarmes ont décidé de soumettre à la fouille plusieurs d'entre eux. C'est d'ailleurs ce qu'ils faisaient aussi hier matin. Ils arrêtaient des voitures, demandaient aux conducteurs leurs papiers, d'ouvrir le coffre, le capot pour contrôler le moteur, de soulever même les tapis de l'intérieur du véhicule. Les agents de sécurité placés au niveau des complexes touristiques et d'autres structures de l'Etat, ont été eux aussi, instruits pour fouiller minutieusement les véhicules qui y entraient. «Pourquoi cette soudaine fouille, y aurait-il un problème ?» avions-nous demandé à un agent de sécurité. «Comme si un vent s'est mis à souffler, tous les agents de sécurité ont été instruits pour procéder à la fouille des véhicules, l'instruction doit s'appliquer de Tizi Ouzou à ici (Alger),» nous a-t-il répond sur un ton quelque peu effrayé. Alerte rouge dans l'Algérois Si les barrages de police et de gendarmerie et les encombrements qu'ils provoquent sont devenus légion sur les axes autoroutiers menant à l'entrée et à la sortie d'Alger, ce qui se passe depuis deux jours au niveau des sorties d'autoroute, notamment celle de l'ouest d'Alger inquiète outre mesure de par la densité du trafic routier que les services de sécurité provoquent. Hier, les automobilistes ont passé sans exagération trois heures moins le quart pour aller de la sortie de la Bridja à la bretelle menant à Club des Pins. «Les services de sécurité sont mis en alerte rouge depuis deux jours parce qu'ils ont reçu des lettres anonymes faisant état de risque d'attentats terroristes dans la capitale et les environs,» nous a dit un haut responsable d'une importante institution de l'Etat. Bien qu'évoquant le risque d'attentats terroristes comme cause de ces encombrements de véhicules, le responsable en question n'a pas caché son étonnement quand à l'utilité de ces barrages permanents et leur manière de contrôler le trafic routier. «Il y a longtemps que les institutions responsables de la lutte antiterroriste ont promis de faire un bilan de ces barrages, d'en connaître les résultats et l'efficacité sur le plan sécuritaire mais à ce jour rien n'a été fait,» a-t-il dit. Il faut croire que les instances chargées de la sécurité ont pris au sérieux les menaces d'attentats même si elles leur ont été distillées par lettres anonymes. Des sources sûres font aussi état de fébrilité intense dans les régions de Blida et de Larbâa. L'on avance que les services de sécurité ont été informés de l'entrée, ces dernières 24 heures à Alger, d'un véhicule kamikaze. Les policiers étaient hier matin en état d'alerte maximum. «On pouvait voir un nombre important de commissaires à la place du 1er Mai, » nous disait hier un citoyen. «Les Chinois quittent l'Algérie» L'on rappelle que même la rentrée scolaire qui a eu lieu le 13 septembre dernier, n'a pas provoqué autant de malaise dans les déplacements des citoyens. Mieux encore, d'aucuns auront remarqué que l'axe autoroutier de l'ouest algérois était d'une fluidité impeccable durant la période où le président de la République s'était installé dans sa résidence de Sidi Fredj. Son séjour dans ces quartiers n'était un secret pour personne puisque dès qu'on empruntait la route menant de la Bridja vers le complexe touristique de Sidi Fredj, on pouvait remarquer le positionnement d'un lourd dispositif sécuritaire au niveau des passages liant la forêt au cimentière. La rue menant à la résidence présidentielle était quotidiennement quadrillée par deux gros véhicules sécuritaires alors que celle d'en face était gardée par des gendarmes mobiles et des voitures banalisées. Tout au long de son séjour, il était impossible de voir la route menant à Alger bloquée ou encombrée. Le barrage permanent de la gendarmerie s'arrangeait toujours pour ne laisser aucun véhicule traîner. Lorsque le président sortait notamment pour les séances d'auditions de ses ministres, la route était jalonnée de gendarmes qu'on trouvait debout tous les 500 m. A l'entrée de Ben-Aknoun, les policiers prenaient le relais pour constituer le cordon sécuritaire jusqu'au siège de la présidence de la République. Ce ne sont pas uniquement les petites gens qui s'interrogent sur l'utilité et surtout les raisons de ce branle-bas de combat des services de sécurité. En l'absence d'informations des pouvoirs publics, ils vivent au rythme des rumeurs comme beaucoup de diplomates étrangers. Ces derniers affirment être inquiets en raison, disent-ils «d'informations bizarres qui nous sont parvenues notamment de milieux d'hommes d'affaires.» Des chancelleries occidentales accréditées à Alger se demandent «pourquoi de tels milieux s'aventurent-ils à avancer la tenue d'une élection anticipée ?» Des diplomates européens nous disaient, hier, qu'ils ont eu à s'entretenir avec des hommes d'affaires algériens qu'ils ont trouvés assez troublés. «Préparez-vous à vivre une élection anticipée en 2011,» auraient dit ces hommes d'affaires aux Européens. Entre l'agitation du dossier des disparus, les changements «d'Hommes» qui sont opérés par le chef de l'Etat, les informations qui agitent les services de sécurité et que l'on dit «provenir de maquis de terroristes», il y a le climat des affaires que les diplomates jugent aussi inquiétant. L'on annonce sans hésiter le départ de sociétés chinoises parce que, nous dit-on «leurs responsables n'arrivent plus à suivre les évolutions des lois et les changements législatifs que le gouvernement opère sans aucune explication.» Il est souligné que «si les Chinois décident de quitter un pays où ils ont investi, c'est que rien ne va plus.» Hier matin, le ministre des Finances a justifié sur les ondes de la radio nationale, la chute des investissements étrangers en Algérie par les effets de la crise financière et économique mondiale. Les diplomates étrangers accrédités à Alger sont persuadés que les dispositions des dernières lois de finances n'encouragent plus à investir en Algérie.