Par la façon dont il est perçu et traité, le taxieur est devenu aujourd'hui une sorte de paria, un ennemi du peuple !», s'est écrié hier un taxieur, lors de l'assemblée générale élective du bureau de wilaya de Constantine du syndicat des taxieurs et transporteurs (SNATT). Ce conclave a été une occasion pour les membres de cette corporation pour «vider leur sac» en criant leur désarroi. «Pourquoi de tous les véhicules qui engendrent les problèmes de la circulation en ville, seul le taxi est montré du doigt ?», a-t-on protesté en remarquant «que la profession est totalement abandonnée par les pouvoirs publics qui l'ignorent complètement, voire la méprisent». La réunion, qui a débouché sur l'élection d'un nouveau bureau de wilaya élargi et composé de 21 membres, avec à sa tête Bendilmi Foudil qui a été reconduit pour un second mandat, a été marquée par les nombreuses plaintes des chauffeurs de taxi qui ont mis sur la table leurs problèmes et, entre autres, celui de l'aménagement des points d'arrêt au centre-ville. «Chaque proposition que l'on fait à la commission du transport et de la circulation essuie un refus, a affirmé M. Bendilmi. Alors le taxi fuit le centre-ville où il est empêché de déposer ou de prendre des clients. Alors, il préfère travailler dans la périphérie où il y a moins de problèmes». Il recensera 3.500 taxis opérant dans la commune de Constantine dont 2.500 qui passent journellement par le centre-ville. «Pourquoi on ne les voit pas ? Tout simplement parce qu'ils ne peuvent pas s'arrêter», dit-il en réponse à une question. Par ailleurs, les taxis reprochent à la commune de Constantine d'être la seule municipalité d'Algérie à exiger du taxi le paiement d'un «droit de stationnement» mensuel de 360 dinars. Selon les taxieurs, cette taxe représente 1,5 milliard de dinars par an dans les caisses de la commune. «Malgré cela, nous n'avons pas où stationner !», dit-on. C'est le même reproche fait à la commune à propos de la taxe de 500 dinars par véhicule mis en fourrière, alors qu'ailleurs cette taxe ne dépasse pas 200 dinars. Par la suite, les représentants des taxieurs ont présenté plusieurs points de revendication tels que la licence administrative qui les mettra à l'abri du chômage. La licence de taxi n'est plus l'apanage des moudjahidine car une instruction ministérielle datant de 1993 autorise le taxieur à demander une licence administrative au niveau de la wilaya, a déclaré un membre du bureau. Selon ses dires, «cette instruction est appliquée partout, sauf à Constantine. Le directeur des Transports a toujours refusé de répondre à ce sujet», a indiqué Bendilmi. Ce dernier révélera également que les cinq points essentiels contenus dans la plate-forme de revendications des taxieurs, qui date de plusieurs années, déposée au niveau de l'APN, demeurent à ce jour non satisfaits. «Nous avons appris que le président de la République aurait instruit le ministre des Transports pour trancher sur ce dossier. Ce qui nous réjouit, estimera Bendilmi. Toutefois, on ne voit rien arriver et depuis la grève que nous avions déclenchée en janvier 2010, nous avons laissé suffisamment de temps aux pouvoirs publics. Notre syndicat national va se réunir prochainement pour définir la position à prendre: soit opter pour une lettre de rappel au ministère, ou déclencher une autre grève nationale».