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Chlef, 30 ans après le 10 octobre 1980 où en est-on?…
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 30 - 09 - 2010

Zone d'activité sismique permanente connue, la région de Chlef a connu maints tremblements de terre au cours de son histoire dont ceux successifs et forts de 1922, 1934, 1954, 1980. Ce dernier étant le plus meurtrier ayant quasiment ravagé El Asnam.
1ère partie
La ville a été rebaptisée en1981 et porte depuis le nom de Chlef. De magnitude 7,5 sur Richter, le dernier séisme du 10 octobre 1980 a causé plus de 80°/° de destructions et des milliers de morts. Un vaste mouvement de solidarité nationale et internationale s'est immédiatement manifesté à la suite de la catastrophe pour soutenir les Asnamis dans leur dure épreuve. Et grâce aux multiples et louables efforts déployés de diverses institutions étatiques et publiques, dont le concours notamment de l'ANP, des services sanitaires, des citoyens volontaires, etc., la région a pu renaître de ses cendres et relever le défi de sa progressive reconstruction. Les enseignements de cette catastrophe auraient notamment permis la prise de décisions importantes concernant non seulement les opérations de construction dans le Chélif, mais également dans toutes les zones d'activité sismique en Algérie. C'est ainsi que dans la zone particulière sinistrée de la périphérie de Chlef, diverses études et actions ont été initiées pour la connaissance du comportement des sols, ( microzonation, composition chimique des sous-sols, tectonique des plaques, etc.) aux fins de constructions de bâtisses antisismiques suivant la mise en place d'une réglementation parasismique algérienne appropriée. Un dispositif, il va sans dire, promis à une constante et continuelle évaluation et actualisation au fil des ans, tenant compte, bien entendu, des nouvelles acquisitions en matière de connaissances sismologiques et méthodologies de reconstructions parasismiques.
Dans ce contexte, l'instance du CTC de Chlef s'est hautement illustrée par son apport considérable qui a contribué dans ce domaine à la détermination, notamment, d'un zonage sismique national et la délimitation d'une microzonation sismique urbaine pour le Chef-lieu de la Wilaya et pour huit autres agglomérations urbaines. Lorsqu'on se penche sur le topo général de l'évolution de Chlef, ce dernier fournit, à première vue, l'image d'un type d'urbanisation formée d'une succession de plans d'urgence entrepris immédiatement après la survenue des séismes successifs, et souvent dans la précipitation. C'était le cas hier de la Cité d'urgence, ou de la Cité « ferme » érigées à la suite du tremblement de terre de 1954 comme ce fut le cas, après le séisme du 10 octobre 1980, lors de la mise en chantier des nouveaux sites en préfabriqué, entre autres, de Ouled Mohamed, Chorfa , Hai Nasr dit Radar , Hassania, ou Chettia, etc. qui se dressent encore aujourd'hui malgré la date de péremption de durée de vie des constructions du préfabriqué. C'est d'ailleurs la principale préoccupation actuelle des autorités locales et des citoyens chélifiens confrontés aux conséquences des différentes phases des programmes de reconstruction dans la région, caractérisées essentiellement par trois types de constructions: le bâti ancien , rescapé des secousses sismiques, très réduit et comptant le plus souvent des constructions en maçonnerie à un seul niveau; le bâti préfabriqué réalisé dans le cadre de l'important programme d'urgence de relogement dans la zone sinistrée et constitué actuellement de plus de 13 000 chalets pour la seule ville de Chlef; le bâti moderne concernant les constructions édifiées après le 10 octobre et celles ayant fait l'objet de réparations et réfections , suivant une réglementation très stricte découlant des enseignements du séisme ravageur de 1980.
La ville de Chlef Aujourd'hui…Pour le visiteur de passage, le nouveau visage de Chlef peut paraître surprenant par bien des cotés. En effet, plusieurs bâtisses et bâtiments en dur ont vu le jour, des cités entières s'érigent dans de nouveaux quartiers tels que ceux à Hai Meddahi ( Zeboudj), Hai Salam, Hai el Houria, etc. Ces nouveaux bâtis sont venus s'ajouter aux constructions en préfabriqué, ce qui donne parfois, en considérant le panorama général de l'agglomération, cette impression de décor «surréaliste» comme l'ont noté des observateurs. Certains bâtiments en banlieue dans les piémonts des collines ou les surplombant font songer, dirait-on, au kibboutz en Palestine occupée. Bref, d'immenses efforts ont été consentis pour la reconstruction de Chlef mais dans la précipitation, malheureusement, comme l'ont signalé auparavant des spécialistes de l'urbanisme. Conséquence : cette reconstruction anarchique offre aujourd'hui l'image hideuse d'une ville sans âme, sans tissu urbain répondant aux normes adéquates, le «remplissage» systématique des espaces vides par n'importe quel édifice semblant caractériser cet aménagement chélifien désordonné.
Et que dire de l'état social, ou psychosociologique, des nombreuses familles sinistrées occupant toujours, depuis 30 ans les habitations en préfabriqué, donnant l'impression d'éternels laissés pour compte, guettant une assistance concrète des pouvoirs publics qui tarde à venir, particulièrement après le délai d'expiration de la durée de validité de leurs chalets en 1995… Bien évidemment les dangereuses séquelles des conditions vétustes d'habitat avec cette présence d'agent toxique signalé de l'amiante, elles, elles n'attendent pas. Et il est déplorable que les différentes autorités qui se sont succédées à la tête de la gestion des affaires de la cité n'aient pas songé à bannir tôt le dangereux matériau véhiculeur d'amiante, interdit pourtant sous d'autres cieux.
Pour avoir une idée de ce visage inconvenant de Chlef, il suffit de considérer le visage qu'offre aujourd'hui la célèbre esplanade de la solidarité locale , aménagée à l'endroit de l'ex cité Nasr du «Monoprix», pour pouvoir se rendre compte de ce qu'il est advenu de ce fameux lieu mémorable érigé à la mémoire des victimes du 10 octobre 1980.Endroit par excellence des souvenirs et nostalgies de jeunesse des Asnamis, se remémorant les vestiges , les hauts faits , personnalités historiques, hommes de savoir et d'action, poètes ( tels les Boumezrag, Mokrane, Khatib, Hassiba Benbouali, etc.) d'une ville témoignant d'un dynamisme vivace au fil du temps et d'un réel activisme culturel, éducatif, sportif, et de loisirs , comme le rappelle ,entre autres, l'illustre théâtre de l'enceinte du centre Albert Camus , les conférences-débats et animations des centres culturels locaux et étrangers, les Cinémas El Djamal, du Club, le grand lycée As salam, les époustouflants jeunes qui ont remporté le premier prix de l'ex Carrefour de la Jeunesse d'Algérie, les merveilleux footballeurs, gymnastes, boxeurs, judokas, crossmen qui parcouraient la foret «pépinière» de «Chara» jouxtant le centre-ville et qui faisait la fierté écologique de la région offrant des espaces rares où se produisaient en plein air des artistes venus de partout et que le splendide Grand Hôtel du Chélif savait accueillir, souvent dans une atmosphère printanière où tard dans la nuit on entendait retentir au loin les échos de la célèbre chanson de l'orchestre «chaabi El Affrah» dédiée à l'ASO chantonnant « Zahitini Lasnamia»… quand soudain, comme coupé net par le couperet d'une guillotine, tout s'écroula et s'évanouit en un clin d'œil par ce sombre jour d'octobre 1980, ne laissant plus que souvenirs silencieux et témoignages affligeants d'El Asnam la superbe aux longues chevelures ondines , naguère si limpides nouées à tous les confluents du Chélif et aujourd'hui si noirs et tristes, éparpillées et détachées du cours de vie normal, seules demeurant les réminiscences des êtres chers , des évènements et endroits précieux de tout ce roman sacré de «la ville qui bouge» qui restera à jamais gravé dans les mémoires des Asnamis.
Trente ans ont passé depuis, mais ce qu'actuellement beaucoup n'arrivent pas à comprendre c'est cette reconstruction en dur ou semi –dur qui a trop tardé, occasionnant de sempiternels problèmes de tout ordre avec ce persistant lamentable état des lieux. La place de la solidarité, par exemple, ce lieu de recueillement à la mémoire des victimes du séisme de 1980, se trouve être complètement abandonné à son sort, livré au trafic du commerce informel et aux dépôts de détritus et déchets de toutes sortes, aux odeurs nauséabondes fusant de canalisations défectueuses , autant de malséances qui ternissent l'image déjà entamée d'une ville à l'insalubrité tolérée au vu et au su de tout le monde. Et que dire surtout de la question du développement de la contrée qui laisse franchement à désirer avec le retard considérable dans l'exécution des projets? Ce qui contribue à aggraver la situation socioéconomique locale, dans notamment les domaines des travaux publics, du transport, de la santé, de l'environnement, les ouvrages d'art, alors que tardent les voies d'évitement de la gare routière, le remplacement des édifices publics du préfabriqué, bref, l'aménagement urbain de la ville de Chlef et sa périphérie dont la situation des remèdes précipités des bricolages éphémères risque de perdurer en l'absence d'une réelle volonté des pouvoirs publics de s'attaquer de front aux vraies questions de fond du périmètre chélifien. Dans cette optique, les ambitions projetées des planificateurs, si nobles soient-elles, se doivent absolument de favoriser le règlement définitif de la situation perdurante de la question du préfabriqué dont tout le monde attend la fin du calvaire. Ce qui explique d'ailleurs la réticence témoignée à l'endroit de tous projets envisagés ne prenant pas en ligne de compte les avis des principaux concernés, plus particulièrement ceux des compétences avérées. Et l'on comprend très bien les inquiétudes de ces derniers, face au désolant spectacle, maintes fois renouvelé des subterfuges de bricolages d'entrepreneurs voraces, soucieux surtout de s'accaparer des marchés juteux et tant pis si les trémies, les bâtisses, les soubassements, etc., s'écroulent et sont refaits tant de fois !?.
Les raisons d'un mécontentement populaire
Cette situation de dégradation progressive du cadre de vie, visible au simple constat des rues et trottoirs tortueux de la ville, parsemés partout d'immondices et bordés d'eaux marécageuses, sans parler du bâti moisissant du préfabriqué, est à l'origine de ce qui a poussé des citoyens consciencieux et responsables de Chlef, à saisir les plus hautes autorités du pays pour solliciter leur intervention. Et ce que l'histoire retiendra, c'est que les hautes instances officielles du pays, - que cela ait été un concours de circonstances intervenant dans le cadre d'élections présidentielles ou pas - avaient décidé une aide appréciable pour assister les Chélifiens dans leurs projets de reconstructions d'habitat familial… avant que l'annulation de la décision ne soit signifiée quelques temps plus tard par la bouche de l'ex ministre de l'Intérieur M. Zerhouni lors d'une visite à Chlef , ce qui ne signifie pas qu'il ait été celui qui avait décidé cette annulation, d'aucuns ayant avancé que la proposition aurait été faite à la tutelle du sommet par des éléments de l'instance hiérarchique de base (?)…
Pour rappel, cette toute première décision d'aide officiellement accordée avait été promulguée en 2007 dans le cadre légal de la loi de finances 2007 et la disposition contenue dans son article 99, portant sur l'octroi d'un soutien de 1 million de dinars aux personnes sinistrées pour la reconstruction de leurs maisons. Cet article spécifiait également l'octroi d'un crédit de 1 million de dinars avec des taux d'intérêt bonifiés, décision qui, de l'avis des représentants de la société civile, avait été alors vivement applaudie par la population chélifienne croyant que le moment était enfin venu pour en finir avec la misère rangeant leurs cités de baraquements vétustes depuis 27 ans…alors que la durée de validité des chalets d'une quinzaine années maximum était déjà largement dépassée. Mais, coup de théâtre! Cette décision est brusquement annulée, sans explication aucune ? D'où la pomme de discorde : l'espoir suscité chez les citoyens par la décision officielle de 2007 venant de fondre comme neige sous soleil avec cette mesure d'annulation au courant de la même année, dans le cadre de la loi de finances complémentaire. «Un véritable coup de poignard dans le dos!», répercutera la vox – populi en proie à la grogne, la décision de revirement étant évidemment à l'origine du mécontentement de plus en plus croissant de la population locale, et ce d'autant plus que l'autre décision d'octroi d'un « crédit de 2 millions de dinars qui vient se substituer à l'aide annulée est difficile à rembourser » de l'avis des principaux concernés…
Ce facheux concours de circonstances motiva davantage les résidents des cités en préfabriqué à s'organiser, alors, en commission de coordination chargée de la défense de leurs intérêts, en désignant officiellement à cet effet, à leur tête leur représentant légitime M. Mohamed Yacoubi. Dans ce cadre ainsi envisagé, des voies des propositions de recours et de solutionnements adéquats de la problématique posée sont préconisés en vue d'être examinés en concertation avec les instances wilayales, et notamment les délégués parlementaires. Mais s'étant heurtés au verrouillage de toutes les voies de dialogue et de communications de la part des responsables interpellés, cette fin de non recevoir n'avait fait qu'envenimer davantage cette déplorable situation.
Moult initiatives et sollicitations pour le dialogue et la concertations ayant ,alors, été tentées en vain auprès des instances responsables par les déléqués des cités en préfabriqué , affirme-t-on, il ne restait plus devant pareil blocage, que le recours aux échos porteurs de la presse ,et partant, à quiconque aurait été susceptible ( comme deux parlementaires contactés du RCD s'étant montrés solidaires de l'initiative) d'appuyer un tant soit peu les revendications légitimes des représentants des familles sinistrées du Chélif vivant dans le provisoire qui dure depuis …1980!. En consequence, les pressions fusant de toutes parts,venant s'ajouter aux autres de diverses natures, ont concouru au finish par créer un climat conflictuel de rage et mécontentement chez la population chélifienne qui dégénéra par la suite en ce que l'on sait, le jour du 27 avril 2008. Soit lors du procès reporté du président de l'association des comités de quartiers en préfabriqué, poursuivi pour diffamation des autorités wilayales.
A suivre


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