L'Otan est décidée à relancer, dès 2011, la mise en place du bouclier antimissile en Europe. Son SG l'a annoncé lors d'une conférence de presse donnée lundi à Bruxelles et consacrée au nouveau «Concept stratégique» de l'Organisation. En prévision de la réunion conjointe des ministres des Affaires étrangères et ceux de la Défense de l'Otan, la 1ère de son histoire, prévue les 14 et 15 octobre à Bruxelles, consacrée à l'examen final du projet du nouveau «Concept stratégique», son secrétaire général, le Danois Andersen Rasmussen, a tenu, lundi après-midi au siège de l'Organisation, une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé les principales lignes directrices de la future stratégie de l'Organisation nord-atlantique. Si sa courte allocution n'a révélé rien de nouveau de ce qui a été dit et écrit depuis que le sujet fait débat, voilà plus d'une année, il en est ressorti durant celui engagé avec la presse internationale une implacable conclusion : l'Otan n'est pas prête à abandonner sa tendance hégémonique dans la géostratégie mondiale. Mieux, elle tend à travers l'adoption de son nouveau «Concept stratégique» à l'étendre pour les 10 années à venir. Première annonce: l'Otan est décidée, dès le début de l'année 2011, à «développer sa défense antimissile en Europe». Le SG justifie cela par « l'existence de plus de trente pays dans le monde qui possèdent ou sont en train d'acquérir des missiles balistiques, dont certains sont en mesure d'atteindre l'Europe». Autant dire que la question du bouclier antimissile positionné en Tchéquie et en Pologne, souhaité par l'ex-président américain George W. Bush, de concert avec une partie des Etats européens, est vite revenu à la surface, alors même que Barack Obama avait annoncé son gel dès son accession à la Maison-Blanche en janvier 2009. Le SG de l'Otan a précisé que « Nous sommes confrontés à une menace claire». Dans la foulée, il a déclaré que l'Otan est engagée dans un processus de réformes qui va se traduire par la suppression ou le regroupement de ses structures opérationnelles et de commandement. Nous apprenons ainsi que les 14 agences de l'Organisation installées à travers le monde seront regroupées en 3 agences. Le but recherché est l'efficacité et la rentabilité. Sur la question du financement de telles reformes en ces temps de crise financière, M. Rasmussen a déclaré que la sécurité pour les Européens notamment n'a pas de prix. Les 28 Etats membres de l'Organisation sont appelés à un effort financier pour dégager les 200 millions d'euros nécessaires pour faire aboutir les réformes. Evidemment, aux interrogations sur la réaction de la Russie à propos du retour du bouclier antimissile, le SG n'a pas hésité à déclarer que «nous inviterons la Russie à se joindre au programme de défense commune des Européens, particulièrement en ce qui concerne la connexion de tous au système de défense antimissile». Selon M. Rasmussen, la défense antimissile est, au-delà de son aspect militaire, un vecteur politique et un lien de plus entre les alliés. «Elle pourrait offrir la perspective d'une coopération avec la Russie en vue d'une sécurité réellement partagée», a-t-il affirmé. Aux interrogations des journalistes sur l'option de dénucléarisation militaire progressive du monde, le SG a répondu que «l'Otan demeurera une organisation de dissuasion tant que les armes nucléaires existeront.» Avant d'ajouter: «Nous sommes déterminés à créer un monde sans armes nucléaires». La messe est dite, et il ne faut pas être sorcier pour deviner qui est dans le viseur de l'Otan. Pourtant, l'Iran n'a jamais été cité lors de cette conférence. Et surtout pas Israël. En attendant le Sommet de l'Otan qui se tiendra à Lisbonne les 19 et 20 novembre prochain, et qui se prononcera sur l'adoption définitive du nouveau «Concept stratégique», il n'est pas sûr que la Russie ait dit son dernier mot. Qui a dit que c'en est fini de la guerre froide ?