Des milliers d'islamistes en détention seraient libérables prochainement, selon un ancien membre fondateur du FIS et un imam salafiste qui ont écrit une lettre au président de la République, Abdelaziz Bouteflika pour l'en remercier. «L'information n'a pas été confir- mée officiellement. Elle inter vient dans un contexte où des réformes, au contenu encore indéfini mais centrées sur des révisions de textes, ont été annoncées et devraient s'étaler jusqu'en 2012. La libération des islamistes encore en détention serait une extension de mesures d'amnistie déjà accordées depuis l'arrivée au pouvoir d'Abdelaziz Bouteflika. Sa première action en 2000 a été de solder définitivement le cas de quelques 5000 éléments de l'AIS en trêve depuis 1997. D'autres mesures ont été prises par la suite dans le cadre de la politique de réconciliation nationale. Une nouvelle libération des prisonniers islamistes encore en prison serait, en quelque sorte, un traitement « des restes à réaliser » de la politique dite de réconciliation nationale. Un tel « solde pour tout compte » des années de guerre civile- le mot après avoir été hérétique est désormais « politiquement correct » puisque le ministre algérien des Affaires étrangères n'a pas hésité à l'utiliser dans les médias étrangers - pourrait se faire éventuellement à l'occasion de la fête de l'indépendance, le 5 juillet prochain. Une manière «d'éclaircir » définitivement le terrain pour le cinquantenaire de l'indépendance en 2012. Pour solde de tout compte La nouvelle, en attente de confirmation officielle, a été évoquée dans une lettre au président Bouteflika signée Abdelfateh Zeraoui, prédicateur salafiste et Hachemi Sahnouni, l'un des fondateurs du Front islamique du salut (Fis). Les deux hommes félicitent le chef de l'Etat pour avoir pris la «bonne et courageuse décision» d'accorder une amnistie générale aux activistes emprisonnés. Elle suggère que la décision d'amnistie a été déjà prise et qu'elle n'est pas donc une simple éventualité. Il reste que l'administration doit attendre la promulgation d'un texte officiel avant d'engager les libérations. Si l'amnistie est effectivement décidée, il serait logique qu'elle soit annoncée à la veille du 5 juillet, date des traditionnelles remises de peines pour les détenus. Une telle mesure ne manquera pas - c'est déjà le cas - de susciter les analyses simplistes sur une quête de « soutien » des islamistes de la part du chef de l'Etat. Certains, par réflexe, ne vont pas manquer de relancer le thème du « retour du FIS » alors que les autorités n'ont cessé de signifier qu'il n'en est pas question. Il faut noter que depuis l'épisode de l'AIS et en dépit des déclarations évolutions de ceux qui dirigeaient cette dernière, le pouvoir a refusé de traiter le sujet sous un angle politique. L'approche a été constamment sécuritaire et parfois «sociale». La «contrepartie» implicite de l'amnistie qui a été accordée aux islamistes est qu'ils renoncent à l'activité politique. Pour une partie des salafistes, la «politique» faisant partie des «haram» la chose ne se pose pas de problème. Ce n'est pas le cas d'autres, comme Ali Benhadj, qui refuse de renoncer à la politique. Il est probable qu'un élargissement des islamistes encore en prison est, aux yeux du pouvoir, un solde de tout compte qui ne l'engage en rien.