L'annulation du match amical Algérie-Cameroun, qui devait se dérouler hier soir à Alger, prend les relents d'une affaire d'Etat. Il s'agit d'un manque de respect et d'égard de la part des Camerounais à l'Afrique d'abord et notamment à l'Algérie, un pays qui a de tout temps affiché et défendu son africanité. Un pays qui a été et qui reste attaché à l'Afrique et aux intérêts du continent au vu des positions et des actions de l'Algérie en faveur de l'Afrique et son rôle actif et efficace au sein de l'Union africaine. Sur le plan sportif, le refus du Cameroun d'affronter l'Algérie en amical est un scandale, quand on sait que l'équipe algérienne est mondialiste et a un nom à défendre. Annuler un match amical à cause d'une modique prime de 38 000 euros relève de la cupidité pure et simple. Le communiqué des joueurs, qui venaient de participer à un tournoi qui leur a rapporté gros au Maroc, est peu convaincant. Ils auraient pu faire l'impasse sur ce tournoi en même temps que le match amical contre l'Algérie. Or, la décision des joueurs était intervenue juste après le tournoi et après que la fédération camerounaise ait satisfait leur revendication. Le président de la Fédération camerounaise de football, Mohamed Iya s'est contenté «d'informer» la FAF, lundi soir, moins de 24 heures avant le match, signifiant «l'impossibilité pour son équipe nationale de se déplacer à Alger». Le président de la fédération camerounaise n'a pas exprimé ses regrets ou évoqué d'éventuels sanctions que son instance prendrait à l'encontre des joueurs. ETO'O, L'INDIGNE HERITIER DE MILLA Les joueurs camerounais auraient eu une autre attitude et réfléchir à deux fois si le match était programmé contre une équipe européenne. Eto'o et consorts n'ont pas réalisé l'ampleur du préjudice causé à l'Algérie. Pis encore, c'est la star de l'équipe, Samuel Eto'o, qui a donné le mauvais exemple en montrant la voie à ses coéquipiers. Il a été le premier à quitter l'équipe pour rejoindre sa résidence en Espagne. Un geste que n'honore nullement Eto'o qui est loin d'être l'héritier du gentleman et artiste Roger Milla. Autre temps, autres mœurs. En citant les anciens joueurs, le Libérien Georges Weah se chargeait lui-même de payer les primes de joueurs et n'avait jamais exigé le moindre centime pour porter les couleurs de son pays qu'il avait dignement représenté. Eto'o, Song, Kameni, Enoh, Makoun et autres qui évoluent dans des championnat européens et dont la totalité de la prime de 30 000 euros représentent pour eux un argent de poche, ont fait montre d'irresponsabilité et d'immaturité en manquant de respect à l'Algérie, un pays ayant généreusement servi l'Afrique. Les joueurs camerounais ont invoqué des blessures et un manque de récupération, faisant croire qu'ils ne se sont pas entraînés en raison des réunions qu'ils avaient tenues avec les responsables de la fédération et du ministère des Sports du Cameroun au sujet de leurs primes. Ils auraient fait part de leur «démotivation et démobilisation», et auraient refusé de «ternir le maillot national en produisant un spectacle déshonorant», lors du match contre l'Algérie. GRAND PREJUDICE A LA FAF Le match Algérie-Cameroun devait se dérouler à guichets fermés puisque les billets étaient déjà écoulés par la direction de l'Office du complexe olympique. Il s'agit d'un manque de respect aux supporters algériens qui, au-delà du remboursement des billets d'accès du stade, auront été frustrés d'un match qui était programmé «depuis longtemps», pour reprendre le communiqué de la FAF. Plusieurs chaînes de télévision devaient également retransmettre le match et les droits de retransmission télévisuelle étaient négociés par la FAF. Des équipements lourds ont été mobilisés à cet effet. Les sponsors enregistrent en outre des pertes sèches à cause de cette annulation. LA FAF MENACERAIT DE SAISIR LA FIFA Avant-hier, c'était le branle-bas à la FAF pour maintenir la programmation de ce match. Un avion a été affrété à l'aéroport international de Marrakech pour transporter l'équipe camerounaise. Le président de la FAF était, lundi, en contact permanent avec les responsables de la fédération camerounaise de football et la FAF avait pris l'engagement de payer les primes des joueurs. Mais ces derniers avaient campé sur leur position de ne pas jouer, bien que la fédération ait satisfait leur exigence de payer les primes cash. Mieux encore, l'international camerounais de l'ES Tunis, Yaya Banana, qui venait de disputer la finale de la Ligue des Champions d'Afrique des clubs remportée par son équipe, était déjà arrivé à Alger. Dans son communiqué, la FAF a «déploré cette situation inacceptable, singulière et antisportive. Elle prendra les dispositions avec les organismes concernés pour défendre ses intérêts et le grave préjudice causé». La réaction de la FAF demeure diplomatique voire molle dans la mesure où elle ne fait pas allusion à la FIFA. Le président de la FAF qui est membre du Comité exécutif devrait agir de tout son poids afin que des sanctions soient prises par la FIFA à l'encontre de joueurs dont le comportement est digne de gamins ayant voulu ternir l'image d'un pays dont ils ignorent la glorieuse histoire et les actions héroïques dans le mouvement de libération de l'Afrique. En ce sens, la FAF est tenue de défendre l'image de marque de l'Algérie en imposant des sanctions exemplaires à l'encontre de joueurs aveuglés par le confort de leurs résidences en Europe et se croyant protégés par le président de la CAF, Hayatou, un ami du président de la FAF.