L'avortement par les forces de sécurité du sit-in national, programmé par le syndicat des corps communs pour le jeudi 8 décembre 2011 devant le Palais du gouvernement, a été la «goutte de trop» pour cette organisation syndicale. Le SNCCOPEN, tout en dénonçant le traitement réservé à des milliers de ses adhérents venus de plusieurs wilayas du pays par les services d'ordre, promet un durcissement de la contestation dans les semaines à avenir. Une AG extraordinaire du conseil national du SNCCOPEN est annoncée pour les tout prochains jours afin de décider des actions à entreprendre pour satisfaire les revendications des corps communs, affirme, dans un communiqué de presse, le bureau national de cette organisation syndicale, fortement représentée dans les écoles. Le syndicat a, par ailleurs, adressé une lettre au Premier ministre pour dénoncer l'«injustice» subie par les corps communs, tout en appelant à une décision politique en faveur de cette frange. «( ) Nous sommes convaincus que l'éducation est le métier le plus noble qui soit, et que cette tâche ne peut être accomplie qu'avec la conjugaison des efforts de tous les acteurs de la famille de l'éducation, y compris les corps communs et les ouvriers professionnels. Tout le monde est d'accord sur ce point quand il s'agit de mobiliser la famille de l'éducation pour le travail seulement, mais lorsqu'il s'agit de négocier les salaires et autres avantages, nous sommes purement et simplement oubliés, ou tout au mieux considérés comme des parents pauvres de la famille de l'éducation», lit-on dans cette lettre. Les syndicalistes regrettent que les salaires des corps communs restent «dérisoires» devant la flambée spectaculaire et soutenue du coût de la vie. Ils donnent plusieurs exemples pour justifier l'«injustice» subie par les corps communs. «Les laborantins (ATL et ATS) suivent une formation dans des instituts spécialisés pendant une année au même titre que les sous-intendants, mais un gouffre sépare les statuts des deux fonctions, alors que leur travail est intimement lié à celui des enseignants, avec un volet purement pédagogique ; mais on les oublie quand on institue une prime pédagogique». Autre exemple soulevé par les syndicalistes : les secrétaires de direction, qui sont qualifiés de «véritables chevilles ouvrières» de tout le travail de l'administration dans le secteur de l'éducation. «Cette catégorie de fonctionnaires effectue son travail à un rythme effarant, entre la direction (et la sous-direction des études dans les lycées), l'intendance et les conseillers d'éducation. Leur nombre étant insuffisant dans les établissements, ils sont souvent à cheval entre plusieurs services sans aucune compensation. Quant aux agents des services, ils sont au plus bas de l'échelle : certains ne touchent même pas le SNMG ! Que dire de plus. Pour les agents de sécurité, les établissements scolaires de tous les paliers n'ont jamais eu besoin de cette catégorie autant que ces dernières années. Sans leur concours, ni les enseignants ni les fonctionnaires de l'administration ne peuvent vaquer à leur devoir dans les bonnes conditions : ils sont les premiers à s'exposer aux dangers qui vont de la banale chasse aux étrangers à la surveillance des éventuels voleurs », signale-t-on dans cette lettre. Le SNCCOPEN a aussi dénoncé «la lenteur bureaucratique du ministère du Travail pour la délivrance du récépissé d'enregistrement du dossier de création du SNCCOPEN». Le dossier de création a été déposé, selon le syndicat, en 2007. Il regrette également «le détournement des postes administratifs qui appartiennent aux corps communs au profit des enseignants». Le syndicat réclame enfin l'intégration des corps communs et ouvriers professionnels dans le décret exécutif 08/315 et l'instauration d'un statut particulier propre à cette frange.