F ace à un FLN englué dans ses déboires organiques faisant les délices de la presse, le RND a su, jusqu'à un certain point, préserver les secrets de sa vie interne et donné ainsi l'impression d'aller sereinement vers l'échéance électorale du 10 mai. En apparence, la formation d'Ouyahia ne semble pas être secouée par des mouvements de contestation internes, alors que s'y déroulent les opérations de présélection de ses listes de candidature. Mais çà et là pointent des frondes réfrénées par l'attente des arbitrages que rendra la direction du parti. Comme ailleurs, le RND négocie l'étape cruciale du choix de ses candidats. Au même titre que le FLN, il est face à la quadrature du cercle constituée par la masse de candidats à la candidature qu'il doit résoudre sans provoquer de frustrations qui porteraient atteinte à l'unité de ses rangs. L'encadrement et les militants du RND sont présentés comme étant plus disciplinés que ceux de l'ex-parti unique et pleinement satisfaits de la gestion des affaires de leur formation par Ouyahia. Ils n'échappent pas pour autant à la tentation de fronder leur direction nationale et de la défier dans le cas où ses arbitrages entrent en contradiction avec leurs intérêts électoraux personnels ou de groupes de pression. Des tempêtes organiques au sein du RND, alors qu'il aborde l'élection pour lui la plus délicate qui soit, car y plane la menace d'un vote sanction à son encontre, ne sont pas pour laisser imperturbables Ouyahia et les autres membres de sa direction nationale. Cela explique que le Premier ministre paie de sa personne en multipliant les contacts avec l'encadrement et la base du parti. Le RND ne résisterait pas à des discordes internes du genre de celles auxquelles est confronté le frère ennemi partisan conduit par Abdelaziz Belkhadem. L'unité de ses rangs et la démonstration à faire que ses militants et sympathisants placent ses intérêts globaux au-dessus des ambitions personnelles, sont les armes électorales qui pourraient faire mentir la prédiction d'une défaite dans les urnes, que beaucoup d'observateurs n'ont pas hésité à délivrer. En tant que formation du Premier ministre en exercice, dont la cote de popularité est dans les abîmes sans discontinuité depuis des lustres, le RND focalise contre lui autant de mécontentements et d'envies de lui faire boire la tasse électorale que le FLN, son partenaire dans l'Alliance présidentielle. Ouyahia a essayé d'esquisser des rapprochements électoraux avec des formations ancrées dans le pôle républicain anti-islamiste. La tentative n'a guère séduit celles en direction desquelles elle a été lancée. Pour la simple raison que ces formations préfèrent aller à la compétition électorale en comptant sur leurs seuls moyens, pourtant franchement faibles, plutôt que d'entrer dans une alliance avec le RND et se voir ainsi coller l'étiquette « d'utilités » au service de la cause du très contesté Premier ministre en exercice. Pour le RND, le 10 mai va être déterminant, pour peu que le scrutin se déroule dans la transparence et la régularité. Il sera constaté à cette échéance si ce parti a, depuis sa création, vécu sur un statut et un poids électoral usurpés. Ou s'il bénéficie au contraire d'un ancrage populaire qui justifie la place et le rôle qu'il tient sur l'échiquier politique.