Dans un précédent écrit consacré au FLN et aux déboires qui sont les siens au plan organique, alors qu'il s'apprête à entrer dans la compétition électorale, nous avions souligné que le RND, en apparence sans remous dans ses rangs à ce moment-là, couvait lui aussi des situations conflictuelles qui vireraient à la fronde aussitôt que sa direction nationale rendrait ses arbitrages concernant les listes de candidats de certaines wilayas du pays. Confirmation est faite que le pronostic était exact, puisque le parti d'Ouyahia est secoué en plusieurs endroits du territoire par des mouvements de contestation contre les décisions arrêtées en la matière. Tout comme Belkhadem au FLN, Ouyahia est donc confronté à une grogne de grande ampleur qu'il aura du mal à étouffer et à empêcher qu'elle ne donne naissance à des dissidences susceptibles de détourner de ses listes officielles une partie de son électorat traditionnel. S'agissant du RND, l'illusion s'est imposée que son secrétaire général jouit d'une autorité incontestée, mettant le parti à l'abri de dissensions du genre de celles que s'échine à gérer son alter ego au FLN. Illusion confortée par le comportement discipliné qu'ont eu ses élus locaux à l'occasion des élections sénatoriales. Contrairement à ceux du FLN qui, en la circonstance, se sont livrés à une foire d'empoigne dont a bénéficié le RND. « Chasser le naturel, il revient au galop », dit-on. Et de fait, les cadres et militants du RND, qui ne sont ni plus disciplinés ni plus désintéressés que ceux de l'ex-parti unique, font eux aussi dans la fronde dès lors qu'ils se sont estimés frustrés par les choix de leur secrétaire général concernant les listes électorales du parti. Tout comme Belkhadem au FLN, Ahmed Ouyahia est accusé d'avoir accordé son parrainage à des candidats dont les seuls mérites sont qu'ils font partie du cercle de ses proches et lui manifestent une allégeance à tous crins. Bien entendu, les fidèles d'Ouyahia minimisent au plus restreint l'ampleur de la contestation dont les rangs du parti sont secoués. Le porte-parole du RND a ainsi qualifié cette contestation de « normale » et estime que « le parti se porte bien ». Le mouvement de mécontentement qui s'exprime dans le parti d'Ouyahia est sans conteste moins spectaculaire par son amplitude que celui que connaît le FLN. Mais son impact sur la base électorale, additionné à ceux qu'auront sur cette même base les participations à la compétition de partis nouveaux ayant pour chefs de file d'ex-membres fondateurs du RND, autorise à penser que le parti d'Ouyahia va être bien en peine « d'arriver en tête des élections », ainsi que souhaité par son porte-parole. Sa « poigne de fer », qui a fait apparaître Ouyahia à l'abri de la remise en cause de son autorité sur le RND, ne lui évitera pas une pareille situation au cas où le score électoral du parti ne sera pas celui escompté. D'autant que dans ce cas de figure, il est plus qu'improbable qu'Ouyahia se voie reconduire au poste de Premier ministre, qui, tant qu'il l'occupe, lui procure l'atout décisif et dissuasif contre les velléités de révolte le visant en qualité de chef du parti.