Le Pakistan, un pays d'Asie qui cherche en Algérie un concurrent au Qatar pour l'achat du GNL. Cela renvoie à un marché gazier très contrasté entre le «boum» de la fracturation aux Etats-Unis qui entraîne un effondrement des prix et la tension à la hausse sur le marché asiatique. Eclairage. Le Pakistan tente de trouver en Algérie un fournisseur de substitution de GNL après le refus du Qatar de baisser ses prix à moins de 18 dollars le million BTU (1 Mmbtu = l'équivalent énergétique de 0.17 baril de pétrole) est une tentative de faire jouer la concurrence sur un marché gazier qui reste très régionalisé avec des écarts de prix très importants entre les différentes zones. La surabondance de gaz aux Etats-Unis conséquence d'un recours massif et très contesté en raison de l'impact écologique et sanitaire au gaz de schiste n'a pas eu pas encore d'impact globalisant sur le cours du gaz. La surproduction nord-américaine de gaz, sans doute en raison d'un développement encore relativement faible du GNL, n'a pas d'incidence décisive sur les autres grands marchés que sont l'Europe et l'Asie-Pacifique. Le seul vrai impact de la surproduction en gaz non conventionnel aux Etats-Unis est ressenti aux Etats-Unis même avec un remarquable effondrement des cours. Ils ont atteint le niveau le plus bas depuis dix ans avec un prix inférieur à 2 dollars le million de BTU. Un niveau si bas que la rentabilité des exploitations de gaz de schiste est en question. Jeudi dernier, le prix du gaz est tombé à 1,993 $ contre 14 dollars en 2008. Pour 2012, le prix moyen du gaz aux Etats-Unis devrait être de 3,18 dollars et les projections indiquent une moyenne de 3,80 dollars en 2013. La donne change sur le marché américain. A telle enseigne que même les grands producteurs comme Big Chesapeake Energy et ConocoPhillips ont décidé de baisser la production et de renoncer à leurs projets de nouveaux forages. LES ETATS-UNIS CONCURRENTS ENERGETIQUES DU MOYEN-ORIENT La «fracturation boom» a été telle que les Etats-Unis peuvent contester à la Russie le titre de premier producteur mondial de gaz. A relativiser bien entendu par le fait que les réserves américaines ne représentent que près de 17% de celles de la Russie. Si cette baisse des cours du gaz est une bonne nouvelle pour l'économie américaine et les ménages, elle l'est beaucoup moins pour les entreprises gazières. L'avenir du gaz américain serait donc dans l'exportation du gaz de schiste sous forme de GNL, domaine où l'Algérie a été pionnière. Encore faut-il tenir compte des objections des défenseurs de l'écologie qui s'inquiètent d'un développement excessif des exportations qui auraient pour effet de pousser encore davantage au recours à la fracturation tellement honnie. L'investissement dans le GNL est en outre onéreux (3 milliards de dollars par million de tonnes de gaz naturel par an) et demande du temps en raison des aspects règlementaires. Mais le fait que le prix du GNL est vendu au Japon, premier importateur de GNL dans le monde, à 15 dollars le Mmbtu est un argument stimulant pour aller dans cette direction. ConocoPhillips et BG envisagent de construire aux Etats-Unis des usines de liquéfaction traduisant la forte inversion de tendance qui fait déjà de l'Amérique un exportateur net d'hydrocarbures. Les Etats-Unis un nouveau centre de rayonnement énergétique ? En tout cas, un sérieux futur concurrent pour le Moyen-Orient. DES PRIX EN HAUSSE EN ASIE L'industrie gazière américaine pourrait en effet trouver d'intéressants débouchés dans les autres zones où les prix se tiennent beaucoup mieux. En Asie, les prix flambent même. L'intérêt du Pakistan pour le GNL algérien est aisément explicable par l'état du marché en Asie, faible producteur de gaz mais où la demande, portée par la Chine, l'Inde, la Corée du Sud et le Japon, est soutenue. Le marché asiatique est donc sous pression d'une demande croissante. Les experts estiment que le prix du GNL spot importé devrait atteindre 18 dollars voire 25 dollars dans les prochains mois en Asie. La probabilité que le Japon, traumatisé par la catastrophe de Fukushima, ferme un nombre significatif de centrales nucléaires, ajoute à la fébrilité du marché. Le marché asiatique est donc très attractif pour ceux qui disposent du GNL disponible à vendre Les cours y sont encore plus intéressants que le marché européen où ils sont à un niveau médian entre l'Amérique du Nord et l'Asie-Pacifique.