Le nouveau Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal a d'emblée mis l'accent sur des aspects qui suscitent la grogne : l'eau, la propreté des villes. Certains y voient une confirmation de son pragmatisme qu'ils opposent à la «rigidité» d'Ouyahia. Pourtant, à 18 mois de la prochaine présidentielle on ne s'attend pas à des bouleversements dans le domaine de l'économie qui, hormis l'arrivée de Cherif Rahmani, est restée entre les mêmes mains. Le style du nouveau gouvernement Sellal n'est pas très flamboyant. Les déclarations du nouveau Premier ministre sont d'une prudence remarquable. Il veut faire «un peu plus» en matière de distribution d'eau et aussi s'attaquer, au peu glorieux mais nécessaire du nettoyage des villes Pas forcement à l'aise dans son nouvel habit, Abdelmalek. Sellal demande que l'on «donne sa chance au nouveau gouvernement». Sera-t-il plus pragmatique et moins idéologue que ses prédécesseurs ? Certains observateurs apprécient déjà sa modestie dans la manière d'approcher les problèmes du pays, sans doute lassés par les professionnels du discours nationaliste. Terre à terre donc avec la convocation, dès le jeudi, d'un conseil interministériel consacré au nettoyage des villes. C'est presque le mot d'ordre général. Un gouvernement qui travaille vite et qui prend au sérieux son rôle d'animation de l'Administration, cela changerait après des mois de paralysie et d'attente Mais les premiers mots et gestes de Sellal ne permettent encore de définir ce que sera l'action et le programme de ce gouvernement en matière économique. Sur ce chapitre, la plupart des commentateurs ne s'attendent pas à des bouleversements. Le nouvel exécutif ne dispose en effet pas de beaucoup de temps : à peine dix huit mois au maximum avant les prochaines présidentielles. En outre, la plupart des ministres en charge des dossiers économiques ont été maintenu à leur poste. A l'image d'un Karim Djoudi qui après des débuts hésitants à la tête de son département est en passe de battre des records de longévité. RIGIDITE L'arrivée de Chérif Rahmani à l'industrie est le seul changement notable dans la composition des équipes économiques du gouvernement. On lui attribue généralement une sensibilité favorable à un encouragement plus franc de l'investissement étranger. Dans ce domaine, c'est bien sûr la règle controversée du 51/49% qui est sur la sellette. Beaucoup de spécialistes et d'opérateurs économiques nationaux, à l'image du FCE encore récemment, se sont exprimés en faveur d'une réglementation plus souple et mieux adaptée aux spécificités de chaque secteur voire de chaque projet d'investissement. Un expert international réputé soulignait voici encore quelques mois les dégâts causés par «le caractère extraordinairement explicite de la règlementation algérienne dans le domaine de l'investissement étranger».Plus de pragmatisme, de souplesse et moins d'idéologie, une recommandation qui semble dictée par le simple bon sens et qui s'est heurtée au cours des dernières années à la rigidité des convictions de M. Ahmed Ouyahia. La révision annoncée depuis déjà plusieurs mois par M. Youcef Yousfi de la loi sur les hydrocarbures s'inscrit dans la même problématique. Assouplir et rendre plus attractive une réglementation devenue sans cohérence au cours des dernières années et qui a eu un effet répulsif sur le développement du partenariat international. L'échec des derniers appels d'offre des autorités du secteur en matière d'attribution de nouveaux périmètres d'exploration en a été l'illustration. UN AGENDA CHARGE Hormis le traitement de ces dossiers sensibles, la nomination tardive du nouveau gouvernement aura pour conséquence notable de le mettre devant un calendrier chargé. Les rendez vous ne vont pas manquer dès les semaines à venir. Les échéances les plus proches pour le nouvel exécutif concerneront d'abord la présentation par M.Sellal de son plan d'action devant le parlement. On parle déjà du début du mois d'octobre pour cet exercice qui sera également un baptême du feu pour la nouvelle assemblée nationale. La préparation, déjà largement entamée, et la présentation du projet de loi de finance pour 2013 sera également au menu dès le mois prochain. Dans ce domaine après les largesses qui ont caractérisées les finances publiques depuis le début de l'année 2011, l'heure est maintenant à la «prudence» en matière de dépenses publiques si on en croît Karim Djoudi. Une situation qui ne sera pas forcement facile à gérer.