Plus d'une semaine après la rentrée scolaire, le secteur est en ébullition. Entre les associations des parents d'élèves qui dénoncent la surcharge des classes et les syndicats qui mettent en garde contre la dégradation de la situation avec le temps si ce problème n'est pas réglé, le secteur de l'éducation semble perdre le nord. L'installation du nouveau ministre ne semble pas changer grand-chose à la donne pour les différents partenaires sociaux de l'éducation estimant que les mêmes problèmes ont été reconduits cette année avec la création, selon certains syndicats, d'autres. Une rencontre avec la tutelle va-t-elle redresser la situation ? Pour le CLA, ce n'est pas le changement de personne qui va régler les problèmes du secteur. Pour l'UNPEF, le problème des surcharges des classes ne peut être résolu que s'il y a concertation et collaboration entre tous les acteurs de l'éducation. Quant au SNAPEST, ce problème n'a fait qu'amplifier le déséquilibre pédagogique. En attendant la réaction du ministère par rapport aux revendications des syndicats et les résultats de la rencontre, prévue aujourd'hui avec le ministre, toute action de protestation est mise en veilleuse mais les syndicats restent mobilisés pour réagir le cas échéant. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) se montre le plus pessimiste de la situation actuelle dans le secteur. Il tire la sonnette d'alarme sur les conséquences qu'engendre ce manque de capacité d'accueil au niveau des établissements scolaires. Selon M. Achour, porte-parole du CLA, plus de 40% des établissements comptent entre 45 et 50 élèves par classe, dans 40% d'autres ils sont entre 38 et 45 élèves par classe et 20% comptent entre 30 et 38 élèves. Ce dernier chiffre est loin de la norme internationale, qui est de 25 élèves par classe. Sur ce qu'une telle situation va engendrer, le porte-parole du CLA souligne qu'«avec la surcharge des classes, ce sont les congés de maladie qui vont augmenter car les enseignants, pour éviter une dépression nerveuse, voudraient se reposer. Ce phénomène va aussi accroître la violence en milieu scolaire et favoriser l'absentéisme des élèves et aussi faire exploser les cours particuliers». «Des éléments dégradants de l'école publique, estime notre interlocuteur, qui souligne une volonté politique pour discréditer l'école avec une intention de la privatiser». M. Achour indique que son syndicat propose l'établissement «d'une feuille de route sur la réforme de l'école en concertation avec la société civile, les syndicats et la tutelle pour ainsi sauver l'école publique». Pour faire le point sur ce problème et d'autre, le CLA prévoit de réunir son conseil national la fin du mois où il sera décidé de l'action à entreprendre. L'UNPEF s'est montré moins sévère dans son analyse de la situation. M. Dziri, le porte-parole de ce syndicat, a souligné que ce problème de surcharge des classes devait être pris en charge en 2003. Il fallait le prendre en compte au début de l'application des réformes. Il s'agit tout simplement d'un problème de planification et de programmation, dira-t-il, ajoutant que la situation sera difficile pour les enseignants qui seront contraints de devoir enseigner dans une classe qui compte 50 élèves au lieu de 25. «Nous allons vivre ce problème pendant les quatre années à venir», déclare M. Dziri. En plus de ce problème, le même interlocuteur souligne que d'autres problèmes qui sont restés en suspens l'année dernière reviennent encore cette année et risquent de gangrener le secteur davantage. Le SNAPEST reste lui aussi sur le qui-vive considérant que les commissions paritaires sont toujours négligées pour porter leur contribution dans la résolution de beaucoup de problèmes. Le représentant de ce syndicat, M. Aous, explique que comme solution, le SNAPEST propose l'installation de commissions au niveau des établissements scolaires pour étudier les problèmes localement et proposer des solutions. Il suggère aussi de permettre aux enseignants détenant un diplôme en mathématiques d'enseigner une autre matière scientifique que les maths et enfin d'augmenter les postes d'encadrement pédagogique et scientifique pour combler le déficit enregistré.