Au Mali, il existe indubitablement un consensus national, populaire, politique et gouvernemental sur le refus de la partition du pays suite à la rébellion touareg au Nord et à la prise de contrôle ensuite de cette région par des groupes armés islamistes, et sur l'urgence d'agir pour y mettre fin. Mais c'est la cacophonie à Bamako s'agissant de l'option à mettre en œuvre pour atteindre cet objectif. Celle de l'intervention militaire sous la forme d'opérations qu'entreprendrait l'armée malienne que viendrait épauler une force constituée de contingents militaires d'Etats membres de la CEDEAO officiellement entérinée par le président de la transition Dioncounda Traoré, soulève des vagues au motif qu'elle enclencherait un engrenage attentatoire à la souveraineté nationale du Mali. Les moins enthousiastes pour l'option endossée par Dioncounda Traoré et le gouvernement sont les militaires maliens ou du moins leurs éléments dont le coup d'Etat contre le président constitutionnel du pays A.T. Touré a précipité le pays dans le chaos où il se trouve. Leur opposition trouve du répondant dans la population de Bamako comme l'a démontré la manifestation anti-intervention étrangère de vendredi, mais aussi au sein de la classe politique et même au gouvernement de transition. L'option officielle adoptée par les autorités maliennes a aussi ses détracteurs à l'étranger, des pays frontaliers avec le Mali dont l'Algérie et d'autres de la communauté internationale qui ne sont pas convaincus que la force militaire combinée envisagée sera en mesure de reprendre le contrôle du Nord-Mali et d'en chasser les groupes armés islamistes. Ils craignent au contraire que l'intervention se traduira par l'extension du chaos à toute la zone sahélienne et pour des Etats voisins du Mali à sa contamination de leurs propres territoires limitrophes. Pour autant, les adversaires de l'option choisie par les autorités maliennes ne prônent pas le statu quo dans la crise malienne. Et n'ont aucune sympathie pour les groupes islamistes qui occupent le Nord-Mali ainsi qu'ils sont sournoisement accusés par les parties pro-interventionnistes. Ils sont tout autant déterminés à contribuer à «crever l'abcès» de la crise malienne. Mais en soutenant une autre approche qui est qu'il faut d'abord régler l'aspect malo-malien de cette crise : ce qui passe par une remise en ordre institutionnelle à Bamako et au sein de l'institution militaire du pays à qui revient la défense de la souveraineté nationale du Mali et de son intégrité territoriale, mais aussi par un dialogue en parallèle avec les représentants divers de la population au Nord y compris celle qui a pris fait et cause pour la rébellion targuie. L'on est loin de vouloir aller dans ce sens à Bamako et la situation confuse qui y règne arrange les desseins des puissances et forces qui poussent à l'intervention étrangère à laquelle ils assignent des objectifs qui vont au-delà de la seule restauration de l'unité territoriale du Mali. Parce que l'Algérie est le pays du champ dont la prise de position anti-interventionniste a un effet entraînant sur la scène régionale et internationale par la pertinence de la logique des arguments qu'elle avance pour la défendre, elle est la cible d'une campagne diplomatico-médiatique visant à sa neutralisation. Tout est mis en œuvre à cet effet : du mensonge le plus manifeste en passant par l'interprétation la plus abusivement fausse des déclarations officielles algériennes, jusqu'aux rumeurs les plus extravagantes sur les prétendus conflits politiques internes qu'alimenterait la position des autorités algériennes. Le tout escompté est de contraindre l'Algérie à donner sa caution à une opération qui pue un retour en force de la «Françafrique». Cette politique qui fait tant de mal au continent africain.