Comme chaque fin d'année et afin de faire croire aux consommateurs de tabac que les prix ont augmenté avec la nouvelle loi de finances, depuis quelques jours les fumeurs et notamment ceux adeptes des marques Marlboro, Winston, Gauloises et LM ont été surpris de la hausse du prix des cigarettes de l'ordre de 10 DA. Ces hausses demeurent sournoises du fait qu'aucune disposition officielle n'a été annoncée et ce sont les grossistes qui ont décidé illico presto de revoir à la hausse les prix de ces trois plus prisées marques. Les buralistes estiment que de par la mainmise de ces grossistes sur le marché du tabac qui échappe à tout contrôle, ces derniers ne ratent aucune occasion pour rafler des bénéfices supplémentaires sachant que les addictions au tabac sont tellement fortes qu'une hausse de 10 DA ne représente aucune menace pour leur part du marché. Partout à Oran, des grossistes imposent leur diktat non seulement en matière de prix, mais également en procédant à des ventes concomitantes, dont eux-mêmes subissent les aléas et les conditions de vente des importateurs et même des producteurs. Les produits de la SNTA n'ont connu aucune hausse et cela s'explique en grande partie par la faible demande. Le marché du tabac de par sa marginalisation semble ne pas faire partie des priorités des services de contrôle et laisse par conséquent le champ libre aux réseaux de spéculation qui régulent le marche selon leurs intérêts financiers. Ces derniers activent souvent dans des conditions obscures sinon comment expliquer que certains grossistes exerçent avec un registre de commerce de buraliste et donc imposés forfaitairement alors que de par l'ampleur de leur activité, ils sont de fait grossistes et donc devraient figurer parmi les imposables au réel et devant justifier tous leurs achats et leurs ventes pour mieux contrôler la TVA. Or, près de 20% des cigarettes commercialisées proviennent du marché parallèle alimenté par la contrebande qui sévit notamment à partir des pays du Sahel, des pays où ont été créées une multitude de fabriques de produits contrefaits, à l'instar des Legend américaines. Cependant, l'entrée de ces produits sur le territoire national a tendance à diminuer, et ce en raison, d'une part, des nombreuses saisies effectuées par les services de douanes qui opèrent au Sud et à l'Ouest du pays et, de l'autre, par les conditions sécuritaires dans les pays frontaliers du Sud où les réseaux de contrebande, alliés naturels des groupes terroristes, ont évolué pour s'accaparer du marché de la drogue. Les réseaux de spéculateurs de cigarettes se renforcent sans cesse, du fait que le marché algérien du tabac, évalué annuellement à 1,5 milliard de paquets de cigarettes et quelque 500 millions de boîtes de tabac à priser ou mâcher, est en continuelle croissance En somme, cette spéculation n'est que le résultat du processus de libéralisation du marché des produits tabagiques, consacrée par le décret exécutif n°04-331 du 18 octobre 2004 et qui n'a pas été suivie par la mise en place d'instruments permettant sa régulation. Pourtant, le marché algérien du tabac reste, en dépit du manque à gagner fiscal, le second pourvoyeur fiscal après les hydrocarbures, dont la SNTA demeure le premier imposable.