Ces dernières années, les lampadaires ont poussé comme des champignons dans les villes et campagnes de la wilaya de Tlemcen pour éclairer rues, routes, places publiques et ronds-points, sans souci du prix de l'électricité et de l'impact écologique que ça représente. Des allées interminables de lampadaires, des projecteurs braqués sur les bâtiments publics et monuments, l'éclairage public ne connaît pas la crise. Pourtant, il plombe chaque année les budgets des assemblées populaires communales (APC) et gaspille une énergie désormais précieuse. A vrai-dire, le citoyen voit surgir un peu partout de nouveaux lampadaires qui projettent toute la nuit une lumière violente dans les rues où il ne passe personne ou presque. A Tlemcen, les exemples les plus frappants sont ceux des milliers de lampadaires implantés, ces dernières années, le long des axes de circulation et rocades d'Imama, Bouhanak et Chetouane, ainsi que sur les routes qui mènent à Hennaya, Zenata, Sabra, El-Ourit et Lalla-Setti, contribuant intempestivement à l'augmentation de la pollution lumineuse et au gaspillage d'énergie. Par effet d'entraînement, certains endroits ont été progressivement recouverts de lampes, alourdissant la facture électrique pour le plus grand malheur des contribuables. « Nous voyons trop de lampadaires allumés le long des routes, ainsi que dans les espaces publics. Beaucoup de poteaux électriques restent illuminés toute la nuit dans les rues et routes », affirme un habitant de Tlemcen. Selon un cadre de la direction de l'Energie et des Mines de Tlemcen, « pour la plupart des lampadaires actuels, 70 % des lumières sont totalement inutiles car elles sont perdues dans la nature et éclairent les étoiles ! Pire : le citoyen ne profite nullement de cette énergie gaspillée abusivement ! ». Ce gaspillage, explique-t-il, a un coût énergétique et climatique mais aussi financier. « Chaque lampe allumée est une invitation au gaspillage et un message implicite à récuser le bien-fondé de la politique de maîtrise de l'énergie et des dépenses publiques », ajoute-il. Il est temps que les responsables politiques et économiques fassent preuve de clairvoyance en cessant d'adopter systématiquement le dernier gadget à la mode, gadget qui devient vite un modèle à suivre et un style de vie. De plus en plus de communes des pays occidentaux optent pour une rénovation de l'éclairage public, à la fois pour lutter contre la pollution lumineuse et aussi pour réaliser des économies d'énergie. Citons notamment la suppression des sur-éclairements (supérieurs à 30 lux), la suppression des boules énergétivores, l'utilisation de luminaires de haute performance et de lampes à basse consommation, mais aussi des réducteurs de puissance ou encore des ballasts électroniques (qui assurent un rendement plus important et un allumage/extinction plus rapide). Par ailleurs, le remplacement des sources lumineuses, l'abaissement des hauteurs de feux, le rabattement des flux lumineux vers le sol limitent les déperditions et diminuent les puissances installées. Le recours aux nouvelles technologies permettrait de gérer plus finement l'éclairage public. Ainsi, les systèmes de variation de puissance adaptent-ils la consommation aux besoins réels. L'alimentation des points lumineux par des énergies renouvelables se développe également. Certains candélabres combinent un double éolien et des panneaux photovoltaïques, d'autres accumulent de l'énergie le jour et se déclenchent la nuit, grâce à des détecteurs de présence. « L'enjeu n'est pas de basculer dans le noir complet à tout prix, prévient un cadre de Sonelgaz. Il s'agit plutôt de s'interroger sur la pertinence d'éclairer certains endroits. Un éclairage partiel peut être la solution, soit géographique, soit temporel. Et il ne demande aucun investissement financier ». Certaines villes européennes ont opté pour des dispositifs plus sophistiqués. Elles ont développé l'éclairage à distance et installé des détecteurs de présence. D'autres villes testent plusieurs systèmes d'éclairage à la carte, comme l'extinction de deux candélabres sur trois dans certains îlots d'habitation ou un système d'éclairage des luminaires en moins de trois secondes sur simple appel d'un numéro gratuit. L'éclairage public est également coupé dans les rues de la commune entre minuit et demi et 5 h 30. Aujourd'hui, il est temps que les responsables politiques et économiques fassent preuve de clairvoyance en changeant la gestion de l'éclairage public.