Le débat est lancé sur la nécessité ou non d'abroger l'activité complémentaire qui permet à un praticien spécialiste de la santé, exerçant dans le secteur public, d'avoir des activités dans le secteur privé. Après l'avis, en faveur de l'abrogation, du président du SNPSSP, le Dr Mohamed Yousfi, c'est au tour du président du SNECHU, le Pr Nacer Djidjeli, de proposer un recadrage de cette pratique. « Ce n'est pas l'activité complémentaire qui est à l'origine des pratiques, condamnables et qu'il faut sanctionner sévèrement, qui sont constatées dans les hôpitaux», affirme le Pr Nacer Djidjeli, président du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (SNECHU). Notre interlocuteur, qui a souhaité réagir aux propos du président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), le Dr Mohamed Yousfi (voir notre édition de dimanche dernier), estime que ce n'est pas l'activité complémentaire qui est en cause dans la suspension des trois médecins spécialistes, dont deux chirurgiens et une radiologue, dans un hôpital à Mascara. Tout en reconnaissant l'existence de «dépassements», il estime que l'activité complémentaire doit être «maintenue et réglementée». Cette pratique, affirme encore le Pr Djidjeli, «existe dans 90% des pays du monde». «La différence, c'est que dans ces pays, l'activité complémentaire est réglementée, et l'administration compétente fait convenablement son travail», explique-t-il. Il faut, dit-il, «améliorer les textes» en la matière, mais aussi «veiller à leur stricte application». Pour lui, «l'abrogation» de cette pratique «n'est pas la solution». «Ceux qui travaillent au noir continueront à le faire, même en interdisant l'activité complémentaire», dit-il encore, tout en confirmant le taux alarmant donné par son confrère du SNPSSP. En effet, selon le Pr Djidjeli, les investigations du SNECHU ont mené au chiffre de «80%» de praticiens exerçant en totale illégalité dans le secteur privé. Le président du SNECHU considère toutefois qu'il faut être «intransigeant» avec ceux qui ne respectent pas la réglementation. «Notre syndicat est pour le respect total de la réglementation. Toute entorse aux textes encadrant l'activité complémentaire doit être sévèrement sanctionnée», affirme notre interlocuteur. Outre un rôle plus dynamique de l'administration, le Pr Djidjeli suggère que «le Conseil de l'ordre doit aussi s'impliquer dans la gestion de l'activité complémentaire» et prononcer des «interdictions d'exercer, pendant une certaine durée» à l'encontre des praticiens reconnus coupables de pratiques malsaines. En plus du volet sanctions, Nacer Djidjeli propose d'autres solutions. Il faut, selon lui, «consacrer l'activité complémentaire uniquement pendant les week-ends et les jours fériés, pour ne pas empiéter sur l'activité dans les hôpitaux, et faciliter le contrôle», dit-il. Aussi, il propose de lier l'autorisation de l'activité complémentaire aux résultats de l'«évaluation des services et des chefs de service». «Il est nécessaire d'instaurer une évaluation annuelle des services et des chefs de service dans les hôpitaux. Un chef de service doit pouvoir établir un programme de formation de maîtres assistants, de conduire des projets de recherche et de présenter une production scientifique», affirme le président du SNECHU. «Si l'évaluation est à la hauteur, le concerné doit être autorisé à exercer à travailler les week-ends et les jours fériés dans les cliniques privées. Dans le cas contraire, la pratique doit lui être interdite», ajoute-t-il. A la question de savoir pourquoi les propriétaires des cliniques privées ne participent pas à la formation d'une partie des personnels dont ils ont besoin, le Pr Djidjeli note que cela «est impossible pour le moment». «La législation ne permet pas la formation paramédicale par le secteur privé. Et s'il faut interdire l'emploi de paramédicaux par le secteur privé, il faudra aussi fermer les cliniques privées», explique-t-il. Autre souci exprimé par notre interlocuteur, le manque de personnel paramédical. «Il n'y a pas de personnel paramédical sur le marché. La prochaine promotion est attendue pour 2017, en raison de la révision du cursus de formation. D'ici là, il y aura donc un grand déficit dans les spécialités paramédicales», ajoute Nacer Djidjeli.