Pour beaucoup, la cause est entendue: le dispositif pour un 4ème mandat du président Bouteflika a été mis en place, il ne reste que sa décision formelle de s'y engager. Le seul impondérable réside dans son état de santé. Le système en place aura réussi à focaliser l'attention sur la candidature ou non de Bouteflika évacuant de facto tout débat et encore moins un bilan sur les trois mandats. On ne parle ni d'économie, ni d'éducation, ni de Constitution et encore moins des questions de stratégie. Les problèmes de santé du président auront paradoxalement permis d'évacuer le fond du débat. C'est la raison qui fait que les candidatures sérieuses - et le chiffre de 80 candidats virtuels ne doit pas faire illusion sur ce que certains appellent «emballement» - ne se bousculent pas au portillon. L'Algérie est constamment placée par le système dans une forme de décalage temporel. Le dangereux immobilisme politique dans lequel est contraint le pays devient de la «stabilité» dans la bouche des courtisans qui ne reculent pas dans le registre de l'argument grotesque. L'Algérie n'est plus celle de 2004, Bouteflika non plus. Et pourtant dix ans plus tard, on risque de rejouer la même partition avec un Ali Benflis en lièvre principal. Seul le MSP manque au logiciel habituel puisqu'il a décidé de boycotter la présidentielle que Bouteflika y soit ou non. C'est probablement l'effet d'une lente sortie de l'ère Boudjerra Soltani - que M. Ghoul incarne toujours avec un grand appétit de «servir» - qui avait dilué totalement l'identité du MSP et lui a fait perdre de très nombreux cadres. Il est clair que le choix du MSP de boycotter la présidentielle est sans incidence immédiate. Le parti a été trop affaibli pour peser sur la situation. Tout au plus, cela enlève à l'allégeance habituelle le soutien de l'islamisme dit «modéré». Mais cette sortie confirmée de la maison de l'obéissance du MSP - cela n'a rien d'une «radicalisation» comme certains ont pu l'écrire -est le seul fait politiquement significatif. Et il s'inscrit déjà dans l'après-présidentielle. En principe, Ali Benflis qui pense avoir été «trompé» en 2004 - comme d'ailleurs une partie des journaux - devrait être un homme doublement averti en 2014. Après tout, il connaît les signaux extérieurs du choix du régime. C'est le très vieux dispositif de l'allégeance des partis FLN, RND and co, de l'UGTA, sans oublier les patrons d'entreprises qui feront toujours le «bon choix». Pour une bonne partie des Algériens, il n'y a pas d'enjeux et cela se traduira par la défection habituelle le jour du vote. L'élection se fera, si elle a lieu, avec le réservoir électoral habituel et réduit des votants «en toute circonstance». ALI BENFLIS DONT LA DECLARATION DE CANDIDATURE A ETE TRES «LISSE» - IL S'EST ABSTENU D'ENGAGER FRONTALEMENT LE DEBAT SUR LE «BILAN» - N'IGNORE PAS QUE BOUTEFLIKA EST LE CANDIDAT PAR DEFAUT DU SYSTEME. LE «DISPOSITIF» QUI S'EST MIS EN PLACE EST SUFFISAMMENT ELOQUENT. CE N'EST DONC PAS SUITE A UNE ANALYSE POLITIQUE SUR SES CHANCES DE GAGNER QUE BENFLIS EST DANS LA COURSE. IL EST DANS LA PARTIE DANS UNE LOGIQUE DE COUP DE POKER : QUE BOUTEFLIKA NE SOIT PAS DE LA PARTIE ET IL RAFLE LA MISE. DU MOINS SES CHANCES DE DEVENIR LE CANDIDAT «AGREE» AUGMENTERONT. ON COMPREND DES LORS QU'IL SE SOIT ABSTENU D'ENGAGER LE DEBAT POLITIQUE SUR LE BILAN. ON N'EST PAS DANS LA POLITIQUE, MAIS DANS LE POKER. PAS SEULEMENT DU COTE DE BENFLIS.