Abderrahmane Belayat, connu pour son «flegme» et sa retenue, n'a pas mâché ses mots hier en accusant Amar Saadani d'être atteint de la «rage» suite aux accusations portées contre le DRS il y a quelques jours. S'exprimant à l'occasion d'une conférence de presse organisée dans une villa à Draria (Alger), le «coordinateur» du FLN a qualifié de «dangereuses» et de «graves» les déclarations du SG contesté du FLN, Amar Saadani. «Après consultation et concertation des membres du comité central ainsi que la base au niveau de toutes les régions d'Algérie nous déclarons publiquement que nous nous démarquons des déclarations de ce membre du CC qui n'engagent en fait que sa personne» a déclaré Abderrahmane Belayat qui fait état d'attaque non seulement contre le DRS mais également contre la présidence de la république, le gouvernement et l'institution judicaire. Le conférencier qui dénie le droit à Saadani de se proclamer «patron» du FLN, a tenu à souligner toute la gravité et l'ampleur des dégâts occasionnés à l'intérieur du parti. «Nous croyons avoir fini avec le qui tue qui et revoilà un homme qui remet en cause le travail d'une institution reconnue par toutes les chancelleries» a encore ajouté Belayat qui évoque une ingratitude d'un homme aux abois, en la personne de Saadani. Abderrahmane Belayat a appelé hier tous les membres du CC, les membres du bureau politique, les élus ainsi que les militants du FLN à agir et à se démarquer publiquement des «agissements» de Saadani «qui ne font pas partie de la doctrine et de l'éthique du parti». Le «coordinateur» du FLN a même déclaré qu'il avait honte pour ce qui se passe à l'intérieur de son parti mais affirme cependant que le FLN redressera la barre, ira aux présidentielles du mois d'avril et gagnera les élections. Qualifiant tantôt de séisme, tantôt de déluge les dégâts provoqués par Saadani, Abderrahmane Belayat a assuré que le SG du FLN subira tôt ou tard les conséquences de ses déclarations. Même s'il ne l'a pas cité nommément tout au long de la conférence de presse, Belayat a pris clairement la défense du patron du DRS qui force dit-il le respect pour ce qu'il a fait pour son pays durant de longues années. Interrogé s'il existait en toile de fond une guerre entre la présidence de la république et le DRS autour du quatrième mandat de Bouteflika, Belayat a été peu prolixe et en se contentant de répondre par des «anecdotes» ou en racontant des histoires qu'il avait vécu personnellement lors de la guerre de libération nationale. «En 1965 je suivais des cours d'administration et un professeur étranger m'a dit que personne ne peut analyser le régime algérien» dira Belayat, le sourire en coin. Il est convaincu par ailleurs que la chute de Saadani approche. Le conférencier qui se revendique du coté de la «légalité» soutient qu'il a réussi à convaincre les deux tiers, voire les trois quart des membres du comité central pour l'organisation d'une session extraordinaire afin de désigner un nouveau SG du FLN. «Notre objectif est de récupérer légalement le FLN et le poste de SG» a tonné Belayat qui a refusé cependant à communiquer la liste des membres du CC qui cautionnent sa démarche, en soulignant que l'article 9 du règlement intérieur du parti lui donne les prérogatives nécessaires pour convoquer le CC sans aucune signatures.