Alors qu'on s'attendait au moindre mot à une prorogation du contrat de la Société des Eaux de Marseille (SEM)qui a expiré le 3 avril dernier à minuit, les discussions entre les deux parties concernées ont périclité, a-t-on appris de sources proches du dossier. Et l'on souligne dans ce contexte que le refus de la SEM de se contenter d'un avenant de prolongation du contrat pour une durée de trois mois, assortie de conditions liées à une présence réduite du personnel expatrié, selon la proposition algérienne, a précipité les évènements ces deux derniers jours vers une fin de contrat, tout court. Hier donc, le directeur de l'Hydraulique et président du Conseil d'administration de la Seaco, M. Ali Hamam, a tenu une réunion en présence des cadres de l'entreprise, du DG de l'ADE, M. Sid-Ali, et du DG de l'Office national d'assainissement (ONA), M. Azeddine Yekhlef, afin de procéder à l'installation d'un nouveau directeur général pour assurer l'intérim en remplacement de M. Michel Valin. Mais, jusque tard dans l'après-midi, la réunion n'a pas abouti à un résultat concret. D'après nos sources, les débats ont buté sur la désignation du nouveau directeur général par intérim de la Seaco, un poste qui devrait échoir soit au DG de l'ADE, soit à celui de l'ONA. Au départ, on donnait ce dernier partant pour ce poste, mais l'ADE qui détient 70 % d'actions de la Seaco (30 % pour l'ONA), ne voyant pas les choses sous cet angle, a tenté de peser sur la décision et élire à ce poste le DG de l'ADE. D'où les vagues houleuses enregistrées lors de la réunion d'hier. Des vagues auxquelles sont venues se greffer les incertitudes sur l'avenant de trois mois, accordé ou refusé à la SEM ? Car, même ce point n'a pas été tranché définitivement, selon certaines sources. Il était pourtant presque acquis que le contrat de la SEM soit prolongé jusqu'à la fin 2015 en raison de l'évènement « Constantine capitale de la culture arabe » et au vu de la disponibilité et de la bonne volonté de la SEM pour faire partager son expérience dont elle a bénéficié au passage de l'évènement similaire qui a eu lieu en France, en l'occurrence « Marseille capitale de la culture européenne ». En tout cas, cette fin de contrat a un goût d'inachevé, car beaucoup reste à faire en matière de gestion de l'eau. Sur les 19 milliards de dinars alloués à l'investissement consacré par la Seaco (société de l'eau et de l'assainissement de Constantine) chargée de la gestion de l'eau dans la ville, seulement 60% du montant ont été consommés, comme l'a souligné M. Michel Valin lors d'une conférence de presse tenue au début du mois de janvier dernier, révélant dans ce sillage que le montant consommé de 2009 à 2013, a concerné la réhabilitation de 140 km de réseau d'alimentation en eau potable (AEP), avec un programme visant à renouveler en dix ans les 1.500 km du réseau. C'est dire combien la SEM souhaitait le renouvellement de son contrat pour une autre durée de cinq ans. Mais, les choses ont évolué autrement et la fin de la mission des Marseillais a officiellement sonné le 3 avril dernier à minuit. Et rien n'a été dit quant aux causes qui ont conduit les autorités algériennes à ne pas renouveler leur confiance à la SEM, laissant la porte ouverte à des appréciations approximatives dont la non satisfaction des autorités algériennes par le bilan des cinq dernières années. On apprendra dans ce contexte que les autorités compétentes procèderont dans les prochaines semaines au lancement d'un avis d'appel d'offre international pour rechercher une société qui serait apte à apporter son assistance technique auprès de la Seaco, et la SEM devrait (si elle le désire) déposer une soumission dans ce cadre, avec d'autres sociétés étrangères concurrentes. Après une gestion de cinq ans, confiée à la SEM, la Seaco est entièrement entre les mains des Algériens. Reste à savoir si la SEM a réellement opéré un transfert de savoir-faire (inscrit dans le cahier des charges) aux Algériens ? C'est la question pertinente qu'on devrait se poser et dont la réponse ne tarderait pas à se faire connaître. Rappelons qu'une vaste panne du système informatique survenue dans l'après-midi du mardi dernier paralyse toujours toutes les agences clientèles de la Seaco.