Alors qu'un calme précaire régnait hier dimanche après la reprise la veille des échauffourées entre jeunes et forces de l'ordre dans la capitale du Mzab, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal est annoncé dans les prochains jours dans cette wilaya, indique-t-on de sources concordantes. Il faut rappeler que Sellal, alors directeur de campagne du candidat Bouteflika pour la présidentielle du 17 avril dernier, avait fait la promesse ferme de se rendre dans cette région une fois le nouveau gouvernement formé. Des représentants des deux communautés en conflit dans la ville de Ghardaïa sont déjà à pied d'œuvre pour « préparer cette visite très attendue et lui permettre de se tenir dans les meilleures conditions possibles et arriver à conjurer une crise qui perdure depuis plus de six mois » selon Djamel Eddine Fekhar, militant des droits de l'homme. Dans une lettre adressée, sous le sceau de l'urgence, à Abdelmalek Sellal et signée des mains du président du comité de vigilance, le colonel à la retraite Aïssa Yacine, il est fait état de la « situation critique que vivent certains Mozabites empêchés de travailler leurs terres agricoles et interdits d'accès à certains quartiers de la ville » est-il écrit noir sur blanc dans la lettre adressée à Sellal. L'interdiction faite aux camions d'approvisionnement en produits alimentaires d'accéder à certains quartiers des villes de Metlili et Zelfana ainsi que l'interdiction de se rendre à certains services relevant de l'administration locale sont également relevées dans la lettre adressée au PM, auquel il est demandé « d'agir instamment pour éviter tout dérapage, dans une région transformée en une véritable poudrière à ciel ouvert ». Samedi, à l'appel des représentants de la communauté mozabite, une marche pacifique a eu lieu dans les rues de la ville pour réclamer un retour à l'ordre et à la sécurité des personnes dans une wilaya qui compte 400.000 habitants dont les deux tiers sont issus de la communauté mozabite. Depuis mars dernier, plus de 10.000 policiers et gendarmes sont déployés dans la ville, sans arriver à conjurer les tensions communautaires. Des échauffourées ont éclaté samedi en fin de matinée entre groupes de jeunes et les forces de l'ordre, dans le quartier de Theiniet El Makhzen au centre de la ville de Ghardaïa. Les heurts ont éclaté dans la rue principale de ce quartier populaire où des centaines de jeunes ont érigé des barricades à l'aide de pneus en feu et jeté des pierres sur les forces de l'ordre. Ces derniers ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser une foule excitée prête à causer des dégâts au ksar de Melika où des jeunes ont grièvement blessé des passants. N'ayant pas pu accéder au ksar de Melika, bouclé par un impressionnant dispositif de sécurité, les jeunes de ce quartier opposés à ceux du quartier de Theiniet El Makhzen s'en sont pris aux forces de police qui se sont interposées entre les deux groupes et ont tenté de les disperser. Selon un bilan provisoire d'une source médicale recueillie à l'hôpital « Dr Brahim Tirichine » et confirmé par la cellule de communication de la Sûreté de Ghardaïa, une quinzaine de policiers dont deux officiers ont été blessés. Des mobiliers urbains ainsi que des biens privés ont été saccagés, notamment des voitures et les devantures des hôtels situés dans ce quartier. A Ksar Melika, deux habitations ont été incendiées ce samedi. En fin, 13 personnes ont été interpellées par les forces de sécurité.