Dans la journée d'avant-hier, Maître Ali Yahia Abdennour, président d'honneur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, a séjourné à Oran où il a animé deux activités distinctes. Dans la matinée, il a rencontré les membres de cette ligue, venus de plusieurs wilayas de l'Ouest, pour les entretenir sur un sujet d'actualité: «le consensus». Cette rencontre a eu lieu dans le siège de la LADDH à Oran. Dans un survol de l'histoire de l'Algérie, il dira que «la révolution appartient à ceux qui la terminent». Et de poursuivre: «Ceux qui ont pris le pouvoir en 1962 ont confondu entre Nation, peuple et Etat». Pour lui, l'indépendance, œuvre majeure, n'a donné «ni souveraineté ni citoyenneté». Reprenant Victor Hugo, il tonnera: «Il faut libérer la liberté, elle donnera le reste». Attaquant la période que nous vivons et du point de vue de l'opposition, il remarquera: «Il existe deux catégories qui réclament le changement: certains le veulent dans le pouvoir et d'autres veulent le changement du pouvoir». Jugeant le bilan de quinze ans de règne de Bouteflika, il dira: «C'est un bilan catastrophique». Pour preuve, «les 630 milliards de $ dépensés n'ont pas permis à l'Algérie d'accéder au rang des pays émergents». Du point de vue de la base, Maître Abdennour, se référant au taux d'abstention enregistré lors des dernières élections présidentielles, il dira : «On ne peut plus tromper le peuple algérien». Quant aux consultations sur la Constitution, il estimera que «les Constitutions algériennes sont usées avant d'être utilisées». Et de conclure: «L'Algérie est une dictature». Pour preuve, il avancera que «le pouvoir législatif n'assume pas son rôle» et «la justice n'est pas indépendante». Par ailleurs, il lancera: «Dès qu'il y a confusion des pouvoirs, il y a dictature». Revenant sur la dernière conférence de la Coordination nationale de liberté et de transition démocratique (CNLTD) qui a eu lieu le 10 juin dernier, il estimera que ses initiateurs sont appelés à sortir d'Alger et d'exposer les résultats de leurs travaux aux Algériens dans les villes et villages du pays. «Afin d'écouter leurs préoccupations aussi», ajoutera-t-il. C'est la condition sine qua non de la réussite de la démarche de l'opposition, selon ses dires. Pour lui, la question du retour du Fis ne se pose pas pour les initiateurs de la conférence. Les ex-membres de ce parti ont assisté à titre de «personnalités politiques», remarquera-t-il. Quant à l'armée, il plaidera haut et fort pour la préservation de son unité. Dans l'après-midi, Me Ali Yahia Abdennour a rencontré un autre public, à la librairie «Livres Art et Culture», public porté beaucoup plus sur la connaissance que sur l'engagement politique. Il a présenté son dernier ouvrage «La crise berbère de 1949», publié chez El Barzakh. La présentation s'est terminée par une séance de vente dédicace. Encore une fois, Maître Yahia Abdennour, âgé de 93 ans, a fait preuve d'énormément de vitalité. Son dynamisme fait rougir plus d'un jeune.