La crainte des pays africains quant à l'expansion du djihadisme dans le continent, le développement économique et la lutte contre la faim et la pauvreté ont été les grands thèmes abordés jeudi et vendredi par les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'Unité africaine. L'Algérie a été représentée à ce sommet ordinaire, tenu à huis clos, par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, représentant du chef de l'Etat. Première curiosité de ce sommet, la présence du chef de l'Etat égyptien, Abdelfettah Al Sissi, fraîchement élu nouveau 'Raïs''. On se rappelle que l'Egypte a été suspendue de l'UA dans la foulée du coup d'Etat qui a déposé son prédécesseur Mohamed Morsi. Mais, plus concrètement, à Malabo, les sujets dominants étaient peu nombreux, car la menace terroriste était sur toutes les lèvres. L'avancée et l'expansion des groupes terroristes d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), Boko Haram, le Mujao, Ansar Eddine et El Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar sont des menaces réelles qui préoccupent les responsables africains. Tout autant que le Conseil de sécurité de l'ONU qui a une nouvelle fois mercredi confirmé que ces organisations figurent dans 'la black list'' de l'ONU et, surtout, des Etats-Unis. Car le danger actuel est que toute l'Afrique est menacée et aux prises avec des groupes armés, dont Boko Hram qui terrorise l'Afrique de l'Ouest. Ce n'est pas sans hasard que le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA avait manifesté sa «profonde préoccupation» face aux «menaces terroristes» sur le continent, à la veille de l'ouverture du sommet. Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l'UA, a souligné «la gravité des nouvelles menaces que constituent le terrorisme, le grand banditisme et tous les trafics illicites». Selon lui, ces fléaux 'appellent une stratégie globale de l'Union». «L'Afrique fait face depuis peu à un ennemi d'un nouveau genre plus redoutable et sans visage, je veux parler du terrorisme qui sévit en ce moment au Nigeria et en Somalie et qui a failli désagréger le Mali», a résumé de son côté le président tchadien Idriss Déby Itno. Quant au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, il a appelé au premier jour du sommet pour une «stratégie très globale» pour faire face aux menaces terroristes qui se multiplient en Afrique. La «lutte contre le terrorisme a été discutée avec beaucoup de sérieux avec certains dirigeants africains» au cours du sommet qui a lieu jeudi et vendredi, a déclaré Ban Ki-moon. Il ajoute: 'Bien sûr c'est un problème mondial, un pays ou une organisation comme les Nations unies ou l'Union africaine ne peuvent l'affronter seules. Nous devons avoir une stratégie très globale, soutenue et unie de la part de toute la communauté internationale». LA SECURITE REGIONALE PREOCCUPE L'ALGERIE L'Algérie, dont le rôle dans la construction de la paix au Mali a été salué mercredi par le Conseil de sécurité de l'ONU dans une résolution sur le renouvellement, reste quant à elle profondément préoccupée par la sécurité régionale. M. Sellal l'a d'ailleurs expliqué lors de son entretien avec le président tunisien Mohamed Moncef Marzouki. «La question sécuritaire est devenue très importante de nos jours et le meilleur investissement est le rétablissement de la sécurité», a-t-il dit avant d'ajouter que 'nous avons besoin avant tout de stabilité». Avec le président tunisien, il a discuté de questions sécuritaires au Sahel, au Nigeria et en Irak ainsi que le retour de l'Egypte au sein de l'UA. Pour la Libye, M. Sellal a estimé nécessaire que les pays voisins intensifient leurs efforts avec la Libye en coordination avec l'ONU, l'Europe et les Etats-Unis afin de parvenir à une solution à la crise libyenne. 'La solution doit émaner de la volonté des Libyens de coopérer avec les Etats voisins», a-t-il relevé avant de faire état de la préoccupation des autorités algériennes quant à la sécurité actuelle en Tunisie où des groupes terroristes se sont installés. 'La sécurité de la Tunisie est celle de l'Algérie, et vice versa'', a-t-il précisé. Abdelmalek Sellal a par ailleurs relevé l'impératif développement de l'Afrique pour mettre fin au fléau du terrorisme, et, surtout, une approche globale qui unisse les pays africains dans leur quête de développement. 'Lorsqu'un pays africain souffre c'est toute l'Afrique qui souffre. Lorsqu'un pays africain se réconcilie c'est toute l'Afrique qui se réconcilie. Lorsqu'un pays africain se développe c'est toute l'Afrique qui se développe. La réussite de chacun est la réussite de tous», explique-t-il. L'ombre des tractations de paix au Mali a également plané sur ce sommet ordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA, également centré sur les questions de développement agricole, de commerce, des nouveaux marchés et de l'expansion des investissements dans le continent.