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Wilayas déléguées : «La forme sans le fond»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 18 - 02 - 2015

La décision du président de la République de créer plusieurs wilayas déléguées, notamment dans le sud du pays, continue de faire réagir des spécialistes des collectivités locales dont beaucoup la qualifient «d'amateurisme»
Annoncées au nombre de 9 par Bouteflika et de 11 par Sellal, les wilayas déléguées devant être créées vont l'être selon «des spécialistes de la locale», en dehors des lois de la République, sans aucun ancrage légal et ne répondent pas aux normes universelles en la matière. Nos interlocuteurs qui ont eu à gérer des collectivités locales pendant de longues années, rappellent que la première norme universelle veut que « la création d'entités locales doit se faire sur une périodicité décennale pour qu'elle soit en rapport avec l'accroissement des populations ». La création de nouvelles wilayas, quand elle est décidée, doit impérativement l'être par voie légale, « c'est-à-dire, disent-ils, par une loi dûment adoptée par le Parlement, elle doit prendre en compte, outre le facteur démographique, l'homogénéisation des espaces, ses données géographiques, économiques et sociales…entre autres, la viabilité des ressources existantes, la distance séparant un chef-lieu de wilaya d'un autre... » L'Algérie l'avait pourtant, selon eux, fait durant les décennies passées. « Le premier découpage administratif a été décidé en 1974 et le second en 1984, mais celui de 1994 n'a pas été fait pour cause d'insécurité et d'instabilité du pays, contrairement à 2004 où il n'y avait aucun empêchement mais n'a pas été effectué», notent-ils. Ils affirment que le découpage administratif doit se faire en principe, entre deux opérations de recensement de la population. « Le premier recensement général de la population et de l'habitat (RGPH), a été effectué en 1965, le second en 1977 et entre les deux, en 1974, il y a eu un découpage administratif », disent nos interlocuteurs pour exemple. Le recensement sert en évidence, à démontrer que le nombre des habitants a augmenté et qu'il faut par conséquence, soutiennent-ils, « évaluer les nouveaux besoins de services publics et reconduire l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire national ».
De part leurs expériences, ces anciens cadres des collectivités locales s'accordent à dire que « si le découpage administratif n'est pas fait quand les populations augmentent, les problèmes socio-économiques du pays se compliquent forcément et se démultiplient ». Ils soulignent que « les territoires nationaux n'ont pas été re-découpés depuis 30 ans ». Une période qu'ils jugent trop longue alors que les grands agrégats du pays ont été profondément bouleversés. C'est ce qui les laisse affirmer que «c'est à cause de l'absence d'autorités locales sur de larges territoires que les populations du sud du pays se sont senties marginalisées, délaissées et même abandonnées ».
LES IMPERATIFS SECURITAIRES METTENT L'ETAT AU PIED DU MUR
Nos interlocuteurs sont convaincus que «la décision de création de wilayas déléguées est certes éminemment politique, mais elle a été dictée par les forces de l'ANP qui pèsent bien aujourd'hui le poids des problèmes sécuritaires qui menacent le pays ». C'est, affirment-ils, « sur demande des forces opérationnelles militaires en faction dans les régions du sud du pays que la création de nouvelles entités locales a été décidée, pour plus impliquer le citoyen dans le renseignement et la vigilance ». Au-delà du fait que ces régions ont, de tout temps, été et restent sous-administrées, leurs territoires sont depuis ces dernières années livrés à la contrebande en tout genre, aujourd'hui plus que jamais, après le déclenchement du conflit malien, la crise libyenne, les problèmes tunisiens, sans oublier l'état des frontières ouest du pays qui sont fermées aux populations des deux pays limitrophes mais constituent des passoires pour notamment l'accablant commerce de la drogue. L'on rappelle que le 1er ministre avait annoncé l'année dernière à partir de Bord Badji-Mokhtar qu'il allait rendre visite aux postes frontaliers de Deb Deb et Bordj Omar Driss, deux postes sécuritaires avancés de grande importance. Une promesse qui n'a pas été suivie d'effet à ce jour « pour des raisons d'agenda, » nous disent des cadres de son cabinet. Daho Ould Kablia, alors ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, a été le premier responsable à annoncer la création de nouveaux centres urbains tout au long du tracé entre Tamanrasset et In Salah par lequel l'eau passe. L'idée a germé depuis que Sellal alors ministre des Ressources en eau, avait étroitement suivi la réalisation de ce qui a été appelé « le projet du siècle », qui a permis de ramener l'eau d'In Salah vers Tamanrasset, sur une distance de 700 km. L'eau devait booster l'économie et réanimer des zones sans vie. Ce sont cependant les impératifs sécuritaires qui mettent aujourd'hui l'Etat au pied du mur pour l'obliger à assurer le développement de ces régions, leur consacrer la justice sociale et la sécurisation de leurs populations et de leurs biens.
LES WILAYAS DELEGUEES N'ONT PAS D'ASSISE CONSTITUTIONNELLE
« L'Etat doit être présent à travers l'ensemble de ses démembrements », plaident les spécialistes. Mais comme « aucun des critères qui doit prévaloir à la création de nouvelles wilayas n'a été respecté, c'est dire, estiment-ils, que le nouveau découpage administratif a été décidé à la hussarde». Bien qu'ils avancent que la décision répond plus à des objectifs sécuritaires, elle est « du pur amateurisme » parce que, affirment-ils, « les wilayas déléguées n'ont jamais réglé aucun problème, mais plutôt compliquent davantage les situations». Pour en avoir eu 12 en 97 et en être à 13 depuis 2000, la wilaya d'Alger en fait souvent les frais au regard de la profonde pagaille qui règne dans ses quartiers. Ceci, sans compter qu'entre le chef-lieu de la capitale et ces entités de « demi-mesure », il y a plus d'incompatibilité d'humeur que d'efficacité. Nos interlocuteurs rappellent que les wilayas déléguées n'ont pas d'assise constitutionnelle parce qu'elles ne sont pas comptées parmi les collectivités territoriales de l'Etat. « Les collectivités territoriales de l'Etat sont la commune et la wilaya, » stipule l'article 15 de la Constitution. Nos spécialistes estiment que forte de ses 2.381.741 km2, l'Algérie a besoin d'avoir près d'une centaine de wilayas pour pouvoir gérer convenablement ses territoires et faire valoir l'autorité de l'Etat. Ils expliquent que «les wilayas déléguées ne pourront être les détentrices de cette autorité puisqu'elles resteront toujours gérées par la wilaya mère. « Elles sont soumises à l'autorité du wali parce qu'elles n'ont pas d'ordonnateur, elles n'ont donc aucun pouvoir financier pour décider d'un quelconque projet. « L'assemblée élue constitue l'assise de la décentralisation et le lieu de la participation des citoyens à la question des affaires publiques », stipule l'article 16 de la Constitution. « In Salah devra pourtant attendre que Tamanrasset, son chef-lieu de wilaya éloigné de 700 km, est seul à décider ou pas de lui allouer quelques sous de son budget », font remarquer nos interlocuteurs. « Les wilayas déléguées n'ont pas ainsi de conseils exécutifs, pas d'APW en évidence, pas d'organes délibérants, donc pas d'encadrement responsable et sont dirigées par des subdivisionnaires qui devront attendre le bon vouloir des directions centrales siégeant au niveau de la wilaya », disent-ils. Ce qui est loin d'atténuer le sentiment de dépendance qui mine les esprits des populations des contrées concernées. « Ce sentiment de frustration pourrait mener à une déstabilisation plus forte et la situation pourrait déraper », craignent les observateurs.


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