«Malade cherche désespérément pochette de sang», c'est le cri de détresse lancé par des patients, des chirurgiens du CHU de Constantine et des membres actifs dans le créneau du «don de sang au sein du mouvement associatif. « Il y a une forte probabilité que la wilaya de Constantine perde, cette année, le haut du podium en matière de collecte de sang», estiment des avis largement partagés. Le manque de pochettes de sang au CHUC, l'un des plus grands établissements de santé publique de l'est du pays est tout simplement alarmant, car il y va directement de la vie des malades dont le traitement passe irrémédiablement par une transfusion sanguine, particulièrement les patients atteints d'hémophilie, les malades en phase préopératoire et en attente dans les services de chirurgie, ainsi que les victimes d'accidents de la route où la transfusion sanguine est souvent le premier geste médical qu'on prodigue. Ainsi, des voix s'élèvent ici et là, à Constantine, pour sensibiliser les citoyens à propos de cette pénurie en «poches de sang», les invitant à manifester leur solidarité avec les malades, à donner un peu de leur sang pour sauver des vies humaines. Et, l'on se rend compte avec certitude qu'il y a urgence en la matière lorsque ce sont des chirurgiens, eux-mêmes, qui tirent la sonnette d'alarme. Plusieurs spécialistes en chirurgie ont signalé cette défaillance auprès de la direction de la santé, insistant dans leurs doléances sur le manque de pochettes de sang qui hypothèque sérieusement l'exécution du programme opératoire établi pour des malades en attente de ce rendez-vous depuis des mois pour certains d'entre eux. Des chirurgiens du CHUC nous ont avoué dans ce contexte qu'ils ne peuvent mener à bien leur travail avec ce manque de pochettes de sang. «Nous espérons bien accomplir le programme des opérations chirurgicales avant les grandes chaleurs d'été, mais si l'on ne trouve pas une solution en urgence à cette pénurie de pochettes de sang, des risques de perturbation de ce programme ne sont pas à écarter. Avec toutes les complications que cela impliquerait pour la santé des malades », prévient-on. Quant aux causes de cette pénurie, «il ne faut surtout pas la chercher sur le registre d'une désertion ou d'un détournement massif des donneurs de sang», signalent des sources très bien informées qui nous ont confirmé du reste que «les pochettes de sang se font effectivement très rares de nos jours». Nos sources dénoncent sans ambages «un travail mal accompli» par les services de transfusion sanguine. Il est vrai, consent-on, que le programme des opérations de collecte de sang suit son cours régulier, mais il faut relever que «la collecte est très maigre ces derniers temps». «Il faut aller au devant du citoyen pour le convaincre de donner son sang et ne pas seulement se contenter d'installer les camions spécialisés et rester dedans en attente des donneurs», estiment nos sources. La direction de la santé, vraisemblablement consciente de cette situation désespérante, penche sur l'élaboration d'un programme spécial pour combler le déficit en pochettes de sang, nous a-t-on indiqué. Aussi, nous a-t-on appris, la même Direction compte lancer dans la foulée des formations dans le domaine de la transfusion sanguine pour renforcer les équipes en place en personnel spécialisé. En attendant, des malades doivent encore patienter avant de passer sur la table des opérations chirurgicales, alors que d'autres peuvent se trouver en danger de mort s'ils éprouvent le besoin urgent d'une transfusion sanguine, les victimes d'accidents de la circulation routière, dont le traitement ne peut, parfois, attendre des prélèvements de sang auprès de proches parents.