Alors que de nombreux salariés sont au bureau, dans un espace climatisé, d'autres bossent écrasés par une chaleur harassante de leur usine, en ce mois de ramadan où règnent de fortes chaleurs. A CERAMIG, une usine de céramique à Ghazaouet, des dizaines de travailleurs activant dans le grand atelier de production des produits céramiques (lavabos, sièges à anglais ou la turcs, receveurs de douche, réservoirs, éviers, et divers autres accessoires sanitaires) sont mis à rude épreuve par les chaleurs dégagées par des fours dont la température en continu atteint les 1250 °C. Ces courageux ouvriers sont fidèles à leurs postes respectifs dans leur atelier transformé en fournaise, où une température ambiante vacille entre 50 et 60°C. « Malgré la chaleur endogène et exogène, et le mois de jeûne, on ne constate pas plus d'absentéisme, ni d'arrêts-maladie, pas d'accidents particuliers non plus cette saison estivale. Nos travailleurs continuent à assurer pleinement leurs tâches aux ateliers de façonnage, séchage, émaillage, cuisson, et de maintenance. Ni le jeûne, ni la canicule, ni la chaleur ne semblent trop inquiéter ces ouvriers qui ne lésinent pas sur l'effort physique en dépit de la soif. Nous avons été contraints de procéder à un réaménagement des horaires du travail durant cet été. « On est passé à de nouveaux horaires, à savoir, de 5 heures du matin à midi, pour faire face à la hausse vertigineuse de la température de ces mois de canicule et permettre aux travailleurs de se reposer les après-midi pour leur éviter également la chaleur suffocante », nous expliquera Nemiche Abderrachid, directeur général de cette entreprise qui veille beaucoup sur la santé de ses personnels de différentes catégories socioprofessionnelles. Djaffar, Houcini, Bensaid, Hamel, des ouvriers croisés lundi dernier parmi d'autres dans les ateliers de façonnage, collage et de cuisson de cette immense usine, nous ont tous affirmés qu'ils préfèrent pratiquer le jeûne dans leur usine malgré une atmosphère brûlante, étouffante, et surchauffée qui rend les conditions du travail plus pénibles. Ces travailleurs déploient quotidiennement de grands efforts pour remplir des moules en plâtre en barbotine. Après un moment laissée à la pièce pour prendre et sa consolidation à une température avoisinant les 40°C, ils commencent le démontage, le rabotage, la finition et donnent un coup d'éponge avec de l'eau au produit. Ces salariés procèdent ensuite au nettoyage du poste de travail, et préparent les moules pour le façonnage des pièces le lendemain. Pour la cuisson sans arrêt de ces produits, ils poussent des wagonnets qui séjournent pendant près de 24 heures dans des fours. Une équipe composée d'une quarantaine de personnes spécialisée dans la soudure, l'électricité et la mécanique est chargée de la maintenance et le remplacement des équipements qui tombent en panne. « Il fait chaud, très chaud. Mais que voulez-vous qu'on vous dise ? On supporte. Ce n'est pas le jeûne et la canicule qui vont nous pousser à prendre nos congés annuels. Notre direction générale a bien vu quand elle a réorganisé le temps du travail, au moins ça nous permet de se reposer l'après-midi chez soi », confient des ouvriers. Le directeur technique, Zerouali Fethi, qui a salué le courage et la souffrance au quotidien de ces ouvriers qui viennent de Ghazaouet, Souahlia, Tient, Dar-Yaghmorassen, Sidi-Boudjenane, Bab-Assa, Nedroma et Maghnia, nous confiera qu'une ambiance conviviale et familiale règne au sein du personnel dont beaucoup travaillent ensemble depuis plusieurs années.