Comment peut-on prétendre parler de l'avenir du pays quand les principaux concernés, les jeunes gens, les jeunes filles, ne sont pas associés, à la vision de l'Algérie de demain ? Pour la plupart, ils sont, donc, là, à ne rien faire. On les a affublés du surnom infamant de « hittistes ». « Tenir le mur » comme on dit. Pour certains, très peu d'entre eux, avant de bondir sur une « occasion ». Pour commettre un petit larcin. Parfois. Les plus dégourdis, ou qui se croient l'être, choisissent, à leur corps défendant, l'aventure. Ils prennent la barre. Avec, au bout, la possible noyade. Ou le retour à l'envoyeur. La tête en l'air, fixant les sommets, attendant les décisions des autorités. Pour les critiquer. Avec raison souvent jusqu'à épuisement des sujets de débats, sans que, pour cela, il y ait le moindre frémissement, en vue d'un changement d'orientation les états-majors des partis d'opposition, pour la plupart, ne voient pas pousser les enfants, les millions d'enfants et de jeunes gens qui se cherchent, sans se trouver. Pour aller dans tous les sens. Peut-être font-ils dans la discrétion ? En tous cas, dans leurs documents, sauf erreur, rien ne transpire sur l'avenir de la majorité de la population. Les moins de vingt ans, surtout. S'ils ont fait montre d'une grande sensibilité pour ce qui concerne les grandes orientations du pays, leurs préoccupations, à la suite de la chute des prix des hydrocarbures, ont proposé des issues pour sortir de ce qu'ils nomment la crise politique et d'autorité, des propositions constructives, ils ne semblent pas prendre en charge les préoccupations de la jeunesse. La jeunesse, ce n'est pas, seulement, un label auquel on ajoute « et les sports ». C'est une politique, en sa faveur, dans sa direction qu'il s'agit d'élaborer. Ce ne fut pas l'erreur commise par les conquérants de Novembre. Eux vous diront que le scoutisme, les Scouts Musulmans Algériens, fut l'école du patriotisme, de l'éducation civique des jeunes que les parents étaient, souvent, incapables de procurer, laissant ce soin à la rue. Leurs aînés ajouteront que c'est dans ce terreau que les plus belles plantes furent cueillies. Là où les valeurs nationales leur furent transmises. Avec le billet de passage vers l'engagement politique. C'est au sein de cette formation que l'on apprit « Maoutini », l'hymne palestinien, suivi de son explication de texte. A l'âge de dix ans, des enfants entendaient parler de la spoliation de la terre palestinienne. Et comprenaient qu'ils subissaient un sort identique. Pour se situer. Agir. Il n'est pas exceptionnel de lire, dans les biographies des résistants, leur passage par l'école des SMA. La prise de conscience et la lutte qui s'en suivit, n'étaient, donc, pas le produit d'une génération spontanée. Elle était parrainée. Ce ne sont là que des rappels, des évidences que chacun a renvoyés, au fond de sa mémoire. Mais des évidences qu'il faut ramener au centre des préoccupations de la politique, et des politiques, pour que soit assurée la relève. A moyen et long termes. Ranimez ou créez ces formations. Sans leur transmettre nos tares. Sans leur transmettre nos craintes, nos complexes, nos lubies. Ni Jeunesse FLN ni formation dirigiste, à forte densité idéologique. Les aider, seulement, à se rencontrer, se retrouver, s'écouter, se parler, se prendre en mains et se révéler. Ils ne manquent ni d'énergie ni de génie. Un cadre. Et leur lâcher la bride. Derrière ce que l'on croit être des canassons, des mustangs peuvent bien se révéler.