Pris à partie par Amar Saadani au reproche que lui et le RND qu'il dirige refusent d'admettre la primauté du leadership du FLN sur la majorité présidentielle, Ahmed Ouyahia a tenté de l'amadouer en tenant d'amènes propos à son égard et à mettre en exergue que leur deux formations ont plus en commun de stratégiques convergences que de points de divergence. Le patron du RND en a été pour ses frais car Amar Saadani a été insensible à son opération de séduction et qui plus est lui a fait savoir qu'il continuera à s'en prendre à lui car il n'est pas un homme en qui avoir confiance. Il fallait s'attendre qu'après cette cinglante et définitive réaction du patron du FLN à la tentative d'Ouyahia de calmer le jeu dans leurs rapports, celui-ci ou son parti prennent la mouche et lui répliquent. Ce n'est pas Ouyahia qui l'a fait mais Seddik Chihab, son plus proche collaborateur et porte-parole du RND dont la réponse à l'attaque du chef du FLN a envenimé la polémique entre les deux formations. Des échanges on ne peut plus acerbes ont en effet opposé Seddik Chihab à son homologue du FLN, Hocine Khaldoun, l'un accusant le parti de l'autre d'avoir trempé dans la fraude électorale. Cette tare de leurs formations que se sont renvoyé les deux polémistes n'a été en rien une découverte pour les citoyens qui les ont entendus ou lus. Ils ont été néanmoins sidérés parce que des caciques de partis de la majorité présidentielle reconnaissent ouvertement qu'il y a fraude dans les élections, admettant ainsi implicitement le bien-fondé des accusations formulées sur le sujet par l'opposition. Tout à leur haine partisane inextinguible, les porte-parole du FLN et du RND ne se sont apparemment pas rendus compte que leur échange a été destructeur et pour le parti qu'ils défendaient et pour le régime dont ils sont les piliers politiques. L'opposition a certes dénoncé la fraude électorale mais sans parvenir à en administrer les preuves qui auraient déconsidéré le régime auquel elle l'impute et les partis qui en ont été les bénéficiaires. En reconnaissant qu'elle a bel et bien eu lieu, les deux caciques partisans de la majorité présidentielle ont confirmé la véracité de ses dénonciations que les autorités et les partis de la majorité ont pourtant systématiquement réfutée et qualifiée de calomnies venant d'adversaires aigris et « mauvais perdants ». Les quelques naïfs algériens qui ont eu foi en leur dénégation de la fraude électorale sont désormais forcés d'admettre la réalité de celle-ci. De convenir aussi que l'opposition a raison de traiter le pouvoir qui y a eu recours incontestablement illégitime électoralement et que la majorité dont se revendiquent les partis en ayant bénéficié, l'est de même. Ils devraient, de ce fait, ne plus traiter d'injustifiables les revendications de l'opposition de mise en place d'une commission nationale électorale indépendante au vrai et strict sens de ce mot et d'organisation suite à cela d'élections législatives anticipées qui réhabiliteraient en les crédibilisant toutes les institutions électives de la République. Cela est d'autant impératif que la majorité qui gouverne présentement le pays fait montre du degré zéro en politique comme le démontre sa guéguerre intestine dans un contexte où économiquement et sécuritairement l'Algérie a beaucoup à craindre pour sa stabilité. Une guéguerre dont elle aurait dû faire l'économie si elle s'estimait réellement dépositaire de l'intérêt national.