Au troisième jour d'une campagne électorale des plus insipides, le citoyen-électeur a la tête ailleurs. Loin, très loin de la chose politique Jeudi en milieu de journée, les panneaux d'affichage installés un peu partout dans la ville de Tiaret, restaient tristement vides. Les quelques rares affiches des partis dits «gros calibre» n'attirent guère l'attention du citoyen, quand elles ne sont pas carrément déchirées ou taguées avec des inscriptions qui en disent long sur le divorce consommé du Tiarétien lambda d'avec la chose politique. Pour le scrutin du 4 mai, dix-neuf partis politiques, -et aucune liste indépendante-, sont engagés dans la course pour les onze sièges qui représentent la capitale des Hauts-Plateaux de l'Ouest. Excepté peut-être Tahar Hadjar, ministre de l'Enseignement supérieur et la Recherche scientifique qui conduit la liste du FLN, Belkhiri Hamid, ancien député et tête de liste de la formation d'Ahmed Ouyahia (attendu ce dimanche à Tiaret), ou encore Bouali Mustapha, un cadre de la santé pour le parti d'Amar Ghoul, la majorité des candidats est inconnue du grand public. A la permanence du FLN, l'ambiance est des plus lourdes, le souvenir de Bouriah Mansour, un militant du FLN, décédé le 12 mars dernier d'un malaise cardiaque après une rixe devant la Mouhafadha, hante toujours l'esprit des militants de l'ancien parti unique. «Les candidats, tous partis confondus, n'ont pas grand-chose à dire. Ils sont à court de sujets convaincants pour chasser des voix ; jamais, de mémoire de Tiarétien, une échéance électorale n'est apparue aussi monotone», commente, l'air blasé Ali, la tête penché à lire un journal sportif dans un café du centre-ville. A l'instar d'autres wilayas du pays, des citoyens sont intrigués par ces affiches où les visages des femmes sont floutés, ou avec une simple ombre en guise de visage La nouveauté est, peut-être dans cette liste formée dans sa majorité d'avocats au barreau de Tiaret, conduite par Hafs Younès, avocat à la cour de justice de Tiaret. Les réseaux sociaux sont également investis, ces derniers jours, par des formations politiques en quête désespérée de voix. Si certains candidats font preuve d'innovation pour défendre leurs chances, d'autres publications prêtent carrément à rire, comme ce tête de liste qui propose d'aider les femmes veuves à acheter le mouton de l'aïd ! Et pour sensibiliser sur l'importance du scrutin pour les législatives du 4 mai, les autorités locales ont eu l'idée d'organiser, à partir de samedi 15 avril, des spectacles musicaux, avec des stars de la chanson, invitées pour animer des shows au théâtre de plein air à la maison de la culture Ali Maâchi. Bachir, fonctionnaire, rencontré mardi au populeux quartier de Erras Soug, parait plus intéressé par le nom du nouveau sélectionneur des Verts que de l'identité des prochains locataires du Palais Zighoud-Youcef. «Voter oui, mais pour qui ?», renchérit Mehdi, un retraité de l'administration publique. Pour une majorité du «peuple des votants», Dame Pomme de Terre continue à tenir le haut du pavé et torturer les méninges de plus d'une ménagère, quand «Sa Majesté» la banane, même si elle est disponible à profusion, continue à flirter avec les 400 dinars le kilo. Pour la «vérité» des chiffres, l'on saura, dans un bref communiqué de la cellule de communication du cabinet du wali, que la wilaya de Tiaret compte 537.094 électeurs dont 14.818 nouveaux inscrits. 293 centres de vote seront ouverts. 75 pour les femmes et 139 mixtes. Les bureaux de vote sont au nombre de 1485 dont 712 pour les femmes. Le scrutin va mobiliser pas moins de 11.860 agents électoraux. 725 panneaux d'affichage et 59 salles sont également réservés pour la campagne électorale.