Les rapatriements massifs par l'Algérie de plusieurs milliers de ressortissants nigériens, au cours des dernières semaines, préoccupent les autorités nigériennes. C'est ce qu'a déclaré hier, samedi, devant les parlementaires le chef de la diplomatie nigérienne Ibrahim Yacoubou. «Plus 20.000 Nigériens ont été rapatriés d'Algérie sur 4 ans. Je dois vous dire que c'est une préoccupation importante pour nous et nous l'avons fait savoir» aux autorités algériennes, a-t-il affirmé. Il a expliqué que l'Algérie et le Niger «vont continuer à avoir un dialogue» pour «définir un cadre plus précis pour gérer cette migration». «Nous avons plaidé» pour qu'une catégorie de migrants, notamment «les acteurs économiques» et ceux qui vont pour «travailler» soient «épargnés», a poursuivi M. Yacoubou. Cependant, le Niger, a-t-il précisé, a obtenu des autorités algériennes «l'arrêt» des refoulements des migrants d'autres nationalités via son territoire. Entre les mois d'août, septembre et octobre, l'Algérie a procédé au rapatriement de plusieurs milliers de Subsahariens en situation irrégulière. Mais, ces opérations ont été critiquées par des ONG, dont Amnesty international'. Plus de 2.000 ressortissants d'Afrique subsaharienne ont été arrêtés, depuis le 22 septembre, en Algérie et expulsés vers le Niger et le Mali, a indiqué l'ONG, le 23 octobre dernier, et a dénoncé «des arrestations arbitraires» et des expulsions massives et «illégales». La plupart de ces personnes, arrêtées à Alger, dans sa périphérie et à Blida ont été conduites en bus à Tamanrasset, près de 2 000 km plus au sud, «avant d'être abandonnées» par les autorités algériennes dans une localité du côté nigérien de la frontière, avait indiqué Amnesty dans un communiqué. Selon l'ONG, «les forces de l'ordre ne cherchaient pas à savoir si les migrants séjournaient légalement ou non, en Algérie», et affirme que certains avaient des visas valides. «Les autorités algériennes doivent, de toute urgence, mettre un terme à ces arrestations et expulsions illégales», affirme Heba Morayef, directrice des Recherches pour l'Afrique du Nord, à Amnesty, qui s'est insurgée contre une «attitude discriminatoire à l'égard des migrants d'Afrique subsaharienne». Parmi les expulsés figurent des Nigériens, des Guinéens, des Burkinabés, des Béninois, des Maliens, des Ivoiriens, des Sénégalais, des Nigérians, des Libériens, des Camerounais et des Sierra-Léonais, selon Amnesty, qui a souligné qu'il y a parmi ces migrants plus de 300 mineurs, certains non accompagnés. Pour autant, à Niamey, on assure que les opérations de rapatriement effectuées par l'Algérie ont été faites de concert avec les Autorités nigériennes en vue de rapatrier les ressortissants «vivant en situation de vulnérabilité extrême et sans emploi, en Algérie». Le Premier ministre nigérien avait expliqué que ces migrants «vivent, malheureusement, de la mendicité». Les premières opérations de rapatriement de migrants subsahariens par l'Algérie, à travers le Croissant- Rouge algérien, avaient commencé, en 2015, par le rapatriement 3.000 Nigériens dont 76% d'enfants. Selon des ONG, il y aurait quelque 100.000 Subsahariens, vivant en situation irrégulière, en Algérie, hors de tout cadre juridique. Début juillet dernier, Ahmed Ouyahia, alors SG du RND, avait déclaré à Ennahar TV' que «cette communauté étrangère, qui réside en Algérie de manière illégale, est source de crimes, de trafics de drogue et plusieurs autres fléaux». Allant, tout à fait, à contre sens de la démarche de l'ex gouvernement Tebboune, qui avait annoncé des mesures de prise en charge, dont une carte de séjour, des migrants et réfugiés subsahariens, Ouyahia avait ajouté: «nous ne disons pas aux autorités, jetez ces migrants à la mer ou au-delà des déserts. Mais le séjour, en Algérie, doit obéir à des règles».