Le directeur général de «Salama Assurance», M. Mohamed Benarbia, a reconnu, hier, lors d'une conférence de presse, organisée à l'hôtel Soltane', à Alger, que le secteur des Assurances a été, sérieusement, impacté durant l'année 2017, par la conjoncture financière et économique difficile du pays. Les prix fluctuants des hydrocarbures, la politique d'endiguement des importations, notamment des véhicules, le gel des grands projets d'infrastructures et la baisse du pouvoir d'achat ont entraîné une baisse de la demande d'assurance globale. Salama Assurances' n'a pas échappé à la règle, puisqu'elle a connu une décroissance de -4 % comparativement, à l'année 2016. Cette compagnie d'assurances a vite essayé de s'organiser le mieux pour garder sa position de 2ème compagnie d'assurances privée, après la CIAR et sa 7ème place dans le secteur des Assurances. La compagnie d'Assurances a, donc, engagé une politique de sélection de risque : « les chauffards qui ont des dossiers corporels, notamment ceux ayant enregistré deux ou trois sinistres par an, ont été écartés». Autrement dit, explique le DG, «les clients responsables de plusieurs sinistres automobiles, on leur applique les tarifs édictés par la loi, ce qu'on appelle un Malus, une prime importante qui les pousse à fuir automatiquement, vers d'autres compagnies qui n'appliquent pas la loi en vigueur». M. Benarbia a pointé du doigt le dysfonctionnement du marché des Assurances sur cette question, en précisant que la majorité des entreprises d'Assurances n'appliquent pas, rigoureusement, la clause de Bonus-Malus. Pourtant la réglementation est claire : les compagnies d'assurances doivent appliquer le système de réduction et de majoration de la prime d'assurance automobile. Ainsi, la prime est généralement réduite (Bonus) en l'absence de sinistre et majorée (Malus), dans le cas contraire. Autrement dit, les conducteurs qui ont un bonus paieront, moins cher et ceux ayant un malus (plusieurs sinistres) paieront plus cher. Le DG de «Salama Assurances»a affirmé que l'application de cette loi et cette sélection de clients à risque «chauffards et terroristes de la route», a permis à son entreprise une baisse de 400 millions de DA, sur les sinistres automobiles déclarés. «Nous sommes passés de 3,8 milliards de DA de sinistres déclarés en 2016 à 3,4 milliards de DA, en 2017». La compagnie a, par ailleurs, engagé une politique d'assainissement interne, visant à sanctionner ses agences qui n'arrivent pas à traiter et répondre, rapidement, aux dossiers pour le règlement des sinistres. Ou, celles qui ne font aucun effort pour le recouvrement des créances de Salama Assurances' auprès des entreprises et certaines institutions de l'Etat. Des dettes dont certaines datent de 2006. «Salama Assurances» a décidé de se lancer dans des produits d'assurance, dans le domaine agricole et étudie la possibilité de revoir la formule actuelle « l'assurance tous risques » qui est, aujourd'hui, peu demandée vu son prix exorbitant. M. Benarbia a affirmé dans ce sens qu' « on est en train d'étudier la possibilité de lancer un nouveau produit équivalent de la formule «Assurance Auto tous risques», à un prix économique acceptable». «Salama Assurances Algérie» prévoit d'atteindre un taux de croissance de 6%, en 2018, et un chiffre d'affaires de 5,1 milliards de DA, soit +6,12% par rapport à 2017. Pour ce qui est des sinistres déclarés, les prévisions tournent autour de 3 milliards de DA, soit une chute de 14%, par rapport à 2017. L'absence de cadre réglementaire de la finance islamique pose problème En dépit de l'absence d'un cadre réglementaire spécifique à la finance islamique, «Salama Assurances' a lancé, tout de même, des produits «takaful» sur le marché algérien. Des produits conformes à la Chariaâ où la compagnie d'Assurances propose à la clientèle des couvertures de protection des personnes, du patrimoine et des responsabilités sous forme de nouvelles formules alternatives à l'Assurance conventionnelle, fondée sur le principe de la solidarité entre les membres de la mutualité formée par l'ensemble des participants. Pour le DG de «Salama Assurances», l'obstacle majeur est d'évoluer dans un cadre clair. Ce n'est pas encore le cas, « car il n'y a pas des outils de la finance islamique, ce qui nous oblige de placer 50% d'engagements réglementés dans les bons de trésor, soit 2, 2 milliards de DA, sans intérêts économiques pour la compagnie», dit-il, en précisant que « si on a des «Soukouks» souverains émis par le Trésor algérien, ça sera un revenu de plus pour l'entreprise, on ne sera pas obligé de faire sortir les intérêts et les placer dans des actions caritatives ou actions d'intérêt général».