Le lancement avant-hier de 7 missiles balistiques sur Ryadh a marqué le troisième anniversaire de l'existence de l'alliance militaire arabe née en 2015 au lendemain du déclenchement de la crise yéménite. Dans la nuit de dimanche à lundi, les Houthis ont lancé 7 missiles sur la capitale du royaume wahhabite tuant un résident égyptien et blessant quatre autres personnes. Selon une déclaration du colonel Torki El Maliki à la presse, «ce sont juste des débris qui ont atteint Ryadh parce que les forces aériennes saoudiennes ont intercepté les 7 missiles, les trois lancés sur Ryadh, deux sur Jizane, un sur Najrane et un sur Khamis Machit. » Torki El Maliki, porte-parole de l'alliance militaire arabe, a précisé que les missiles ont été lancés par les Houthis « qui bénéficient d'un soutien très fort de l'Iran ». Pour les autorités civiles et militaires saoudiennes, « l'Iran renforce les Houthis par un armement militaire de dernière génération et menace non seulement la sécurité de la région mais celle du monde entier ». Le porte-parole de l'alliance l'avait précisé avec «arguments et détails» aux universitaires et journalistes algériens qui se trouvaient à Ryadh le 21 mars dernier. Le porte-parole avait discuté et répondu aux nombreuses questions des Algériens pendant près de trois longues heures mais a tenu à ce que tous ses propos soient «off the record». Il avait déclaré que l'alliance militaire arabe, constituée notamment par les forces aériennes saoudiennes ainsi que des contingents des pays voisins du Golfe, allait boucler ce 26 mars sa troisième année d'existence. Pour rappel, les «alliés» arabes se sont constitués en force de frappe -paraît-il exceptionnellement aérienne et non terrestre- dès l'attaque du palais présidentiel yéménite par les Houthis. Des sources militaires saoudiennes précisent que Torki El Maliki séjourne souvent à Sanaa, aux côtés de l'armée du Yémen et s'est même trouvé à «300 mètres des Houthis». Le lancement des 7 missiles balistiques sur Ryadh vient s'ajouter aux 95 autres lancés durant ces trois dernières années dont deux sur Ryadh et un sur Mecca El Moukarama. Les «alliés» arabes pris au piège ? En 2015, l'alliance avait annoncé qu'elle liquiderait les Houthis en une seule offensive. Elle en est à sa troisième année sans pour autant avoir réglé la terrible crise politique, sécuritaire et humanitaire qui ravage le Yémen. En 2001, l'OTAN avait lui aussi affirmé qu'il allait venir à bout « des terroristes afghans en une seule offensive ». A l'époque, le secrétaire général de l'Alliance atlantique l'avait appelée « offensive du printemps. » L'Afghanistan ne s'en est jamais sorti à ce jour de ce bourbier, après 17 « printemps » d'une malheureuse guerre. Torki El Maliki a depuis sa nomination à la tête de l'alliance militaire arabe expliqué que « les Houthis sont des terroristes et le terrorisme ne peut être vaincu en quelques jours parce que ses éléments se déplacent d'endroits en endroits, ce qui n'a rien à voir avec les armées institutionnelles ». Les 7 missiles balistiques lancés avant-hier sur Ryadh l'ont été alors que le représentant de l'ONU se trouvait à Sanaa, la capitale du Yémen, à la recherche d'une solution politique pour une situation des plus complexes. Le tout coïncide avec une féroce campagne médiatique que Ryadh a décidé de mener contre la République islamique iranienne. Aujourd'hui, le royaume saoudien interpelle le monde entier pour lui demander de l'aider à «décapiter les forces iraniennes de soutien et de financement de groupes et milices terroristes activant dans plusieurs pays arabes». Les monarchies du Golfe sont décidées à fragiliser l'Iran et à abattre ses velléités de régenter le monde arabe et musulman. Il n'est pas question pour eux de permettre au « rêve persan » de devenir réalité et de laisser émerger son hégémonie sur le Croissant fertile et plus loin encore. La bataille est féroce entre les deux « civilisations ». La région est complètement bouleversée par des complots ourdis à partir d'une « arrière-pensée » américaine devant transformer le monde arabe en de petits Etats faciles à dominer. L'idée américaine d'un GMO (Grand Moyen-Orient) regroupant les Arabes et musulmans de Kaboul à Tanger, semble prendre forme à travers les conflits qui minent la région et provoquent des guerres sans fin. La feuille de route pour fragmenter les Etats arabes est sans controverse. Elle est posée et détaillée par les analystes les plus brillants de la région et du monde entier. Les monarchies du Golfe tiennent à préciser que «Téhéran a affirmé que Sanaa est la troisième capitale arabe qui tombe entre leurs mains (par l'intermédiaire des Houthis) après Baghdad, Damas et Beyrouth». Quand la région du Golfe brûle Qualifiés par les autorités politiques et militaires saoudiennes de marxistes, nés à Saada et Hadja au sud du Yémen, les Houthis sont déterminés à ne pas lâcher prise et à dominer le Yémen dans son entière totalité Ryadh estime que « le Qatar et l'Iran sont les destructeurs du monde arabe, ils attentent à sa sécurité nationale et à celle des Etats arabes, ils représentent une menace pour la sécurité du monde entier ». Grande adepte de la politique de non ingérence dans les affaires internes, l'Algérie est, pour rappel, signataire tout autant que l'Arabie saoudite de l'accord de Taëf du 30 septembre 1989. Accord qui a pratiquement consacré la création d'un Etat confessionnel au Liban. Aujourd'hui, il semble totalement dépassé au regard des guerres confessionnelles qui ont fait voler en éclats l'unité des Etats comme l'Irak, la Syrie ou le Yémen. Chiites et sunnites s'affrontent dans le sang et sans relâche pour qui arriveraient à accaparer les pouvoirs. L'histoire ne craint ni les revers, ni les revirements, encore moins les compromissions L'on rappelle que les membres de la Ligue des Etats arabes ont exclu de leurs rangs la Syrie « Etat » pour faire admettre la Syrie « opposition » reniant ainsi jusqu'à sa raison d'être en tant que ligue des Etats et non de groupuscules. Plusieurs de ses membres ont soutenu «les printemps arabes» qui ont provoqué l'explosion de leurs pays « frères ». Printemps qui ont selon l'Amérique de Obama fait fleurir une «anarchie créatrice». Notons que Ryadh vient d'être secoué par les missiles balistiques houthis alors que le prince héritier se trouve avec pratiquement l'ensemble des membres de son gouvernement aux Etats-Unis. Sa visite américaine se fait à travers six Etats et doit durer plus de 15 jours. Premier accord conclu entre les deux pays dès le premier jour de cette visite est d'ordre militaire et équivaut plusieurs milliards de dollars.