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Don d'organes et de tissus: Entre tabous et réticences des familles
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 23 - 04 - 2018

Le don d'organes et de tissus humains à partir de sujets décédés est-il une cause perdue d'avance et difficile à promouvoir dans une société obsédée par ses tabous et ses interdits ?
Le personnel médical, confronté tous les jours à des milliers de malades qui croupissent dans les listes d'attente dans l'espoir de bénéficier d'une greffe de la cornée ou d'un rein, insiste sur l'urgence de lancer un plan national de greffe d'organes et de tissus pour sauver ces patients. Mais les tabous en Algérie ont la peau dure et rares sont les familles qui accordent leur consentement. Une journée porte ouverte sur le don d'organes et de tissus se tiendra ce 24 avril à l'université des sciences et de la technologie d'Oran Mohamed-Boudiaf, avec la participation de différents intervenants dans le domaine de la greffe d'organes (chirurgien, légiste, réanimateur, psychologue, juriste, professeur en sciences islamiques, sociologue). Il sera question de débattre sur les contraintes organisationnelles et socioculturelles qui freinent les activités de prélèvement des organes et des tissus humains sur un sujet décédé. Le prélèvement d'organes à partir d'un seul cadavre peut sauver en fait la vie à dix malades. Cette pratique maîtrisée et prometteuse reste l'ultime espoir pour des milliers de patients nécessitant une greffe hépatique ou une transplantation de reins qui semblent aujourd'hui condamnés à mourir à petit feu dans nos hôpitaux. Malheureusement, le prélèvement d'organes à partir de donneur en état de mort encéphalique reste tributaire du consentement des parents. Le hic est que la société algérienne, qui sacralise le cadavre, rejette catégoriquement cette pratique. A l'exception de rares cas de prélèvement de foie sur un donneur en état de mort encéphalique, la quasi-totalité des proches de donneurs potentiels en état de mort encéphalique repoussent les incessantes exhortations des médecins.
Le personnel médical, qui active depuis de nombreuses années pour la promotion du don d'organes, de tissus et de cellules de donneurs en état de mort encéphalique à travers, notamment, la sensibilisation de la population sur les dispositions religieuses, médicales et réglementaires permettant ce geste, se heurte aux réticences de la société. Outre les idées reçues sur le prélèvement d'organes à partir de donneur en état de mort encéphalique, il existe une crise de confiance entre la société et le système sanitaire. En dépit de la publication de fatwas religieuses autorisant cette pratique pour cause de nécessité, la société rejette catégoriquement cette idée. Le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs avait émis en 2003 une fatwa autorisant la greffe d'organes à partir d'une personne décédée. «Le prélèvement d'organes tels que l'œil, le rein, l'épiderme ou le cœur d'une personne qui vient de décéder pour les transplanter dans le corps d'une personne vivante pour la sauver est autorisé», précise une fatwa émise par l'ancien président du Haut conseil islamique (HCI). Les médecins assurent que le nombre de malades en attente de greffes d'organes ne cesse d'accroître en Algérie en raison essentiellement de la progression des hépatites A B et C parmi la population, d'où la nécessité de revoir de fond en comble toute la stratégie de promotion du prélèvement d'organes sur donneur en état de mort encéphalique.


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