Tiaret est passée à côté d'une véritable catastrophe après les pluies diluviennes de mercredi après-midi, plus de 100 millimètres en quelques heures. Quatre personnes dont deux enfants ont péri à Aïn Bouchekif, leur voituré emportée par un oued en crue. Dépêché par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, le délégué national aux risques majeurs est arrivé jeudi à Tiaret «pour constater l'ampleur des dégâts, évaluer les pertes et s'enquérir de la prise en charge des sinistrés et prendre, en coordination avec les autorités locales, les mesures nécessaires afin de réparer les dégâts causés aux infrastructures dans les plus brefs délais», selon un communiqué du département de Nourredine Bedoui. Hier des citoyens ont protesté après l'effondrement de leurs maisons suite aux inondations catastrophiques Une cellule de crise a été instituée par le wali de la wilaya. Le débordement d'un oued à Lalla El Abdia, sur les hauteurs de la ville, a charrié une quantité astronomique de déchets (troncs d'arbres, cailloux, déchets en plastique) obstruant tous les canaux d'évacuation des eaux pluviales. En quelques minutes seulement, le niveau de l'eau, accompagné de grêlons gros comme des pois chiches, a atteint jusqu'à un mètre au centre et à la périphérie de la ville, comme à la cité «Sonatiba» littéralement noyée sous les eaux. Le siège du tribunal, juste en face du siège de la wilaya, a été inondée par des eaux en furie sous le regard hébété des citoyens, de même que la maison de la culture «Ali Maâchi» à l'autre bout de la ville, envahie par les eaux obligeant les employés à fuir les lieux. En effet, très vite, des maisons et des locaux commerciaux ont été inondés par des trombes d'eau, notamment à la place Régina, en plein cœur de la ville où la trémie a été totalement immergée par les torrents jusqu'à déborder sur la chaussée. Une véritable panique s'en est suivie chez les automobilistes, mais aussi chez les piétons surpris par un véritable déluge. A la cité «Socoltiar», l'eau a dépassé un mètre inondant les habitations situées au rez-de-chaussée. Les habitants, voyant que les éléments de la protection civile ou de l'ONA tardaient à venir, se sont pris en charge en prenant le risque de déboucher les avaloirs au milieu de torrents d'eau. Le spectacle de ce véhicule complètement inondé par les eaux près du siège de la première sûreté urbaine donnait froid dans le dos. Plusieurs communes de la wilaya ont été gravement affectées par les inondations, à Frenda notamment où des maisons ont été détruites et des véhicules emportés par les trombes d'eau. A M'ghila, traversée par Oued Rhiou, les eaux ont causé l'effondrement d'un pont et emporté des cheptels d'ovins appartenant à des éleveurs locaux. Le gonflement de Oued Mina a également causé des dégâts dans la commune de Mellakou. Comme écrit dans ces mêmes colonnes, c'est la quatrième fois que la ville de Tiaret se noie dans un verre d'eau, mettant à nu le bricolage devenu un cauchemar éveillé pour la population locale. Les images désolantes relayées sur les réseaux sociaux tout au long de ces dernières 48h montraient l'étendue des dégâts, à Tiaret-ville notamment. Des habitants en colère Hier vendredi vers 11h, des citoyens par dizaines se sont rendus au siège de l'APC, en plein cœur de la ville, où ils ont bruyamment manifesté leur colère après l'effondrement de leurs maisons suite aux inondations catastrophiques de mercredi. Cernés par un dispositif de sécurité, les manifestants ont exigé de rencontrer les élus locaux et surtout attirer l'attention des responsable sur le cas de ces familles qui ont passé deux nuits à la belle étoile, surtout dans les quartiers les plus touchés comme la cité «Sonatiba», Oued Tolba ou encore la cité «Bouhenni». Jusqu'à 14h hier, un groupe compact de citoyens faisait toujours le pied de grue, attendant l'arrivée d'un élu ou d'un responsable local. Dans la wilaya voisine de Tissemsilt, une centaine d'habitations ont été inondées par les eaux dans quatre communes de la wilaya. Les secouristes de la protection civile ont également évacué 200 lycéens de leur établissement submergé par les eaux à Théniet El Had.