Peut-être bien qu'il fallait s'y attendre après les graves manquements à l'hygiène qui sont rapportés quotidiennement par l'ensemble de la presse nationale. Il y a quelques semaines, la sonnette d'alarme avait été tirée après plus de 400 personnes intoxiquées à Bougara qui ont souffert de symptômes presque analogues à ceux du choléra mais elles ont été traitées et guéries alors que l'eau du robinet avait été déclarée sans danger. Après plusieurs jours et des enquêtes, ce sont des puits particuliers non entretenus qui sont montrés du doigt. Mais au début de la semaine écoulée, plusieurs personnes ont été admises au service d'infectiologie de l'hôpital de Boufarik, souffrant de nausée, de douleurs abdominales, de diarrhées aiguës et de déshydratation. Devant ces symptômes, les médecins ont vite diagnostiqué le choléra, mais il fallait attendre les résultats de l'Institut Pasteur d'Algérie. La nouvelle fut connue officiellement jeudi et elle confirmait les craintes des médecins. Aussitôt c'est le branle-bas de combat dans tous les centres hospitaliers et les réseaux sociaux commencent alors à bouillonner. Des alertes sont mises en ligne, reprises par des milliers de citoyens via leurs comptes Facebook et une véritable psychose s'installe alors chez les citoyens, surtout ceux de Blida qui se rappellent le cas de Bougara. L'eau du robinet est mise en avant «comme première cause» de cette maladie et les rumeurs les plus folles commencent alors à circuler, comme la découverte de cadavres d'animaux dans les retenues collinaires et bien d'autres encore. D'autres privilégient la piste des fruits et légumes, surtout la pastèque qui a souvent été irriguée il y a quelques années aux eaux usées. Tout le monde se met à l'eau minérale ou, à défaut, à l'eau des mosquées réputée être sans danger car puisée à des profondeurs assez importantes. Les centres de santé sont pris d'assaut par des personnes qui souffrent de l'estomac et qui ont peur d'être contaminées, se voyant déjà aux portes de la mort. Les gens regardent avec envie les belles pastèques qui ont refait, avant-hier, leur réapparition, mais ils ont peur d'en acheter. Chacun y va de ses conseils afin d'éviter l'eau du robinet, les fruits et les légumes. Mais la plupart oublient l'essentiel, c'est-à-dire l'hygiène du milieu et de la personne. Nous pouvons nous en rendre compte dans les fast-food où la nourriture est préparée dans des conditions d'insalubrité extrême, le pain qui est vendu dans des endroits où n'existe aucune hygiène, les vendeurs de pastèques qui en ouvrent deux ou trois, avec des couteaux sales, des mains sales et les exposent au soleil et à la poussière avant d'en donner à goûter à leurs clients. La liste est longue avec les fontaines électriques qui nous permettent de boire de l'eau fraiche à travers toutes les villes mais en utilisant le même verre par tous, sans qu'il soit lavé. Les spécialistes le répètent toujours, c'est l'hygiène qui pourra nous éviter ce genre de situation où l'Algérie a plongé dans l'abime en reprenant avec les maladies du Moyen-âge. C'est une véritable révolution sanitaire qui doit être menée par tous pour venir à bout de toutes ces bombes qui nous attendent et qui ne préviennent jamais avant d'éclater. Enfin, il y a aussi l'information qui n'est donnée qu'au compte-goutte et c'est très préjudiciable pour la santé des citoyens qui ne savent plus qui croire, même le nombre de personnes atteintes, somme toute pas très important, mais il est différent d'un média à un autre, d'un responsable à un autre. Il faudrait surtout informer les citoyens sur les risques, sur les facteurs de cette maladie et d'autres, sur les gestes à effectuer et mettre en place des structures qui répondent positivement à tout danger.