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Des bavures pour crever les yeux
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 25 - 10 - 2018

A la fin des années 40, les militants les plus engagés, c'est-à-dire les Révolutionnaires qui allaient allumer le feu du 1er Novembre 54, n'étaient pas originaires de la même classe sociale.
En leur sein existait un clivage originel, que l'activité militante estampait mais dont les contours allaient ressurgir crescendo surtout chez les responsables. Nous savons que la première Direction de la lutte de libération était pour l'option socialiste. Et voilà que le 18 septembre 1958 le premier Gouvernement Provisoire de la République Algérienne, qu'on peut assimiler à la deuxième Direction, est confié à Ferhat Abbès, pour laisser croire au monde capitaliste que la Révolution est bourgeoise et démentir ceux qui taxaient les « fellagas » de communistes. Les teneurs du projet socialistes sont depuis mis à rudes épreuves même si paradoxalement, l'image d'un bourgeois à la tête du GPRA, consolidait le chemin de l'indépendance. On peut dire, que depuis, la Révolution a laissé son âme, c'est-à-dire cette intelligence d'un peuple libre d'initiative, sans pour autant y laisser sa peau.
Faire de l'histoire sans tenir compte de la lutte de classe nous invite à un éternel recommencement et préserve le système politique de toute alternative.
Jugez les différents entre les leaders en dehors de ce clivage est toujours une tentative de rabaisser la lutte du peuple dans la gadoue. C'est toujours une raison secondaire qui est évoquée par les historiens de la bourgeoisie pour reprendre à leurs avantages les combats qu'ils avaient perdu. La stratégie de leurs maitres leur dicte de nier l'existence de la lutte de classe, pour faire de leur système capitaliste l'unique, l'éternel, le divin !
L'Algérie de l'espoir c'est-à-dire celle qui est à la fois démocratique, sociale, laïque et écologique est toujours contrée par des féodalités locales, aux services de l'international, à l'instar d'une cinquième colonne , jusqu'au jour ou son aile la plus radicale adossées au terrorisme osent déployer l'étendard des wahhabites, comme ils l'ont fait jusque dans nos stades au début des années 90 ou comme ils le font au Yemen en affamant tout un peuple. Les bombardements ou le meurtre récent du journaliste Jamal Khashoggi rappelle les procédés nazis. Après la disparition du journaliste, la presse laisse entendre qu'il a été assassiné, dans le consulat saoudien d'Istanbul, son corps aurait été démembré à l'aide d'une scie à os par le médecin légiste envoyé en Turquie par le Royaume le 2 octobre 2018.
La lutte de libération portait les deux projets de sociétés antagoniques. La lutte anti colonialistes était du ressort de tout le peuple car l'ennemi était un étranger. Ce n'est pas le cas dans un pays indépendant où la bourgeoisie est incompatible à l'émancipation de la majorité du peuple. Cette émancipation ne peut se faire que démocratiquement. C'est la raison qui fait que pour les islamistes, elle est impie, elle, et tous ceux qui l'a revendiquent, tandis que le pouvoir la neutralise, opportunément, sournoisement jusqu' à la sanglante répression de 2001 en Kabylie et jusqu'à cette crise de l'APN aujourd'hui.
Chadli considérait l'ingérence d'un ministre dans les affaires de l'entreprise économique comme un délit pénal, mais pas la violence du FIS contre les citoyens ! Dans le domaine économique il était donc permis de couler une entreprise sans que la tutelle ne puisse se mêler tout en permettant aux islamistes de tuer sans que les forces de l'ordre ne puissent intervenir. En outre, les élections étaient pratiquées avec ceux qui qualifiaient la démocratie d'illicites avec un gouvernement qui les qualifiaient de propres et honnêtes !
On entend dans les TV privées ceux qui condamnent l'arrêt du processus électoral et ne pipent mot sur la cause, la cause principale qui est la violence du FIS qui l'avait engendré. Oublier la raison tout en condamnant la violence de l'armée enterre la vérité et les crimes des GIA,FIDA, et autres AIS, ces ancêtres de Daech.
Mohammedi Saïd, l'ancien colonel dirigeant de la wilaya III confirme « avoir donné en 1957 l'ordre du massacre de la population masculine de Melouza ». C'est au nom de cette même politique, de la violence contre le peuple que plus de trente ans après, ses frères commettront les Bentalhas. A la veille des élections législatives de 1991 « Le vive Dieu » c'est comme ça qu'il terminait ces discours, menaçait les électeurs en affirmant du petit écran de l'Etat que« le bulletin de vote est sacré et quiconque ne votera pas pour le FIS en sera comptable devant Dieu ! » tout en décrivant l'accoutrement obligatoire que les hommes et les femmes devraient porter après la victoire du FIS aux élections !
Il est utile de rappeler à ceux et à celles qui continuent a condamner l'arrêt du processus électoral au nom de la démocratie et en prétextant que Chadli était en mesure d'assurer le pouvoir et particulièrement à Ali Benouari, du mouvement Mouwatana, ce qu'écrivait Alger Républicain le dimanche 12 mars 1991. Il rapporte que deux responsables du FIS affirment que : « si nous sommes majoritaires nous suspendrons la Constitution, nous interdisons les partis laïcs et socialistes, nous appliquerons immédiatement la chariâa et nous expulserons le Président de la République ». La violence que pratiquaient les adhérents à ce parti laissait présager le pire sauf pour la majorité des obscurantistes, des affairistes du marché noir… et des ministres de Chadli.
Ceux qui avaient détourné le mouvement du 5 Octobre 88 étaient à l'offensive depuis bien longtemps ; Il suffit de rappeler qu'en :
- 1984 l'Assemblée Nationale a voté le code de l'infamie et que cette même année Mahfoud Nahnah et Ali Belhadj condamnés, dans l'affaire dite «Bouyali» étaient graciés par Chadli
- 1985 l'école de police de Soumaa près de Blida est attaquée, plusieurs élèves sont égorgés le jour même de la fête de l'aïd
-1989 dans la nuit du 22 au 23 juin des adeptes du FIS agissant en tant que police des mœurs brulent la maison de Dekkiche Saliha à Makhadma au environ d'Ouargla où l'enfant de quatre ans de cette femme divorcée périt sous l'incendie
- 15 Août 1990 Chadli décrète l'amnistie générale des terroristes. Ces terroristes qui encadreront les armées du FIS. Et depuis le pouvoir comme son opposition politique nous invite à oublier, à effacer les événements, les crimes, les victimes et à ne retenir que les bavures de l'Armée. Par conséquent il est vital de cultiver la mémoire pour pouvoir entamer un programme politique crédible.
Nous pouvons l'illustrer aussi par l'Appel : « Construire un mouvement démocratique mondial pour contrer l'autoritarisme » lancé par Bernie Sanders cette semaine où la confusion entretenue dans l'histoire de l'occident capitaliste entre le fascisme et le totalitarisme entre Hitler et Staline qui empêche ce leader socialiste, cet ex candidat à la Présidentielle étasunienne de faire la distinction entre Trump et Poutine et efface d'un trait certaines réalités à l'image des BRICS par exemple et qui ne fait qu'affaiblir la portée de son discourt. Le reniement de la lutte de classe par la social-démocratie dans les pays capitalistes développés ne peut mener qu'à l‘échec. Cet échec renforce les féodalités et de leurs alliés dans les pays périphériques dont la tactique consiste à inviter les bourreaux et leurs victimes à la même table, pour rendre fréquentable leur aile la plus radicale, qui met à mal certains acquis du peuple tout en fragilisant les autres, nous invite à un éternel recommencement.


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