Les travailleurs algériens du complexe sidérurgique algéro-turc Tosyali' de Bethioua, dans la wilaya d'Oran, ont entamé hier, leur 2ème jour de grève ouverte. Une situation de tension cumulée depuis des années et arrivée au point de rupture depuis avant-hier. «Les licenciements abusifs sont depuis quelque temps, monnaie courante. Les principales victimes, les travailleurs algériens maintenus dans une position de précarité perpétuelle grâce aux contrats à durée déterminée' (CDD) que l'administration du complexe nous impose,» affirment les travailleurs. Première victime collatérale de ce vent de révolte grandissant, la section syndicale UGTA du complexe sidérurgique qui vient de faire l'objet d'une pétition de retrait de confiance signée par 2.200 travailleurs. Sur les 9 membres composant cette section syndicale, 8 ont déposé leur démission. «Seul le président de la section s'obstine à se maintenir à son poste, ce qui démontre, in fine, la conception qu'a ce syndicaliste de la représentation syndicale. Une conception qui n'a cure ni de l'avis de la base ni de ses aspirations», affirme, dépité, un travailleur du complexe qui exerce autant qu'opérateur au sein de l'entreprise. Selon ce dernier, et jusqu'à hier après-midi, l'administration n'avait toujours pas ouvert de voie de dialogue avec les travailleurs qui avaient exigé la présence du directeur adjoint, autant que premier responsable en charge actuellement, de la gestion du complexe. Pour ce travailleur contractuel qui est employé au sein de Tosyali' depuis plus 2 ans, «le complexe sidérurgique algéro-turc agit dans l'impunité la plus totale vis-à-vis des lois de la République et le Code du travail algérien. Les travailleurs algériens, y compris les cadres, sont maintenus dans des statuts précaires, avec des salaires précaires, dans des conditions de travail, en total désaccord, avec les conditions élémentaires de sécurité et de protection de la santé. Et ce, contrairement aux expatriés qui, eux, jouissent de salaires mirobolants comparés à leurs collègues algériens, assurant les mêmes postes.» «Un gouffre dans les droits sociaux et salariaux qui fait des travailleurs algériens, des travailleurs de seconde classe, digne des régimes coloniaux», affirme dépité un autre travailleur qui dispose d'un diplôme de Master, mais qui se dit «travailler sous le commandement d'un expatrié qui n'a même pas le niveau universitaire». Sur les 4.800 travailleurs du complexe, seuls 350 sont en CDI, est-il enfin noté.