Il est des personnes qui ne vous laissent pas indifférent quand elles quittent ce bas monde pour disparaître à jamais. L'ancien président français Jacques Chirac est de ceux-là, malgré le passé chargé d'Histoire, entre nos deux pays fermement liés par cette même Histoire. Qui ne se souvient pas de cet homme d'Etat - comme il y en a peu en ces temps de repli sur soi - qui fut résolument contre la guerre en Irak au moment où, quasiment, tous les pays occidentaux étaient derrière les va-t-en-guerre américains ?! C'est encore lui qui a contraint au «canon» l'arrêt des massacres et des destructions au Kosovo et le retrait des forces serbes, en 1999, de ce pays des Balkans. Autre événement marquant que l'histoire retient de Jacques Chirac, celle de son passage à Jérusalem en 1996 qui a fait de lui «le héros du monde arabe» lorsqu'il est entré dans une colère noire contre les soldats israéliens qui l'empêchaient d'emprunter certaines rues de la vieille ville, pour ne pas aller vers les Palestiniens. En homme de paix, il a œuvré à défendre la tolérance, le dialogue et le respect entre les hommes et entre les cultures pour que la paix règne dans le monde. En humaniste, il avait demandé, dans son dernier discours, au peuple français de ne composer jamais avec l'extrémisme, le racisme, l'antisémitisme ou le rejet de l'autre. Il a tenu aussi à insister sur la cohésion sociale, l'unité et la diversité culturelle qui est une richesse et l'une des clés de l'avenir de son pays. Paradoxalement, l'homme de Droite qu'il fut, trouvait immoral et dangereux de laisser, sous l'effet d'un libéralisme sans frein, se creuser le fossé entre une partie du monde de plus en plus riche et des milliards d'hommes, de femmes et d'enfants abandonnés à la misère et au désespoir. Très au fait des bouleversements écologiques, il a exhorté le monde à concilier les besoins de croissance de l'humanité et la souffrance d'une planète à bout de souffle, pour éviter la catastrophe Cet homme avait l'amour et la fierté pour son pays pour lequel il a mis toutes ses forces pour le servir. Il a essayé de bousculer le conservatisme et les égoïsmes pour répondre aux difficultés des plus faibles. Sage, visionnaire, accessible et attachant, ce sont les qualités que lui attribuent ses concitoyens peinés par sa disparition. Quand les Algériens remontent le temps et repensent à leurs gouvernants, ils ne trouveront affiché chez-eux que du mépris, comme l'a si bien écrit le bledard dans sa dernière chronique : «Il y a quelque chose de féodal, voire de colonial, dans le rapport entretenu par les dirigeants algériens avec leur peuple. Les «décideurs» passent mais ce rapport reste le même». Espérons que tout cela changera, et le pays trouvera un homme de la trempe des grands.