Il ne faut pas attendre le Ramadhan pour étaler la solidarité envers les nécessiteux. Par ces moments difficiles, dus à la pandémie de coronavirus, les gestes de bienfaisance et de générosité manquent affreusement dans cette folle course qui s'est emparée des citoyens, caractérisée par des rafles en bonne et due forme opérées dans les surfaces commerciales et les officines pharmaceutiques, touchant particulièrement les produits parapharmaceutiques non remboursables et inaccessibles pour les assurés sociaux à faibles revenus, et bien plus hors de portée pour les démunis sans couverture sociale. Qui a pensé à cette catégorie en cette période exceptionnelle de grave crise locale et planétaire ? Les pauvres sont oubliés au temps du coronavirus. Préoccupés par la menace du coronavirus, en état de psychose, les gens sont confinés dans un état d'esprit très égocentrique, avant un confinement physique probable. Les pauvres n'ont pas les moyens de faire face au coronavirus et ils sont, ainsi, les plus exposés à la maladie, devenant le vecteur le plus fort de sa propagation, selon la logique épidémiologique, aux autres, les mieux nantis, ceux qui croient qu'ils ont tout fait pour s'en parer en s'approvisionnant en masques et en gel désinfectant. Au lieu de la flambée des prix, n'aurait-on pas été mieux avisés de distribuer gratuitement ces masques et ces gels hydro-alcooliques aux démunis ? Pas seulement par esprit de générosité, qui en manque terriblement dans nos contrées en ce temps de coronavirus, mais également pour prémunir toute la société contre une expansion de la maladie. La lutte contre le coronavirus a son point faible, en l'occurrence les catégories sociales faibles, sur le plan matériel. Ce nouveau virus (Covid-19), qui semble être bien imprégné du comportement des humains, frappe fort, très fort, les valeurs et l'échelle sociales. Et c'est dans la panique et la psychose sociale qu'on arrive à oublier les faibles, en se concentrant uniquement sur les gestes physiques qu'il ne faut plus faire pour éviter de contracter la maladie, plus de mains serrées, plus de bisous, plus de contact à moins d'un mètre, étouffant tout sentiment de générosité humaine. Et l'Etat dans tout cet esprit ? Il n'est pas loin de ce sentiment d'indifférence général. Hors des transferts sociaux traditionnels, très importants, certes, les pouvoirs publics, pris dans le tourbillon des mesures engagées dans la lutte contre le coronavirus, absorbés par la gestion d'un contexte socioéconomique très difficile, n'arrivent pas à se rappeler qu'il y a cette catégorie sociale qui recommande particulièrement, également, toute leur attention en ces moments confus. Idem pour les fidèles, plus préoccupés par la fermeture des mosquées que de la détresse des sans ressources. En parallèle aux actions de sensibilisation tous azimuts contre le coronavirus, on serait mieux inspiré d'appeler au civisme, à la multiplication des actes de bienfaisance, à l'altruisme, à former une société homogène. C'est ce que nous devons apprendre de ce nouveau virus, lui, qui a appris nos habitudes pour mieux nous terrasser.