Pratiquement tous les pays font fi des mises en garde de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de nombreux spécialistes contre l'administration de médicaments à base d'hydroxychloroquine aux patients infectés par le Covid-19, ou de tout autre médicament, puisque la Russie, de son côté, a annoncé dans ce cadre la mise en service dès le 30 mars d'un médicament antipaludique Méfloquine. Situation inédite. Qui peut refuser, en effet, une bouée de sauvetage en pleine noyade ? Les recommandations de l'OMS, dont les spécialistes ont condamné l'administration de médicaments aux patients infectés par le nouveau coronavirus avant que la communauté scientifique se soit accordée sur leur efficacité, mettant en garde contre les «faux espoirs» qu'ils pourraient susciter, ainsi que les craintes exprimées par d'autres scientifiques sur le plan de graves effets secondaires qui seraient provoqués par ces médicaments, n'ont en rien influé sur les décisions des gouvernements qui ont foncièrement approuvé l'utilisation de l'hydroxychloroquine, notamment. Il est vrai que les préoccupations ne sont pas les mêmes, entre l'OMS qui se soucie plus, pour le moment, de juguler la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus, plaidant outrancièrement pour le confinement et les gestes barrières, et les gouvernements confrontés à la gestion de la pandémie en question sur tous les fronts. Bien sûr, les recommandations de l'OMS concernant le confinement et les gestes barrières sont appliquées partout dans le monde, mais pas les mises en garde contre l'administration de médicaments aux patients infectés au Covid-19. D'une part, il faut se rendre à l'évidence que l'OMS, dont les recommandations ne sont pas exécutoires, n'a pas pour autant tranché d'une manière radicale dans le vif du sujet, se contentant de considérations plutôt académiques à ce propos, et il y a d'autre part le fait, pour les gouvernements et les médecins sur le front, de tout faire pour sauver des vies humaines. Dans cette atmosphère de controverse, l'Algérie a choisi son option, soit l'administration de l'hydroxychloroquine aux patients, même si on prend soin d'avoir l'accord préalable signé, de ces derniers ou leurs proches. Le protocole de soin à partir d'hydroxychloroquine est validé de plus en plus à travers le monde, a argumenté dans ce sens le ministre délégué à l'industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, qui signale la disponibilité de près de 320.000 boîtes de ce médicament, utilisés exclusivement en milieu hospitalier, et qui peuvent prendre en charge autant de malades. Certains pensent que la disponibilité de ce médicament, justement, a irrité les grands groupes pharmaceutiques, lancés dans une course pour la production d'un médicament et d'un vaccin contre le Covid-19, mobilisant d'énormes investissements financiers, et qui se retrouvent, ainsi, face à des pertes sèches qui pourraient ruiner leur avenir. Et que toute la controverse, à propos de ce médicament, serait manipulée dans cet esprit mercantile.