Est-ce le coup de grâce au trafic des psychotropes ? En préparation depuis plus d'une année, devant entrer en vigueur le 5 avril dernier, puis reportés de 6 mois sur demande du Snapo à cause des difficultés rencontrées en relation avec la situation pandémique, les textes d'application du décret exécutif (n°19-379 du 31 décembre 2019) définissant les modalités de contrôle administratif, technique et de sécurité des substances et médicaments ayant des propriétés psychotropes seront, enfin, appliqués à partir du 3 novembre 2020. A compter de cette date, la prescription et la vente des psychotropes obéira à de nouvelles règles de gestion très rigoureuses qui permettront de gérer ces médicaments d'une manière totalement différente. Touchant pratiquement à toutes les opérations visant la traçabilité de ces substances et médicaments depuis la réception des matières premières jusqu'à la dispensation par le pharmacien d'officine ou le pharmacien hospitalier, comme le stipule les articles de ce décret exécutif, leur vente ne se fera plus avec une ordonnance ordinaire mais une ordonnance à plusieurs copies de différentes couleurs avec un numéro de série. En fait, les opérations visant la traçabilité des psychotropes seront, désormais, clairement déterminées depuis la réception des matières premières jusqu'à la dispensation par le pharmacien d'officine ou le pharmacien hospitalier. La marge de trafic sera très mince, voire impossible sans attirer l'attention des organes de contrôle également définis avec l'application des textes du décret exécutif en question, tant revendiqué par les pharmaciens. Mais, au même titre que la drogue, le détournement du traitement médical à base de psychotropes pour un mauvais usage serait difficile à éradiquer totalement. On peut, certes, réduire le trafic des psychotropes, un fléau très inquiétant qui touche particulièrement les jeunes, mais pour arriver à son élimination il y a lieu de conjuguer les efforts. Ce décret exécutif sera certainement d'un appui fort aux actions des services de sécurité, qui ont saisi durant l'année en cours près d'un million de comprimés psychotropes, mais il faudrait encore initier d'autres démarches préventives et pénales, sur le plan social et judiciaire, pour boucler la boucle de la lutte contre le trafic des psychotropes. Il serait utile sur ce plan de cerner les raisons qui bloquent l'effort associatif dans le domaine de la lutte contre la toxicomanie. Et, de l'autre côté, penser à renforcer les peines pénales contre les trafiquants des psychotropes, et de drogue en général, comme on l'a fait récemment en matière de lutte contre les bandes criminelles dans les quartiers. Et, même avec toutes ces dispositions, on n'aurait pas fini avec la consolidation des actions de lutte contre le trafic des psychotropes, puisqu'il resterait encore à surveiller les frontières d'où transitent des quantités énormes de médicaments à effet neuroleptique fabriqués dans des laboratoires clandestins installés dans des pays limitrophes. La lutte contre la propagation du Covid-19 a étouffé le trafic aux frontières, fermées depuis plus de 7 mois, mais il faudrait craindre un regain des activités des trafiquants de psychotropes transfrontaliers dès l'ouverture des restrictions de déplacements à l'étranger. Aussi, il serait plus important encore d'actualiser cette lutte contre le trafic des psychotropes en l'adaptant aux méthodes ingénieuses mises au point par les criminels pour échapper aux dispositifs réglementaires et sécuritaires.