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Un bouchon
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 07 - 2021

L'émission de jazz est soudain interrompue, on ne sait pas trop comment car on n'a rien demandé, par un message alarmiste de Radio Autoroutes. Un gros, très gros bouchon s'est formé à quelques kilomètres en aval et il est conseillé de vite, très vite, prendre une sortie, puis un itinéraire secondaire, avant de reprendre son chemin initial. Tout cela est bien gentil mais, hélas, mille fois hélas, on vient de passer la dernière sortie possible. La mauvaise idée serait de faire demi-tour et de rouler à contresens : Ici, on n'est pas en Egypte, ou ailleurs en Afrique du nord (suivez mon regard), où il n'est pas rare d'assister à de telles manœuvres, aussi soudaines que criminelles...
Il existe une cinétique du bouchon autoroutier. Quand, par exemple, intervient un ralentissement, on sait que la progression en accordéon, les fameux « stop and go » sont dus à la vitesse excessive de ceux qui roulent devant et qui freinent au dernier moment ou alors à ceux qui, progressant déjà au ralenti, changent de voie en pensant que celle d'à-côté est plus rapide (un choix qu'ils regrettent souvent...). Cinétique et psychologie combinées, l'annonce à la radio provoque un autre comportement habituel. Puisqu'il y a un bouchon qui s'annonce, il convient d'accélérer comme un fou pour doubler le plus de monde possible avant d'être stoppé.
Au diable la prudence, cela permettra de repartir parmi les premiers, se dit certainement Gégé qui part en vacances. Chérie, j'ai ma moyenne à tenir. Ainsi, une congestion due à un accident peut-elle provoquer d'autres accidents.
Mais nous voici à l'arrêt. L'arrêt total, pas le ralentissement. Depuis une demi-heure, rien ne bouge, rien n'avance. Le soleil cogne, la tôle est brûlante, quelques moteurs fument, les autres ronflent puis sont coupés. Il faut économiser l'essence, on ne sait jamais. Les vitres sont ouvertes, on ne sait pas trop ce qui se passe.
Un accident ? Un mariage ? Ne riez pas, c'est devenu la tradition pour certains cortèges de bloquer la circulation et de danser sur le toit des voitures. C'est ainsi que l'on fait honneur à la communauté à laquelle on appartient...
Radio Autoroutes finit par donner l'explication. Devant, à cinq kilomètres, un poids-lourd est en train de brûler. Les pompiers sont déjà sur place. C'est déjà ça.
Quand on est coincé ainsi, il y a une règle fondamentale à respecter. Le mieux, le plus prudent, est de rester sur la voie du milieu (en faisant attention aux motards qui se faufilent).
En théorie, celle de droite est la plus conseillée mais ce qui suit permettra de comprendre pourquoi ce n'est pas (plus) le cas. Commençons par expliquer pourquoi il ne faut pas rester le plus à gauche. De l'autre côté, les voitures qui filent en sens inverse s'en donnent à cœur joie car il est une autre vérité de la cinétique bouchonnière.
Quand on croise un bouchon, après avoir ralenti en croisant sa cause, on a la tentation d'accélérer, histoire de conjurer le mauvais sort et de faire bisquer les escargots. Faisant cela, on projette gravillons et autres restes de pneus qui traînent sur la chaussée privatisée et pourtant si mal entretenue sur le cortège immobile. Donc, pas de voie à gauche ou alors mieux vaut garder sa fenêtre fermée et espérer que son pare-brise soit solide.
Quant à la voie de droite, la plus proche de la rambarde et du bas-côté où l'on pourrait soulager un besoin pressant, sa proximité avec la bande d'arrêt d'urgence n'est rien d ‘autre qu'un danger mortel. Car, comme aux portes d'Alger à l'heure de la rentrée des plages, ici aussi de malins abrutis roulent sur cette voie pour dépasser tout le beau monde à l'arrêt.
Et ça ne le fait pas lentement, histoire de ne pas percuter ces gens qui ont quitté leur voiture pour se dégourdir les jambes ou pour discuter avec le voisin. Non, ayant à s'acquitter d'une dîme au péage, ça se considère comme ayant le droit de pousser le champignon sans trop réfléchir, quitte à freiner en catastrophe pour éviter ces deux petites filles qui allaient traverser pour aller jouer de l'autre côté de la glissière. Il n'y a pas lieu de trop argumenter : rouler sur la bande d'urgence en plein bouchon n'est pas qu'une incivilité de plus dans un pays en pleine dynamique de sous-développement. C'est la parfaite illustration de l'expression « avoir de la merde dans la tête ».
On nage dans ces considérations quand le conducteur d'une camionnette nous interpelle, avé un fort accent provençal.
- Vous avez vu ça ?
On répond par une moue fataliste.
L'autre insiste.
- Et vous avez-vu qui c'est, hein ?
Là, on se crispe. Parce que oui, on a vu qui c'est...
Des jeunes d'origine maghrébine qui roulent en convoi et que l'on avait déjà croisé en amont, sur une aire de repos, un peu trop bruyants, un peu vulgaires, mais il faut bien que jeunesse se passe. On ne répond pas. On surjoue le côté fataliste. Mais l'autre ne lâche pas l'affaire.
- Quelle honte. Toujours les mêmes. Toujours les Parisiens. Ça se croit tout permis.
On se détend. L'incrimination vise la capitale et ses habitants. Pas uniquement ceux qu'une prof de latin, un peu fada, appelait sans ciller « les sarrasins ». Soulagement. La discussion ne s'engagera pas dans les méandres que l'on craignait.
Le mimétisme imbécile est inévitable. D'autres voitures s'engouffrent dans la bande d'urgence. Des Parisiens. Des Portugais. Tiens, un Allemand (mais où va le monde !). Des Belges, l'un d'eux nous gratifiant d'un sourire narquois en réponse à nos regards réprobateurs. Puis viennent encore des Parisiens. Puis un gros pick-up avec pare-buffle et immatriculation dans les riches Yvelines. A chaque passage, le voisin commente et les Parisiens prennent bien plus cher que les Belges. Puis il demande :
- J'ai pas la radio. Qu'est-ce qui se passe exactement
On lui répond qu'un camion chargé de meuble a brûlé et que les pompiers doivent refroidir la carcasse avant de la déplacer.
- Oh, pôvre, est sa réponse qui nous fait sourire.
Trois heures sont passées. De quoi relire et éditer un article... On redémarre lentement, une odeur âpre flotte dans l'air, la nuit va bientôt tomber. Encore trois heures de route. Tant pis pour la moyenne et le bon repas qu'on prévoyait. Sur la bande d'arrêt d'urgence, des gendarmes verbalisent le conducteur belge qui nous avait bien nargués.
L'homme à la camionnette klaxonne et lève un pouce énergique à l'adresse des pandores.


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