Les boulangers se prépareraient-ils à se révolter contre l'ordre établi ? Las de revendiquer vainement une hausse du prix de la baguette de pain, des professionnels se seraient entendus entre eux pour décider d'une augmentation unilatérale du prix de la baguette de pain à 15 dinars, selon l'Association de protection et d'orientation du consommateur (Apoce), qui a initié sur sa page sur le réseau social facebook, ce jeudi dernier, une campagne nationale pour dénoncer les commerçants violeurs de la loi qui fixe les prix et le poids du pain subventionné. Non sans approuver dans la même publication, le droit des boulangers à œuvrer à l'amélioration de leurs conditions et à la défense en faveur de leur marge de bénéfice légitime, auprès des pouvoirs publics. Hors de ce cadre, toute décision de hausser le prix du pain est « illégale et inacceptable », juge-t-on encore. Pouvoirs publics et boulangers doivent s'asseoir autour d'une table et ouvrir ce dossier de la baguette de pain, pour trancher définitivement dans le vif du sujet. Cette revendication traîne depuis pas mal d'années, et personne ne veut lui donner de l'importance. D'un côté, les boulangers lancent, depuis au moins quatre ans, des cris de détresse incessants sur leur situation socioprofessionnelle, criant haut et fort qu'ils vendent à perte et qu'un prix à 15 dinars la baguette de pain est juste ce qu'il faut comme minimum pour pouvoir continuer leur activité, et de l'autre les pouvoirs publics, qui font la sourde oreille, estimant qu'ils ont assez fait en matière de compensation et de soutien aux prix des matières premières entrants dans la fabrication du pain. Au mois de décembre 2017, une quarantaine de boulangers ont été poursuivis devant les tribunaux après avoir augmenté le prix du pain à 15 dinars. Depuis, l'état des lieux n'a pas changé. Une guerre d'usure autour du prix de la baguette de pain ? Par dizaines, les boulangers ont mis les clés sous le paillasson, alors que d'autres continuent leur activité par milles acrobaties, dont le recours à la tricherie, sur le poids de la baguette de pain notamment, implicitement reconnue par les représentants des professionnels, qui se répercutent sur la qualité du pain, et d'autres crochets de fabrications de brioches, de croissants et pains « améliorés ». En réalité, le prix officiel de la baguette de pain n'est pas respecté, car il est passé de 8,5 dinars à 10 dinars, sans que personne ne trouve à redire. Il est vrai que la petite monnaie (0,50, 1 et 2 dinars) n'a plus cours dans les transactions sur le marché, rendant quasi impossible l'application de ce prix officiel, mais ne fallait-il pas actualiser la règlementation et fixer le prix de la baguette de pain à 10 dinars au lieu de garder l'inapplicabilité et l'inadéquation de la loi en vigueur ? Le fait que les algériens soient de gros consommateurs de pain, mais également grands gaspilleurs de cette denrée alimentaire, qui finit en quantités énormes dans les poubelles, devrait donner à penser aux pouvoirs publics pour sortir de ce conflit larvée avec les boulangers. Ou les boulangers devraient-ils prendre leur mal en patience jusqu'à l'application de ces nouveaux mécanismes sociaux, annoncées, qui viseraient à lever les subventions au prix d'une manière générale ?