L'on apprend qu'un étudiant algérien coûte à l'Etat une moyenne de trente millions de centimes par année universitaire. Il est donc aisé de faire le compte pour se faire une idée sur le coût excessif supporté par l'Etat pour former ceux qui sont censés être les cadres de demain. Mais six décennies après la reprise en main de notre destin national, quel bilan tirer de la formation de pelotons entiers d'universitaires à l'aune de l'état actuel du développement du pays ? Constat amer: le pays est toujours à l'étape du choix cornélien s'il faut développer la Faculté, ou faire dans la promotion en mode veille de la faculté de développement. Sinon, quelle valeur accorder au diplôme algérien, lorsque nos universités ferment la marche du top thousand des académies mondiales ? Et même si l'on sait que ce n'est pas dans les universités que se fait la révolution, force est de reconnaître que le savoir, dans les campus algériens, est depuis longtemps en congé prolongé pour les uns, «forcé» pour les autres. Comment voulons-nous que nos meilleures idées ne viennent pas d'ailleurs, quand le savoir et la connaissance, en tant que valeurs fondatrices de tout développement humain, n'ont plus cours sur le marché de dupes qu'est devenue l'université algérienne ? L'université n'étant pas seulement une usine à diplômes au rabais, quelle est la part de ces lieux du savoir dans la stratégie nationale de développement ? Combien paie-t-on ceux qui sont chargés de penser pour nous ? Qui aujourd'hui se soucie de la recherche en Algérie ? Et puis chercher quoi, qui, comment, pourquoi, dans un pays où tous les robinets coulent à flots ? L'on sait qu'il existe plus de mille laboratoires dans nos universités, mais avec pratiquement zéro résultat. Comme cela se fait ailleurs, la recherche scientifique, fondamentale ou appliquée, doit se faire à la demande des secteurs économiques utilisateurs qui doivent être les premiers à financer le progrès avant de goûter à ses fruits.