Le jeu, dit l'Argentin Julio Cortazar, est quelque chose de très sérieux. Cela suppose qu'il y a un gagnant et un perdant. On ne joue jamais sans risques. Le jeu, c'est une aventure, un pari, une folie. Et si l'on ne prend pas l'initiative de tenter notre chance, on tournera en rond et on finira à la marge du temps. Jouer, c'est rêver. Et rêver, c'est vivre. Quiconque s'apprête à une nouvelle aventure doit d'abord rêver, parce que, sans rêves, on est condamné d'avance à l'échec. L'échec, c'est la mort des rêves, le fatalisme et la bigoterie. Le seul refuge qui nous restera alors, c'est le dogmatisme et le refus d'espoir. Or, refuser l'espoir n'a pour seul équivalent que la rue de l'impasse. Cette rue où s'arrête la vie, où s'éteint la lumière, où agonisent les vœux et les souhaits les plus chers. La rue de l'impasse c'est, somme toute, le couloir du désespoir où l'on ne pense qu'à une seule chose : survivre. Comme dans une jungle. Quand les joueurs aux dominos se rendent compte qu'aucun d'eux ne peut avancer dans le jeu, ils disent : « le jeu est bloqué ». Plus aucune possibilité n'est offerte aux parties en jeu d'avancer. C'est la fin du jeu, et par ricochet, la fin du rêve. Il faut, en conséquence, tout redémarrer comme lorsqu'un ordinateur ne peut plus fonctionner ou s'arrête à l'improviste. Redémarrer, oui, pour un autre jeu, une nouvelle aventure, un autre rêve... et c'est bien comme ça! Très bien même ! Pour espérer Vivre ! Ce qui est valable pour les individus, le sera bien entendu pour toutes autres choses !