L'heure est à la réhabilitation. Le Premier ministre, Aïmene Ben Abderrahmane a affirmé, avant-hier, que sur instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, il a été décidé de lever, de manière «définitive», le gel des promotions dans la Fonction publique. Ce qui permettra, à 280.000 fonctionnaires remplissant les conditions d'ancienneté, d'en bénéficier, selon le Chef du gouvernement. Dans ses réponses aux interrogations des députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) sur la Déclaration de politique générale du gouvernement, le Premier ministre a expliqué que cette opération à laquelle un budget de 29,6 milliards de dinars a été alloué, se fera progressivement sur trois ans (2023, 2024, 2025), à raison de 100.000 promotions par an. En précisant que le retour au processus ordinaire des promotions dans la Fonction publique «se fera à l'horizon 2026, en fonction des plans des ressources humaines». Le Premier Ministre a même présenté des excuses publiquement aux fonctionnaires de la Fonction publique précisant que le gel des promotions a été décidé en 2014 pour assurer un équilibre budgétaire à cause de l'austérité à l'époque. Le président de la République a donné des instructions pour mettre fin «définitivement à cette situation aujourd'hui». Il dira: «nous nous excusons auprès de nos fonctionnaires qui ont été privés de promotion durant 10 ans». Et de rassurer que tous les fonctionnaires concernés bénéficieront de promotion. Certains syndicats que nous avons contactés hier ont exprimé leur satisfecit précisant que cette réhabilitation tant attendue, après pratiquement 9 ans de gel, va permettre ainsi à un nombre important de fonctionnaires, dans les entreprises et administrations publiques, un accès à des catégories supérieures. Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'Education et de la Formation (SATEF), a affirmé que ce dégel définitif est le bienvenu. Précisant qu'il n'est pas du tout normal que dans certaines entreprises publiques, la promotion de carrière est assurée et d'autres non. Et de souligner qu'il est vrai que dans le secteur de l'Education la promotion est déjà en marche. « Nous avons déjà des promotions aux grades supérieurs de professeur principal et de professeur formateur, inspecteur, ainsi que des promotions dans des postes administratifs. Mais, le nombre des fonctionnaires promus est parfois insuffisant vu le nombre de fonctionnaires, dans certaines wilayas du pays. Il y a des corps dans le secteur qui n'ont même pas le droit à la promotion de carrière selon leur statut », dit notre interlocuteur. Et de souligner que « les corps communs et les ouvriers professionnels du secteur sont la catégorie la plus lésée », appelant le gouvernement à se pencher sur leur situation afin de leur assurer un accès aux catégories supérieures, ce qui leur permettra d'améliorer leur salaire, qui est « dérisoire », dit-il. Le même syndicaliste affirme que cette annonce est bénéfique mais elle est loin de répondre à un souci majeur, celui de l'amélioration du pouvoir d'achat. Il appelle ainsi le Premier ministre et le gouvernement « à revoir la politique salariale des fonctionnaires pour assurer la préservation du pouvoir d'achat des fonctionnaires». Le président du Syndicat national autonome des auxiliaires médicaux en anesthésie-réanimation de santé publique (SNAAMARSP), Bendali Mohamed Amine, a affirmé que ce dégel permettra la réhabilitation des fonctionnaires de différents secteurs et différentes entreprises publiques, dans leur droit à la promotion. Précisant que les fonctionnaires du secteur de la Santé ont eu le privilège d'accéder à la promotion, suite à une décision émanant du président de la République, durant la période du Covid. Plusieurs corps du secteur, médecins, paramédicaux, sages-femmes, anesthésistes, dentistes et agents administratifs et techniques ont été concernés par un avancement de grade depuis 2021.