Le Pr Mohamed Cherif Belmihoub, ancien ministre de la Prospective et membre de la fondation Filaha Innove (GRFI), a affirmé que la réforme institutionnelle engagée par les pouvoirs publics pour booster les investissements a atteint un niveau optimal. En précisant que « nous avons aujourd'hui des lois et des textes réglementaires qui peuvent bien répondre à toutes les préoccupations des investisseurs ». Il a estimé, cependant, nécessaire d'aller vers le deuxième volet de la réforme, pour justement, renforcer la corrélation entre le climat des investissements et leur croissance ». Intervenant, lors de la tenue de la 3e édition du AIC (Algeria Investment Conférence) qui a eu lieu les 18 et 19 décembre, à Alger, l'ex-ministre, a qualifié les deux volets du cadre national des investissements (infrastructures et cadre institutionnel) de positifs au profit des investissements et des investisseurs. Il a précisé que l'Algérie s'est dotée au cours de ces dernières années d'une puissante infrastructure dans tous les domaines et dans l'ensemble des territoires. En citant les infrastructures portuaires et de transport. En ce qui concerne l'énergie en particulier, il affirme « nous sommes le pays le mieux équipé en fourniture énergétique ». Et de souligner que « les territoires ont été réhabilités ». M. Belmihoub atteste que «la réforme sur le plan institutionnel a atteint son niveau optimal». Et que le climat des affaires s'est beaucoup amélioré, mais, dit-il, il faut aujourd'hui, passer à autre chose, car « le climat des investissements est devenu un bien public ». Il regrette, par ailleurs, le fait qu'après plus de 20 ans de pratiques de climat des investissements « on ne trouve pas une corrélation parfaite entre celui-ci et la croissance des investissements ». Le Pr relativise en soulignant que cette corrélation existe mais « elle n'est pas assez forte » vu les potentialités dont dispose l'Algérie. Pour lui, il faut justement, explorer, le deuxième volet des réformes que nous devons reprendre ». Il recommande d'aller au fond des choses et de regarder de plus près pour savoir « pourquoi, et malgré ce climat d'investissement assez attractif, avec des incitations assez importantes, surtout sur le plan fiscal, l'investissement est là, mais pas suffisamment si on prend on compte les potentialités qui sont énormes ». Il a ainsi plaidé pour la poursuite des efforts visant à accroître l'attractivité de l'Algérie en termes d'investissements, à travers la réindustrialisation du pays, et surtout stimuler la productivité et l'innovation pour faire augmenter l'utilisation des capacités de production. Pour M. Belmihoub, l'on a peut-être négligé pour les dernières années, l'investissement sur la productivité et l'innovation. En précisant « nous sommes encore dans une culture de stock « on est encore dans une posture de stocker plutôt que celle de flux, ce qui nous pose des problèmes ». Autrement dit « on possède quelque chose et on veut le garder longtemps. Cet état de fait nous pose un problème en matière de développement d'un capital ». Autrement dit, « nous sommes encore dans une culture de possession et de rigidité et quand on a quelque chose on préfère le garder comme patrimoine et non pas comme capital ». Selon lui, « nous devons dans ce sens œuvrer davantage pour inverser la donne, afin de transformer ce patrimoine en capital ». Un autre élément, dit-il, qu'il faudrait aussi revoir, c'est le taux d'utilisation de nos capacités de production. «Si on se réfère aux publications de l'Office national des statistiques, l'ONS, de 2012 à 2022, le taux d'utilisation des capacités installées reste très faible, à l'exception de certaines filières qui utilisent pleinement leurs capacités de production». Et d'évoquer le problème de la crainte ou l'appréhension du risque chez certains investisseurs qu'il faut absolument surmonter, en soulignant que « l'investissement sans risque n'existe pas ».