Les habitants de la coopérative ‘'Front de mer'' et ceux de la cité El-Manar, dénoncent avec vigueur ce qu'ils appellent le détournement d'un terrain de sa vocation initiale. Le terrain en question est retenu comme espace vert par la commune de Mostaganem, suivant délibération n°27 datant de juin 2009. En effet, le terrain en question vient d'être affecté à l'insu des riverains pour servir d'assiette à un projet de 30 logements ‘'LSP'', à un promoteur privé, qui a immédiatement mis le paquet en mettant les moyens humains et matériels pour détruire un espace vert entretenu par les habitants depuis des années. En dépit de l'importance avérée des espaces verts pour donner aux villes cette touche esthétique qui influe positivement sur le psychisme du citoyen et le maintien de l'équilibre écologique et climatique, cette notion de consécration d'aires végétales, au niveau des cités et des centres urbains, continue d'être reléguée au dernier plan par nos responsables. Selon la lettre adressée au wali de Mostaganem, le collectif des habitants met en exergue dans le but d'une meilleure compréhension l'historique du terrain, sa nature et son affectation. La commune de Mostaganem avait attribué au collectif de médecins composant la coopérative de Front de mer (UMA), un terrain de 4 hectares (40.000M2), qui servait jadis aux dépôts d'ordures et autres détritus. Après une opération de nettoyage de grande envergure, engagée par les propres moyens des bénéficiaires et une étude technique du terrain, les travaux de terrassement et de viabilisation ont été confiés à l'EDCO pour le montant de 10 millions de dinars (1milliard de centimes) payés rubis sur ongle par le collectif des médecins. L'AFMOS a été déboutée par la justice qui a ordonné la restitution du terrain à la coopérative en 1997. Aussi, les normes de construction ont été scrupuleusement respectées, puisque il a été tenu compte des 30 mètres qui devaient séparer la construction et le mur d'enceinte du lycée technique de la Salamandre, au motif invoqué par l'administration, que cette parcelle était réservée au passage des conduites de gaz de haute pression, donc inconstructible, mais peu de temps après, ce projet (conduites de gaz) est tombé à l'eau, ce qui a permis aux habitants de récupérer cette parcelle pour en faire un espace vert conformément à la délibération suscitée. N'empêche qu'en mars 1997, l'agence foncière (AFMOS) avait tenté de reprendre la parcelle de terrain en portant l'affaire devant la justice. Après expertise décidée par le tribunal, l'instance judicaire a débouté l'AFMOS, en ordonnant la restitution du terrain à la coopérative des médecins. Et depuis le terrain a été entretenu plus de 10 ans par les riverains comme espace vert et aire de jeux pour enfants, reprenant sa vocation première conformément à la délibération de l'APC de Mostaganem n° 27 datée de juin 2009. Aujourd'hui, les habitants dénoncent les décisions irréfléchies de l'administration, pour avoir affecté le terrain en question à un promoteur privé pour y réaliser 30 logements sociaux locatifs (LSP), en violation de toutes les lois, selon les auteurs de la lettre, comme ils dénoncent le comportement de ce promoteur, narguant les riverains en affichant une arrogance indescriptible. Selon toujours les auteurs de la lettre, la cité abrite plus de 100 familles, ce chiffre sera quadruplé dans quelques mois avec la construction des deux tours en cours de réalisation. Les informations sur le POS sont-elles frappées du sceau de la confidentialité ? Aucune information ne nous a été communiquée par la direction communale de l'urbanisme, malgré notre insistance. La construction sur cet espace aura pour conséquences des répercussions négatives sur l'environnement et confinera les habitants dans un espace morose, stressant notamment pour les enfants.- Contacté par la rédaction, le président de l'APC de Mostaganem nous affirmé que le permis de construire concernant ce projet n'a pas été délivré par ses services, mais par la wilaya du fait que le projet fait partie ‘'des constructions et installations à réaliser pour le compte de l'Etat, de la wilaya et des établissements publics'', qui relèvent des attributions de la wilaya. A la question si le terrain objet du litige était bel bien retenu comme espace vert par la commune, le maire nous a orienté vers le plan d'occupation des sols (POS) et pour ce, il nous a invité à prendre attache avec la direction communale de l'Urbanisme pour y voir plus clair. Le lendemain, nous nous sommes déplacés à la direction concernée, où nous avons été reçus par un ingénieur de l'urbanisme, chef de service, lequel a bien voulu nous accorder un entretien qui n'a finalement duré que quelques minutes, puisqu'aucune information ne nous a été donnée. En effet, nous lui avons fait part du motif de notre présence, celui-ci nous accueillit à bras ouvert en nous lançant : « Nous mettrons tout ce que vous voulez à votre disposition et vous donnons toutes les informations utiles », avant de nous quitter quelques minutes. A son retour un retournement de situation, le jeune chef de service nous informa qu'après avoir consulté ses responsables, ces derniers l'auraient informé qu'il n'y a eu aucune demande en ce qui concerne les informations sollicitées et que personne ne les a contactés, avant de nous conseiller d'aller voir le secrétaire général dont le bureau est au siège central». Sur ce nous avons quitté les lieux illico-presto. Nous ne savions pas que l'information demandée était frappée de confidentialité. Les dispositions contenues dans l'article 16 de la loi n°7 du 13 mai 2007, ont-elles fait l'objet d'une violation ? Bref, l'essentiel était pour nous d'éclairer l'opinion publique en ayant toutes les versions possibles, et le concours de la direction de l'urbanisme aurait été d'un apport considérable pour apporter certains éclairages sur l'affectation du terrain objet du litige et mettre ainsi fin à une polémique qui peut-être n'aurait pas lieu d'être. Sachant par ailleurs que la loi n°07 du 13 mai 2007, notamment son article 16 stipule : « Toutes demande de permis de construire est refusée si le maintien des espaces verts n'est pas assuré, ou si la réalisation du projet entraîne la destruction du couvert végétal ». « Nous sommes malheureusement devant un cas avéré », selon les riverains. Cette loi qui est venue définir les règles de gestion, de protection et de l'amélioration du cadre de vie urbain, n'est toujours pas parvenue à ressusciter « dame nature » au niveau des cités rongées par l'avancée du béton. C'est pourquoi, le collectif des habitants de la coopérative ‘'front de mer'', connue surtout sous le nom de coopérative des médecins, du fait que ses adhérents sont tous des praticiens du secteur de la santé, interpellent aujourd'hui le chef de l'exécutif de la wilaya sur les dépassements caractérisés commis par certains acteurs au sein de l'administration, ainsi que les comportements hostiles dont ils font l'objet, et l'invitent à visiter les lieux pour avoir une meilleure vision de choses, afin de sensibiliser les pouvoirs publics sur la nécessité de préserver ces espaces qui demeurent le parent pauvre des promoteurs immobiliers préoccupés par l'espace réservé au béton qu'à l'esthétique.