Depuis jeudi dernier, soit le 23 août, Djenatu al-Arif de Mostaganem rayonne avec la présence de l'un des plus grands spécialistes mondiaux de l'opuntia ficus-indica, notre si commun figuier de Barbarie. Le professeur Abderrahmane Aït Hammou est prêt à vider son sac jusqu'au 30 de ce mois au profit d'un pays où il se considère comme chez lui. C'est en présence de M. Houari Mohamed Amine, chef de cabinet de M. le wali de Mostaganem, et de MM le procureur général et le chef de sureté de wilaya, que fut donné le coup d'envoi de cet important séminaire, par M. Khaled Bentounès, Cheikh de la zaouia Alaouia, qui n'a pas manqué de saluer l'assistance et de présenter les opportunités du figuier de Barbarie. Outre le professeur Mokhbi Abdelouahab, l'université de Mostaganem était représentée par des étudiants en master dont certains en biologie. De Suisse, d'Angleterre et de France, des jeunes et des vieux sont revenus user leurs fonds de culottes chez le professeur Aït Hammou afin de véhiculer ses sciences, son savoir et ses connaissances aux fins fonds du monde où l'humanité a tant besoin d'eux. Ils sont professeurs de mathématiques, étudiants, ingénieurs, retraités, femmes au foyer... et comme l'a dit Cheikh Khaled Bentounès « tous imprégnés d'humanisme » et ont répondu présents sans hésiter. Une jeune agronome algérienne, maîtrisant parfaitement la production végétale et spécialiste de la culture in-vitro, cette technologie de pointe, était parmi l'assistance et le comble c'est qu'elle est au chômage. La présence chef et de la secrétaire des Scouts Musulmans de France n'est pas passée inaperçue. Fin pédagogue, le professeur Aït Hammou n'est pas allé chercher loin. « Il faut guider, accompagner et stimuler le fellah, a-t-il appuyé. » Et à l'aide de schémas, d'images, de photographies et d'une baguette qu'il essayait de véhiculer ses idées. « Faire simple et efficace, précise-t-il, déposant "le machin à laser" qui le gênait. », appuyant ainsi sa théorie du terre-à-terre. Un Maghrébin qui connait la mentalité des siens et que le Maroc, la Tunisie et d'autres pays ont sollicité et sollicitent encore. Souk Ahras, dans l'est algérien, vient juste de découvrir ces derniers mois l'éminent spécialiste. Source de revenus conséquents, le modeste figuier de Barbarie qui sert encore à clôturer les enclos et les vergers, devrait redevenir à sa place légendaire qui lui était dévolue durant les années de grandes disettes en Afrique du nord et dont la dernière ne date que des années 1930 et 1940. Fruits frais et séchés, huile de pépins, poudre des raquettes, fleurs séchées, intrant dans les aliments pour bétail et également aliment de base, confitures diverses, recettes gastronomiques dont des sorbets font l'objet de curiosité au séminaire. Il n'est nul domaine que n'est conquiert l'opuntia ficus- indica, c'est le nom scientifique de notre karmous nsara, hendi ou tchimbo, une espèce de la grande famille des cactaceae. Tous les produits et dérivés de cette plante bénie trônaient près des ouailles qui eurent droit à la cuillerée de confiture des mains expertes de Sofia Bentounès, et seulement un coup d'œil aux tortillas et aux raquettes conservées en filets dans des bocaux en verre. L'activité pharmaceutique comme la parapharmaceutique avec tout ce qu'elles engendrent comme métiers, l'agroalimentaire, la cosmétique sont encore des champs fertiles pour cette plante épineuse qui a donne pour devise au séminaire « la figue de Barbarie ; rien ne se perd, tout se transforme ». Le figuier de Barbarie n'a pas besoin de grands soins ni de terrains fertiles, il a besoin d'intérêt, de considération et de sueur. Si le Maroc a investi des milliards pour conquérir des terrains jadis inutiles et si la Tunisie pose déjà des conditions draconiennes quant à la qualité du produit, pays en avance dans la conquête de marchés et d'emplois, l'absence criarde des responsables de l'agriculture algérienne à tous les niveaux ne passe pas inaperçue quand on sait que le séminaire est une opportunité pour développer une culture qui, surement n'accaparera que la main d'œuvre pauvre et démunie dans des zones jusque là improductive et où les citoyen « nait et meurt nécessiteux ». Durant la première journée de ce séminaire, le figuier de Barbarie a été passé en revue avec ses différentes techniques de culture, il a été traité durant la deuxième journée, hier vendredi, de valorisation fruitière et durant les journées suivantes, il sera question de valorisation fourragère, d'organisation de travail et d'intégration du cactus, de pratique avec démonstration sur le terrain et enfin de questions générales avant l'évaluation et la clôture. Si le séminaire se déroule dans de bonnes conditions, c'est grâce à sa cheville ouvrière Mourad Kalim Bentounes et son équipe dont le pharmacien Hassane Saïdane et le secrétaire général de la fondation Djenatu al-Arif, le docteur Mimouni Abderrahmane, qui fut l'objet de vibrants applaudissements de la part des participants. Enfin, chose qui étonnera le directeur de Réflexion, sa rédaction et ses lecteurs, c'est que le professeur Aït Hammou Abderrahmane de sa Kalaât Seraghna non loin de Marakech a trouvé du plaisir à lire la rubrique « Quand les vieux s'en mêlent » durant ce dernier mois de ramadan et s'est même autorisé à copier et coller sur sa page quelqu'histoire vraie.